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L’amour et le piège de la promiscuité sexuelle

Cette recherche constante du plaisir et de la distraction est-elle vraiment saine pour l'être humain?
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Avant de mettre à nu notre corps, nous devrions être capable de mettre notre âme à nu.
martin-dm via Getty Images
Avant de mettre à nu notre corps, nous devrions être capable de mettre notre âme à nu.

Un grand nombre de personnes n'ont pas du tout conscience que nous vivons présentement sous une forme de dictature. Nous ne le voyons pas, car cette dictature ne ressemble pas à la vision de George Orwell avec son «Big brother» et son régime oppressant. Nous vivons plutôt dans le monde d'Aldous Huxley, dans ce Meilleur des mondes où la population est noyée dans les plaisirs et distractions de toutes sortes incluant l'utilisation d'une drogue appelée soma.

Oui, nous vivons bel et bien dans une société hédoniste où les dépendances se multiplient à coup de jeux vidéos, d'appareils électroniques de toutes sortes, de pornographie, d'antidépresseurs, et j'en passe. Comme dans Le meilleur des mondes, nous vivons également dans un monde de grande promiscuité sexuelle. Comme dans la fable où la grenouille qui ne réalise pas que la température de l'eau augmente très lentement jusqu'à le faire cuire, nous ne réalisons pas que nous sommes graduellement étouffés par notre recherche du plaisir et de la distraction.

C'est Neil Postman qui, en 1984, a été l'un des premiers à lever le drapeau rouge concernant l'emprise que l'industrie du divertissement a sur la société moderne.

Lors d'un discours présenté au Salon du livre de Francfort s'intitulant Amusing Ourselves to Death (Se distraire à en mourir), il s'inquiète des différents risques que cette emprise représente. Trente-cinq ans plus tard, son discours n'a pas pris une seule ride et est applicable plus que jamais.

Il n'y a pas de mal à se faire du bien?

Ce n'est pas un secret, nous vivons dans une société de surconsommation. Tout est à vendre, tout est à utiliser et jeter. Le bonheur est dans la consommation et dans la recherche du plaisir sous toutes ses formes. Notre nouvelle religion, c'est l'hédonisme. Et nous chantons tous en cœur «il n'y a pas de mal à se faire du bien». Mais est-ce vraiment le cas? Cette recherche constante du plaisir et de la distraction est-elle vraiment saine pour l'être humain?

La sexualité est une partie naturelle de la condition humaine et c'est de cette façon qu'elle devrait, à mon humble avis, être considérée. En fait, la sexualité, c'est comme n'importe quoi d'autre: ce n'est ni bon ni mauvais en soi.

La sexualité peut être un acte de connexion profonde extraordinaire qui intensifie l'intimité émotionnelle entre deux êtres ou être un acte complètement dénué de toute humanité. Bref, ce qui fait toute la différence, c'est l'intention qu'il y a derrière.

Malheureusement, nous ne vivons pas dans une culture qui approche la sexualité de façon saine et éclairée. Encore une fois, tout est à vendre, tout est à utiliser, puis à jeter. Le sexe vend et il est partout! La sexualité est objectivée et déshumanisée. Et nous sommes tous nés dans cette culture du plaisir et du divertissement.

Nous avons tous grandi avec ces images de consommation et de divertissement étroitement reliées à la sexualité. Ces images, que nous le voulions ou pas, sont imprégnées dans notre inconscient et affectent notre vie amoureuse, très rarement pour le meilleur et trop souvent pour le pire.

Le piège de la promiscuité sexuelle

Tel que mentionné précédemment, le sexe, ce n'est ni bon ni mauvais en soi. C'est l'intention qui est derrière qui fait toute la différence. Nous pouvons cumuler les conquêtes sexuelles pour nous rassurer sur notre valeur, une forme de validation extérieure pour prouver qu'on est un vrai homme ou une vraie femme, pour prouver qu'on est cool ou qu'on n'est pas coincé, pour se divertir et engourdir son ennui, pour tenter de combler un vide intérieur ou pour échapper à notre triste réalité.

On peut même déguiser notre sexualité en pratique spirituelle, si le cœur nous en dit, nous sommes en 2019 après tout. Faites votre choix, il y en a pour tous les goûts. Et juste au cas où il y en a encore qui ne sont pas au courant, le consentement mutuel est absolument essentiel, peu importe vos intentions.

Le hic avec toutes ces échappatoires sexuelles est qu'ils nous font passer à côté de la chose la plus importante pour l'être humain: l'amour. Oui, la sexualité fait partie de l'amour, mais le sexe n'est pas de l'amour. La connexion sexuelle ne peut pas remplacer la connexion émotionnelle.

Et c'est ça, le piège de la promiscuité sexuelle: nous nous racontons des histoires en croyant qu'avoir une vie sexuelle active signifie que nous avons une vie amoureuse.

La chose la plus importante pour tout être humain, c'est la connexion émotionnelle. C'est le désir d'être vu et entendu. C'est le besoin d'être accepté et de se sentir aimé et apprécié pour qui nous sommes réellement. La seule façon de pouvoir trouver ce niveau d'acceptation chez quelqu'un d'autre est de d'abord être capable de le trouver en soi-même. La seule façon de pouvoir vivre ce niveau de connexion émotionnelle avec quelqu'un d'autre est d'être capable de vivre ce niveau d'intimité émotionnelle avec soi-même.

La sexualité peut être une chose absolument merveilleuse si nous pouvons la vivre avec une personne avec qui nous pouvons nous sentir suffisamment en confiance pour être totalement vulnérable avec elle.

Avant de mettre à nu notre corps, nous devrions être capable de mettre notre âme à nu.

Notre manque de connexion émotionnelle avec nous-mêmes crée une très douloureuse sensation de vide intérieur. Bien que la promiscuité sexuelle peut temporairement apporter un soulagement à ce vide intérieur, l'effet passera de plus en plus rapidement et, comme pour n'importe quel type de dépendance, il se développera une accoutumance et un besoin de plus en plus grand et de plus en plus fréquent.

La sexualité peut être une chose absolument merveilleuse si nous l'utilisons pour approfondir notre connexion émotionnelle avec l'autre. Mais si nous l'utilisons pour gérer nos émotions, fuir notre réalité ou combler notre vide intérieur, nous le déshumanisons et nous enlisons dans une poursuite sans issue.

Rien ni personne à l'extérieur de nous ne peut combler notre vide intérieur. Seule une reconnexion profonde à nous-mêmes peut résoudre ce problème.

C'est en s'acceptant soi-même et en devenant intime avec toutes nos émotions que nous pouvons développer l'intimité émotionnelle avec quelqu'un d'autre et connaître l'amour véritable.

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