À l'intérieur des anneaux de Saturne se trouvent de petites lunes que la mythique sonde américaine Cassini a frôlées en 2017. Jeudi, pour la première fois, des astronomes et scientifiques en livrent une étude détaillée dans la revue Science.

Pan, Daphnis, Atlas, Pandore et Epiméthée font entre 8 et 100 km de diamètre, elles sont rondes ou en forme de soucoupe volante ou de pommes de terre, et sont nichées dans les espaces ou « divisions » qui séparent les anneaux de la planète.

La sonde Cassini a passé 13 ans autour de Saturne, et dans sa dernière année, en 2016-2017, elle a s'est insérée entre les anneaux, envoyant des données vers la Terre jusqu'à son dernier jour, le 13 septembre 2017, vingt ans après son lancement.

4000 articles scientifiques ont été publiés grâce aux données de Cassini, et le flot n'est pas prêt de se tarir.

« Je veux travailler là-dessus encore une décennie », dit à l'AFP l'astronome planétaire Bonnie Buratti, du Jet Propulsion Laboratory en Californie, qui a déjà passé 33 ans à la NASA.

Les données enregistrées par les instruments de Cassini sont loin d'avoir été analysées en entier. L'article publié jeudi n'est qu'un aperçu des découvertes à venir.

Il vient renforcer la théorie dominante, à savoir que les anneaux et les lunes proviennent d'un même corps, fragmenté par une collision.

« Les plus gros fragments sont devenus les noyaux de ces lunes, et les lunes ont continué à accumuler des particules des anneaux, c'est ce qu'on a observé de près », explique Bonnie Buratti. Dans leur traîne, les lunes ont balayé les particules, ce qui explique le vide laissé derrière elles.

Pas moins de 38 coauteurs de centres de recherche aux États-Unis, en Allemagne, Italie ou Angleterre ont participé à cette étude, ce qui est remarquable selon l'astronome américaine.

« Tout est en flux constant, la science se nourrit des désaccords », dit Bonnie Buratti.

La question qui taraude les astronomes est de trouver l'âge des anneaux. Une étude parue en janvier, à partir de données de Cassini, a conclu qu'ils étaient jeunes (100 millions à 1 milliard d'années).

Mais d'autres modèles et méthodes arriveront peut-être à une autre conclusion. « La science ne tranche jamais complètement. On n'a jamais de réponse finale », dit la chercheuse.