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Marc Chagall en 2 minutes

En bref

Artiste majeur du XXe siècle, presque aussi célèbre que Picasso dont il fut l’ami, Marc Chagall (1887–1985) est un peintre de la « surréalité », comme le remarquait Apollinaire. Son œuvre, nimbée de sacré, s’inspire de la tradition juive qui a baigné son enfance. Exilé de Russie, et installé en France en 1925, Chagall est devenu l’un des membres de l’École de Paris, qui regroupait des artistes étrangers dans la capitale des arts. Ses toiles, hautes en couleur, sont à la fois oniriques et poétiques, en dépit d’une vie marquée par le déracinement et le traumatisme des deux guerres.

Portrait de Marc Chagall
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Portrait de Marc Chagall, 1910

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© akg-images

Il a dit

« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. »

 

Sa vie

Marc Chagall est né à Vitebsk en 1887, en Biélorussie, dans une famille juive pratiquante. Sa mère, qui eut huit enfants après lui, joue un rôle essentiel dans ses premières années. Il se frotte à la peinture dès son plus jeune âge.

En 1910, il pose un pied à Paris. À 23 ans, il découvre ainsi la richesse des avant-gardes (fauves, cubistes) et forge sa culture en prenant ses habitudes au Louvre. Chagall prend contact avec d’autres artistes et écrivains russophones, parmi lesquels Blaise Cendrars. Il se rapproche du prince des poètes, Apollinaire, qui est aussi critique d’art. À l’aube de la Grande Guerre, Chagall a déjà fait son entrée sur la scène artistique européenne, de Paris à Berlin.

Il retourne dans son pays natal en 1914, un séjour qui durera plus longtemps que prévu pour cause de Grande Guerre. En 1915, il épouse Bella, le grand amour de sa vie. Une fille naît de leur union. La révolution bolchévique de 1917 le propulse responsable des beaux-arts dans sa ville natale. Il organise des expositions et s’occupe de l’école.

En 1925, après un passage par Berlin, Chagall revient à Paris. Il trouve son marchand en la personne d’Ambroise Vollard et réalise à cette époque de nombreux travaux d’illustration, notamment de la Bible. En 1937, Chagall obtient la nationalité française, ce qui le met un temps à l’abri de la persécution dont les Juifs sont victimes en Russie. Malgré tout arrêté par les nazis en 1941, il parviendra à s’exiler aux États-Unis.

En 1944, Bella décède. Il rencontre une nouvelle femme, qui lui donnera un fils. En 1952, une troisième maîtresse entre dans sa vie, Valentina, avec laquelle il se remariera.

Chagall est aussi un artiste de la commande publique, avec le soutien d’André Malraux. À sa demande, il réalise dans les années 1960 le plafond de l’Opéra Garnier, qui sera vivement critiqué. En 1974, il reçoit à nouveau une commande prestigieuse : une série de vitraux pour la cathédrale de Reims. Le peintre, qui s’était installé sur la côte d’Azur en 1948, s’éteint en 1985 à Saint-Paul-de-Vence.

Ses œuvres clés

Marc Chagall, Double portrait au verre de vin
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Marc Chagall, Double portrait au verre de vin, 1917–1918

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Huile sur toile • 235 × 137 cm • Coll. Musée national d’art moderne, Paris • © Bridgeman Images / © Adagp, Paris 2018

Double portrait au verre de vin, 1917–1918

Chagall célèbre d’une manière onirique son mariage avec Bella, épousée en Russie en 1915. Le peintre se représente comme un joyeux acrobate dans cette toile aux couleurs violentes, qui traduisent un véritable hymne à la joie et à la vie. Le couple semble s’envoler au-dessus d’une ville, Vitebsk, le lieu de naissance du peintre. Cette toile fait partie des œuvres magistrales peintes par Chagall au cours des années de la Grande Guerre, alors que la Russie vivait sa période révolutionnaire.

Marc Chagall, Le Violoniste vert
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Marc Chagall, Le Violoniste vert, 1923–1924

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Huile sur toile • 78 × 42 cm • Coll. Guggenheim Museum, New York • © DeAgostini – Leemage / © Adagp, Paris 2018

Le Violoniste vert, 1923–1924

La figure du violoniste est l’un des motifs récurrents dans l’œuvre de Chagall, très attaché au folklore juif. Peut-être l’artiste voyait-il dans ce musicien, associé au Juif errant, une forme de double ‑ lui qui a connu l’exil et la pauvreté ? Le traitement est non-mimétique puisque  Chagall peint le visage du musicien en vert, couleur de l’espérance. Il s’inscrit pleinement dans la quête des artistes modernes de son époque, à commencer par Matisse. Comme à son habitude, Chagall fait flotter le personnage dans les airs, inaccessible au monde réel.

Marc Chagall, Fresque pour le plafond de l’Opéra Garnier, Paris
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Marc Chagall, Fresque pour le plafond de l’Opéra Garnier, Paris, 1964

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© Collection Artedia / Garnier Charles / Artedia / Leemage / © Adagp, Paris 2018

 Fresque pour le plafond de l’Opéra Garnier, 1964

Révélé au public en 1964, ce grand décor commandé à Chagall par André Malraux a fait scandale. Était-il admissible qu’une œuvre d’art moderne intègre un bâtiment phare du Second Empire, faisant disparaître de surcroît la toile originelle de Lenepveu (conservée sous celle de Chagall) ? Il s’agit d’un décor monumental de plus de 200 m2, aux couleurs florissantes et lumineuses, qui conte une nouvelle fois les deux thèmes préférés du peintre : la musique et la vie, célébrées ensemble.

Par • le 26 mars 2018
Retrouvez dans l’Encyclo : Marc Chagall École de Paris

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