Deux ans après sa fusion avec l’américain FMC, le parapétrolier français Technip voit partir son patron Thierry Pilenko. Il quittera l’entreprise avec 14 millions d’euros, une somme considérable alors que TechnipFMC vient d’enregistrer ses pires pertes. Pour Bruno le Maire, cette "prime" est inacceptable.

L’annonce de TechnipFMC fait grincer des dents à Bercy et au Medef. Le Président du groupe franco-américain TechnipFMC, Thierry Pilenko, va quitter l’entreprise le 1er mai prochain. À cette occasion, celui qui a fait les beaux jours de Technip, lorsque le parapétrolier était encore français, va toucher un paquet global de 14 millions d’euros. Cela sans compter un salaire de 2,5 millions d’euros au titre de l’exercice 2018 et la clôture d’un régime de retraite chapeau de 1,95 million d’euros.
S’étant saisi du sujet, le Haut Comité du gouvernement d’entreprise (HCGE), gardien du respect du code Afep-Medef sur la rémunération des hauts dirigeants, s’est déclaré incompétent. Dans un communiqué, il explique que "TechnipFMC, société de droit britannique, ne se réfère pas à ce code et, par conséquent, se situe hors de son domaine de compétence". En effet, le Français Technip a fusionné en janvier 2017 avec l’américain FMC. Thierry Pilenko en avait conservé la présidence mais le siège social de la nouvelle entité a été déplacé à Londres.
Prime à l’échec pour le Medef
Ce sujet hérisse le gouvernement, d’autant plus que l’État est actionnaire à hauteur de 5,5 % du groupe parapétrolier, via BPIFrance. L’annonce tombe mal alors que TechnipFMC vient d’enregistrer son pire résultat de son histoire en 2018 avec une perte de 1,9 milliard d’euros. "Quand on laisse des pertes derrière soi, on ne part pas avec des primes. C’est inacceptable, c’est intolérable", assure Bruno Le Maire.
De son côté, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a jugé "totalement inacceptable" le versement de ces fortes indemnités. Il explique que "si les faits décrits sont exacts, c’est une prime à l’échec". Pour la société de Conseil et d’analyse Proxinvest, qui avait déjà dénoncé les niveaux de rémunérations de dirigeants du groupe, "avec l’annonce des 15 millions d’euros de départ de Thierry Pilenko, la société de droit anglais TechnipFMC mérite d’être exclu du CAC40".
Entacher la réputation de tous
Contacté par l’AFP, TechnipFMC a justifié les émoluments de son futur ex-président, âgé de 61 ans, en évoquant une rémunération liée au travail accompli à la tête de Tecnhip depuis plusieurs années, et non une "prime de départ". L’indemnité versée "respecte les recommandations du code Afep-Medef", a-t-il insisté.
"Au-delà des codes, au-delà des règles, au-delà des décisions que nous prendrons, c’est à chaque chef d’entreprise de s’interroger sur son comportement, car le comportement d’un seul peut hélas entacher la réputation de tous", rétorque Bruno Le Maire. Cette nouvelle polémique sur la rémunération des grands patrons remet en cause l’efficacité du code Afep-Medef, instauré en 1995 et jugé trop peu contraignant.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin

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