Violences sexuelles : au Luxembourg, une rencontre pour aider les « survivantes » africaines

Le 26 et le 27 mars au Luxembourg était organisé le Forum « Stand Speak Rise Up » pour briser le silence des victimes, et faire reconnaître le viol comme crime de guerre afin d’obtenir des réparations. En invité d’honneur, le prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege a appelé la communauté internationale à la « résilience ».

STAND SPEAK RISE UP EVENT, les 26 et 27 mars 2019 au Luxembourg. © DR

STAND SPEAK RISE UP EVENT, les 26 et 27 mars 2019 au Luxembourg. © DR

FATOUMATA-DIALLO_2024

Publié le 28 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

C’est pour dire « stop aux bombes à fragmentation conditionnelle et psychologique qui font du corps des femmes un champ de bataille » qu’a été organisé pour la première fois le Forum « Stand Speak Rise up », en partenariat avec la Fondation Mukwege et l’organisation We Are Not Weapons of War.

Une quarantaine de victimes de violences sexuelles, provenant de 15 pays, ont été conviées pour « qu’elles ne soient plus réduites aux silences », les 26 et 27 mars au Luxembourg. Les écouter et transmettre leurs messages a été le leitmotiv de ces deux jours.

STAND SPEAK RISE UP EVENT © Adresse de la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg au public

STAND SPEAK RISE UP EVENT © Adresse de la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg au public

la suite après cette publicité

C’est dans une salle comble et devant un parterre de personnalités – réunissant notamment la procureure générale de la Cour pénale internationale Fatou Bensouda, ainsi que les prix Nobel Denis Mukwege, la Yazidie Nadia Murad (ancienne esclave de Daesh) et le Bangladais Muhammad Yunus (père du micro-crédit) – que la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg a honoré son engagement contre le viol, qu’elle considère comme « une arme de guerre » qui « s’étend telle une épidémie dans les zones sensibles et en conflit ». Dans son discours, elle a exhorté la communauté internationale à mettre fin à « l’impunité générale dont jouissent les auteurs et commanditaires de ces crimes ».

Forte délégation africaine

La délégation africaine s’est particulièrement démarquée par son nombre, donnant ainsi une vision régionale à ce forum. Interrogée par Jeune Afrique, la survivante congolaise Guillaumette Tsongo, coordinatrice du mouvement des survivantes de viols et violences sexuelles en RD Congo, ne nie pas l’évidence de la surreprésentation du continent qui abrite de « nombreux foyers de conflit ».

Pour elle, la « richesse » de l’Afrique peut parfois avoir un « goût amer », car elle suscite une certaine « convoitise » qui déstabilise le continent. Celle qui est tombée enceinte après un viol sait de quoi elle parle. Originaire de la province du Sud-Kivu, Guillaumette Tsongo fait partie de ces victimes collatérales d’une guerre menée depuis plusieurs décennies par des miliciens dans l’est de la RDC.

>>> À LIRE :  Viols au Soudan du Sud : l’ONU accuse de nouveau l’armée

la suite après cette publicité

Dans toutes les histoires des survivantes ougandaises, sud-soudanaises, guinéennes, congolaises, burundaises ou nigérianes qui ont livré leur témoignage, un contexte commun : « la guerre ».

Aujourd’hui membre du Réseau mondial de victimes et survivantes de viols, la Burundaise Esperance Bigirimana vit désormais exilée en Afrique du Sud. Une nouvelle vie loin de ses bourreaux, qui la hantent pourtant toujours. Malgré le suivi psychologique dont elle a bénéficié, la jeune femme considère qu’elle ne « guérira » sans doute jamais. Le traumatisme du viol lui revient constamment tel un boomerang. Son combat, elle le mène donc pour les autres. Pour que la future génération, ses filles, n’aient plus à affronter ces atrocités.

la suite après cette publicité

Signature de partenariats

À l’issue de ces deux jours, des accords ont été conclu entre les différents représentants. Ainsi, la Croix-Rouge luxembourgeoise s’est engagé à « soutenir le Dr Mukwege pour rénover l’hôpital Panzi à Bukavu », confie à Jeune Afrique Alain Bombo, gestionnaire des finances de l’ONG au Luxembourg.

Dans un premier temps, cette aide passera par l’établissement d’un « cahier des charges » pour fixer les besoins de l’hôpital Panzi, puis des fonds seront mobilisés pour répondre aux engagements. Cette rénovation comprendra également l’extension de l’infrastructure.

Le groupe français Engie s’est lui aussi engagé à autonomiser le complexe hospitalier en électricité en l’équipant de panneaux solaires. Les donateurs n’ont toutefois pas souhaité communiquer les montants impliqués.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Viols en Libye : les hommes, ces autres victimes qui réclament justice

Contenus partenaires