Huit fois “non”. Mercredi soir, tentant de reprendre le contrôle sur la gestion du Brexit, les députés britanniques ont rejeté l’une après l’autre toutes les options destinées à trouver une solution alternative à l’accord de retrait de l’Union européenne négocié par la Première ministre Theresa May et déjà rejeté à deux reprises par le Parlement.

Parmi ces scénarios, qu’ils ont eux-mêmes proposés, figuraient une sortie sans accord, une union douanière avec l’UE ou encore une renonciation au Brexit dans le cas où aucun accord n’était approuvé par les députés. Deux de ces options, à savoir l’organisation d’un nouveau référendum et la création d’une union douanière, ont toutefois “recueilli davantage de soutiens que l’accord de May” lorsque celui-ci a été soumis une deuxième fois au vote du Parlement, le 12 mars, note le Daily Telegraph.

“Le plus grand geste que puisse avoir un dirigeant”

“Ces résultats ont été le point d’orgue d’une journée dramatique au cours de laquelle Theresa May a promis de se retirer si son accord était adopté”, rappelle le site d’information de la BBC. En s’engageant un peu plus tôt à démissionner, la dirigeante conservatrice avait décidé d’abattre sa dernière carte en cédant aux appels de nombreux élus de sa formation qui conditionnaient leur soutien au texte à son départ.

“La Première ministre a proposé de payer le prix ultime en quittant ses fonctions. C’est le plus grand geste que puisse avoir un dirigeant”, note Laura Kuenssberg dans une analyse publiée sur le site de la chaîne britannique. “Pendant un instant, il a semblé que cela pourrait fonctionner et qu’il était possible qu’elle parvienne à obtenir le soutien dont elle avait désespérément besoin.” Plusieurs députés eurosceptiques, dont l’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson (candidat potentiel à la succession de Theresa May), ont en effet annoncé mercredi qu’ils soutiendraient finalement l’accord de retrait, après que la Première ministre a mis sa démission dans la balance.

“Un sacrifice vain”

Mais la volte-face de certains eurosceptiques pourrait ne pas suffire puisque le Parti unioniste démocratique (DUP) d’Irlande du Nord, dont le soutien est crucial, a déclaré mercredi soir qu’il s’opposerait une nouvelle fois au plan négocié par May, le qualifiant de “toxique”, rapporte le Belfast Telegraph.

“Le sacrifice” de la Première ministre britannique pourrait donc “être vain”, note The Independent. D’autant que “Mme May va avoir besoin des votes d’un grand nombre de députés travaillistes ou de rebelles torys Brexiters, dont beaucoup pourraient être fortement influencés par la position du DUP”.

Jeudi, le ralliement de certains torys eurosceptiques à l’accord de Theresa May était jugé avec sévérité par certains journaux britanniques, critiquant l’opportunisme des élus conservateurs. “Il est sinistre de voir que des questions vitales sur l’avenir du Royaume-Uni se retrouvent encore une fois plongées dans les eaux fétides de la politique interne du Parti conservateur”, critique ainsi The Guardian dans un éditorial.Le fait que Boris Johnson se dise soudain disposé à soutenir l’accord après avoir appris qu’un poste allait se libérer au 10, Downing Street l’illustre bien.”