Ce qui se cache vraiment derrière les “continents de plastiques” de nos océans

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Ce qui se cache vraiment derrière les “continents de plastiques” de nos océans

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Dans cinq zones de pleine mer se concentrent près de 200 000 tonnes de déchets, le plus souvent dégradés en petites particules
Dans cinq zones de pleine mer se concentrent près de 200 000 tonnes de déchets, le plus souvent dégradés en petites particules
© Radio France - Julien Mougnon

Découvertes dans les années 2000, les "soupes" de plastiques, appelées abusivement "continents", polluent nos océans. Il ne s'agit pas d'îlots composés de détritus mais de cinq zones de pleine mer dans lesquelles se concentrent près de 200 000 tonnes de déchets, le plus souvent dégradés en petites particules.

C’est un signe supplémentaire de l’état dramatique de nos océans. Lundi 18 mars, une baleine est morte de faim, retrouvée aux Philippines avec plus de 40 kg de déchets en plastiques dans l’estomac : sacs de courses, emballages de riz. Le pays est d’ailleurs souvent pointé du doigt pour son usage généralisé de produits en plastique jetables tandis que le Pacifique nord est quant à lui l’océan le plus pollué de la planète.  

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Il existe en effet cinq zones d’accumulation de plastiques sur la planète. Ces “gyres”, comme les appellent les spécialistes, sont des vortex entraînés par la force de Coriolis et les courants de surface. C’est au niveau de ces tourbillons marins que s’accumulent des quantités pharaoniques de déchets plastiques, plus de 200 000 tonnes. 

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Un “continent invisible” ?

Toutefois, il ne faut pas imaginer une véritable étendue, une île de plastique qui masquerait complètement l’eau. C’est bien pour ça que les scientifiques préfèrent l’expression “soupe de plastique”. Certes, il y a bien des morceaux importants de plastiques mais ils sont très éparpillés, difficiles à récupérer.

Visuellement, cela ressemble à ça:

Le "continent de plastique" ressemble plutôt à une soupe de plastique
Le "continent de plastique" ressemble plutôt à une soupe de plastique
© Getty - Jonathan Alcorn

Ce plastique, lorsqu’il voyage dans l’océan, se photo-dégrade et se décompose : ce que l’on trouve dans ces gyres océaniques, c’est essentiellement des micro-particules” explique Patrick Deixonne, fondateur de l’expédition du “septième continent”, dans une interview à franceinfo. Les gros morceaux c’est, dit-il, “la partie émergée de l’iceberg”. 

© AFP -

Ainsi, le plus grand “gyre” se situe dans le Pacifique nord et représenterait une surface grande comme “trois fois la France” de morceaux de plastiques. On note aussi une concentration massive dans le Pacifique sud, l’Atlantique nord et sud et l’océan Indien. Quand à la mer Méditerranée, elle présente une concentration aussi importante qu’un gyre, souligne la rubrique CheckNews de Libération.  

Pour rendre compte de la situation, à l’été 2018, des journalistes du quotidien Le Monde ont embarqué à bord de la goélette scientifique Tara pour observer cette “grande poubelle du Pacifique”, le Great Pacific Garbage Patch. “On trouve également des fibres, des filaments, du film et du polystyrène…” constate l’une des membres de l’équipage.

Une fois que l'on aura tué l'océan, on ne pourra plus faire machine arrière.

Ce sont ces petites particules que les oiseaux et poissons avalent principalement. “Ce plastique se retrouve dans la chair du poisson et contamine la chaîne alimentaire avec l’Homme au bout” poursuit-il, expliquant aussi que les océans “se chargent avec les polluants organiques et persistants, les métaux lourds” contenus dans les plastiques. Selon certaines prévisions, d’ici 30 ans, la quasi totalité des oiseaux se retrouveront à ingérer du plastique. “C'est un vrai drame écologique, il faut stopper tout ça. Une fois que l'on aura tué l'océan, on ne pourra plus faire machine arrière” alerte Patrick Deixonne. 

Que peut-on faire ?

Il y a par exemple le projet fou de Boyan Slat, fondateur et patron de Ocean Cleanup, une ONG néerlandaise qui se donne l’objectif de vider la moitié de “la grande zone d’ordures du Pacifique” d’ici cinq ans. Après cinq années de préparations et de tests, un navire s’est élancé en septembre pour un essai de nettoyage. Le bateau en question tire un équipement de 600 mètres de long conçu pour rassembler le plastique qui flotte à la surface des océans et jusqu’à trois mètres de profondeur. 

Mais selon de nombreuses associations, ce n’est pas suffisant et les “vraies solutions” sont sur terre : réduction des déchets, limiter l’usage du plastique, augmentation du tri et du recyclage. En France, la réduction des déchets plastiques est en marche avec l’interdiction des produits plastiques à usage unique. Les pailles, gobelets, couverts en plastique ou cotons-tiges sont aussi dans le collimateur de Bruxelles.  

© AFP

France Inter et Konbini disent non au plastique. Le mercredi 27 mars, les deux médias proposent une journée spéciale #LePlastiqueNonMerci. Pour dresser un état des lieux de la pollution au plastique et regarder de près les initiatives prises en France et dans le monde pour s’en passer. Comment combattre cette pollution, quelles sont les alternatives, de quelles initiatives faut-il s'inspirer ?

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