Ces photographies extraordinaires dévoilent le monde caché des insectes

Avec ses portraits inhabituels, la photographe Jannicke Wiik-Nielsen nous donne à voir autrement les insectes et micro-organismes qui nous entourent.

De Catherine Zuckerman
Photographies de Jannicke Wiik-Nielsen
Des « yeux » expressifs et une bouche se dévoilent sur ce cliché agrandi d’un ver ...
Des « yeux » expressifs et une bouche se dévoilent sur ce cliché agrandi d’un ver à farine. Les vers à farine sont les larves des ténébrions meunier. Riches en protéines, ils sont couramment utilisés dans l’alimentation animale.
PHOTOGRAPHIE DE Jannicke Wiik-Nielsen

Un ver à farine qui se tortille dans la terre peut sembler banal. Mais si vos yeux pouvaient grossir cette larve de ténébrion meunier, sa tête vous apparaîtrait plus clairement. Vous remarqueriez alors des caractéristiques miniatures qui semblent si expressives, au point d’être tenté d’anthropomorphiser ce petit insecte.

C'est justement le domaine de la photographe Jannicke Wiik-Nielsen. Ses portraits d’insectes, de parasites, de bactéries et d’autres êtres vivants exceptionnellement petits font partie d’une série intitulée Hidden World (Le monde caché), qui transforme d’une certaine façon ces « bestioles », comme la photographe les surnomment, en de véritables personnages. Pour y parvenir, Jannicke Wiik-Nielsen a recours à la microscopie électronique à balayage, une technique qui permet d’obtenir des images haute-résolution grâce à l’utilisation d’électrons en lieu et place de photons.

« Les longueurs d’ondes des électrons sont bien plus courtes que celles des ondes lumineuses », explique la photographe. « Cela [permet] d’avoir une meilleure résolution qu’avec un microscope optique ordinaire. »

Avec la microscopie électronique à balayage, un faisceau d’électrons focalisé prend une image en haute résolution et en échelle de gris d’un spécimen en balayant sa surface. Ce balayage doit être réalisé dans une chambre à très haut vide en raison de la sensibilité du faisceau à la poussière et l’eau. Après avoir collecté un spécimen, Jannicke Wiik-Nielsen le place dans une solution qui aide à conserver sa structure. Elle le sèche ensuite minutieusement avant de le recouvrir d’une fine couche de métal. Cela permet au spécimen de rester intact pendant le processus d’imagerie, qui ne prend que quelques minutes. Une fois l’image prise, la photographe utilise Photoshop pour la coloriser.

« Selon la visée de la photo », dit-elle, les couleurs sont manipulées pour reproduire ce que la photographe peut voir à l’œil nu. Dans d’autres cas, « les couleurs peuvent être manipulées de façon artistique », ou bien laissées en noir et blanc.

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    C’est il y a six ans que la photographe a développé une passion pour la microscopie électronique. Chercheuse à l’Institut vétérinaire de Norvège, elle étudiait des œufs de poissons qui avaient été infectés par un champignon et une amibe, un micro-organisme à l’origine de la maladie des branchies chez les saumons d’élevage. Ses clichés de l’amibe ont attiré l’attention des biologistes et éleveurs en aquaculture de l’Institut « qui pouvaient enfin voir le parasite qu’ils essayaient d’éradiquer », dit-elle. Jannicke Wiik-Nielsen était fascinée par la capacité du microscope à grossir jusqu’à 200 000 fois les organismes et ce dernier est rapidement devenu son outil de recherche privilégié.

    Les parasites sont ses sujets favoris. Elle explique que même s’ils semblent répugnants aux yeux de nombreuses personnes, les vers ronds et les cestodes deviennent des êtres incroyables une fois grossis à l’aide d’un microscope électronique. Les clichés obtenus révèlent dans un détail extraordinaire les caractéristiques physiques des créatures, comme leur bouche ou leurs minuscules protubérances appelées microvillosités.

    Même les tiques, qui aspirent le sang et peuvent propager la maladie de Lyme, fascinent Jannicke Wiik-Nielsen. Elle a ainsi écrit une ode à une tique qu’elle avait trouvé puis photographiée : « J’étais répugnée lorsque tu as atterri sur mon épaule. Tu pensais que j’étais un cervidé qui pourrait te sauver la vie. Mais j’étais un humain qui pouvait te tuer. Maintenant, en voyant ta face, je ne ressens que du dégoût. »

    La photographe n’utilise pas seulement le microscope électronique pour saisir le portrait de spécimens à des fins de recherche. Avec l’autorisation de l’Institut, Jannicke s’en sert également pour photographier les insectes qu’elle trouve dans son jardin ou lorsqu’elle se promène dans la nature avec ses deux petites filles.

    « Nous trouvons des crustacés dans les eaux de marée, du pollen provenant des plantes et des arbres », poursuit-elle. « Notre imagination est notre seule limite ! »

     

    Jannicke Wiik-Nielsen est photographe, mais aussi chercheuse au sein du département de la protection sanitaire des poissons à l’Institut vétérinaire de Norvège. Ses micrographes électroniques ont déjà remporté plusieurs récompenses internationales et ont été exposés dans le monde entier. Elle travaille actuellement à la rédaction d’un livre sur l’importance des mirco-organismes avec le biologiste norvégien Dag O. Hessen.
    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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