Tampons, serviettes hygiéniques, cup : des alternatives saines et "made in France"

© LOIC VENANCE / AFP
  • Copié
Anaïs Huet
Alors que de nombreuses femmes s'inquiètent de la composition de leurs protections hygiéniques, plusieurs marques françaises ont imaginé des alternatives bio aux tampons, serviettes et protège-slips.
LA FRANCE BOUGE

Du glyphosate, du lindane, du quintozène… Ces pesticides, dont certains sont interdits depuis une vingtaine d'années en Europe, sont toujours présents dans les tampons et serviettes hygiéniques. Selon un rapport de l'Anses, d'autres substances toxiques et cancérigènes, comme des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou des phtalates, figureraient dans la composition des protections périodiques féminines. Dans ce contexte alarmant, plusieurs entreprises françaises ont fait le pari de proposer aux femmes des alternatives bio et saines, comme Europe 1 l'a mis en avant dans La France bouge, mardi, avec les invités de Raphaëlle Duchemin et Elisabeth Assayag.

JHO, la gamme de protections hygiéniques bio

Des tampons, serviettes et protège-slips à la composition bio et complètement transparente, c'est ce que propose l'entreprise française JHO. "JHO, comme Juste et Honnête. 'Honnête', parce qu'enfin, on est transparent sur notre composition. 'Juste', parce que, pour chaque boîte achetée, on offre des produits à des femmes qui sont dans la précarité via notre ONG partenaire qui est Gynécologie sans frontières", indique Coline Mazeyrat, cofondatrice de la marque.

Avec son associée, Coline Mazeyrat s'est lancée dans l'aventure en 2017. "Le premier challenge était de trouver le fabriquant. Il y en a très peu qui font des produits sains en coton bio certifié", et qui ne sont pas blanchis au chlore, souligne-t-elle. Une fois le fournisseur trouvé, les deux entrepreneuses ont réfléchi à leur cible. "On a toujours gardé la cliente au centre de nos préoccupations. Toutes les femmes ont des choix différents de protection hygiénique, et on voulait que ça leur convienne", explique Coline Mazeyrat. Les clientes, qui commandent en ligne leurs box de protections hygiéniques, choisissent tout à la carte : niveau d’absorption en fonction du flux, des tampons avec ou sans applicateur, le nombre de boîte souhaité, etc. Chaque boîte est vendue à 5,90 euros.

>> De 13h à 14h, La France bouge avec Raphaëlle Duchemin sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

La commande est ensuite livrée à la maison. Les clientes peuvent acheter une boîte, ou souscrire à un abonnement. "On est parties sur un abonnement trimestriel. Car chaque cycle n'est pas forcément égal à une boîte. Ça permet d'avoir un peu plus de stock. Si les clientes se rendent compte que la boîte arrive trop tard, elles nous écrivent un mail et on envoie un peu plus tôt", précise la cofondatrice.

La gamme complète a été lancée en avril 2018. Près d'un an après, le bilan est plus que réjouissant pour les deux entrepreneuses. "Chaque mois, on a 50% d'abonnées en plus", souligne Coline Mazeyrat.

Réjeanne, des culottes de règles saines et jolies

C'est parce qu'elles en avaient assez de la "charge mentale" que produit l'achat de protections hygiéniques, chaque mois, que Wye Morter et son associée ont commencé à réfléchir à une alternative qui soit à la fois saine, non-traitée, et qui ne produise pas de déchets. Un autre argument est venu nourrir leur réflexion : "On n'a pas toujours le même flux pendant nos règles, et parfois, on a juste envie de porter une culotte, d'être confortable", soutient Wye Morter. 

C'est ainsi que Réjeanne a vu le jour. "Les prototypes ont été faits chez une amie architecte passionnée de couture. On a réfléchi à quelle matière était confortable, efficace pour absorber le sang (en fonction des flux légers, moyens ou abondants), et qui soit aussi anti-fuite. On voulait aussi que ces culottes soient jolies. Cette phase de R&D a duré un an." En janvier 2018, fortes de leurs recherches, Wye Morter et son associée ont breveté leur produit, qui se différencie de la concurrence. "On a notre propre assemblage, avec un minimum de couture à l'intérieur de la culotte. Et la culotte est aussi totalement invisible de l'extérieur", défend l'entrepreneuse.

Sur l'e-shop de la marque, les culottes sont vendues au minimum 30 euros l'unité. Malgré ce prix, qui peut sembler onéreux de prime abord, Wye Morter l'assure : "Ça permet de faire des économies. Les protections hygiéniques, cela coûte en moyenne 5.000 à 7.000 euros dans la vie d'une femme." Et ces culottes ont une durée de vie aussi longue qu'une culotte normale.

Téolab, la cup ergonomique

Thomas Rosset, président et cofondateur de Téolab, qui commercialise la cup Lunéale, l'avoue sans complexe : c'est par pur esprit entrepreneurial qu'il s'est lancé, voilà cinq ans, dans le marché de la cup, ou coupe menstruelle, alors en pleine expansion. Mais il a rapidement vu les effets positifs pour les femmes qui l'utilisent pendant leurs règles. "Elle est saine pour le corps, durable pour l'environnement, et économique", assure Thomas Rosset.

Il décrit : "La cup, c'est un petit récipient fabriqué en silicone ou en élastomère, que les femmes plient, insèrent dans le vagin, et qui va recueillir le flux. Il est ensuite vidé au fil de l'usage." La cup est lavable et réutilisable pendant cinq ans. La cup Lunéale a été conçue par un collège de "sages-femmes très militantes, d'utilisatrices, ainsi que d'un ergonome et un bureau de design." Ensemble, ils ont imaginé une cup qui n'aurait pas de tige (qui sert normalement à retirer la cup une fois pleine), car beaucoup d'utilisatrices se plaignaient de l'inconfort qu'elle générait. La cup a donc une forme originale, permettant un retrait facile.

"En 2014, quand on a démarré, la cup restait encore très confidentielle. Depuis, des études cliniques prouvent que neuf femmes sur dix qui ont essayé la cup pendant plus d'un cycle arrêtent les tampons et les serviettes", affirme Thomas Rosset, qui se réjouit d'avoir fait le bon pari. Ses produits sont aujourd'hui vendus en pharmacies.