En France, plus d’un tiers des 18–24 ans sont climatosceptiques

C’est l’un des résultats préoccupants d’un sondage OpinionWay intitulé « Les Français sont-ils prêts à changer pour la planète ? »
En France, plus d'un tiers des 18-24 ans sont climatosceptiques

36% des jeunes Français ne croit pas au réchauffement climatique. C’est l’un des résultats d’un sondage OpinionWay intitulé « Les Français sont-ils prêts à changer pour la planète ? », qui met en lumière les principaux freins à la transition énergétique dans notre pays.

Ces dernières semaines, ponctuées de plusieurs marches pour le climat, ont dessiné le portrait d’une jeunesse aux convictions écolo bien affirmées, désireuse de « sauver la planète » et son avenir. Un sondage OpinionWay pour PrimesEnergie.fr publié en mars assombrit pourtant quelque peu cette image : 36 % des Français âgés de 18 à 24 ans ne croiraient même pas au réchauffement climatique. Une proportion nettement supérieure au taux de climatoscepticisme de la population française adulte (23 %).

Cette étude, qui s’appuie sur un échantillon de 1042 personnes représentatif de la population, révèle également le pessimisme des Français en matière de crise écologique : ils sont 48 % à penser qu’il est trop tard pour inverser le cours du réchauffement climatique.

Des chiffres peu encourageants pour un acteur de la transition comme PrimesEnergie.fr, qui finance notamment les travaux de rénovation énergétique des particuliers (avec plus de 179 millions d’euros distribués à près de 199 000 foyers). Son fondateur, Nicolas Moulin, dit avoir commandé cette étude pour comprendre : où les Français sont-ils prêts à « faire des efforts » pour préserver la planète ? Quels sont leurs freins ? Pourquoi ne parvient-on pas à massifier les travaux de rénovation énergétique ?

L’assiette plutôt que l’avion

Les auteurs de cette étude ont soumis aux sondés une liste des « efforts » à réaliser pour le bien de la planète. En tête des gestes les plus populaires auxquels les Français seraient prêts à consentir : consommer local et privilégier les aliments de saison (61 %), acheter moins et de meilleure qualité (57 %), consommer moins d’eau (52 %), ou encore privilégier la marche à pied ou le vélo sur de courtes distances (51 %). À noter que les femmes sont globalement davantage disposées à changer leurs habitudes que les hommes : elles sont par exemple 37 % à être d’accord avec l’idée de consommer moins de viande, d’œufs et de produits laitiers, contre 25 % des hommes.

Infographie PrimesEnergie.fr d’après le sondage OpinionWay

Nicolas Moulin, lui, s’étonne de voir que l’isolation des logements n’arrive pas plus haut dans la liste. « Seulement » 43 % de Français se déclarent prêts à réaliser des travaux de ce type. Les ménages en état de précarité énergétique, rappelle-t-il, sont pourtant couverts à 100 % pour initier de tels travaux. Le principal barrage serait donc mental : « Quand on parle de préserver l’environnement, les gens pensent d’abord à la consommation d’eau, à mieux manger… C’est un peu étonnant  », commente-t-il. « Le bâtiment est responsable de 40 à 45 % de la consommation d’énergie d’un pays, et de deux tiers des déchets ! Agir sur le bâtiment, c’est de très loin la première chose à faire, avant même les transports, qui sont responsables de 25 % de la consommation d’énergie d’un pays  ».

Concernant les transports justement, l’avion est un moyen de transport auquel les Français restent très attachés : seuls 21 % d’entre eux se disent prêts à privilégier le train ou le bus pour les longues distances. Les Français, toutefois, semblent penser que la seule bonne volonté générale des citoyens ne suffira pas. Pour 62 % d’entre eux, seule la « contrainte législative » est efficace pour réussir la transition énergétique et obliger tout le monde à changer ses habitudes de consommation.

Transition énergétique : qui paie ?

L’étude révèle d’autres paradoxes, en particulier sur la question du financement de la transition énergétique. Alors que 9 Français sur 10 considèrent qu’il est fondamental de réduire leur consommation d’énergie pour faire baisser leur facture et préserver la planète, trois quarts d’entre eux estiment que ce n’est pas aux particuliers d’en supporter le coût, mais à l’État et aux fournisseurs d’énergie.

« Êtes-vous prêts à payer plus cher l’électricité, dans un contexte où ne veut plus du nucléaire ? »

« À la question ‘qui doit payer ?’, la réponse est toujours ‘l’autre’ », souligne Nicolas Moulin. « Il faut être cohérent. Si on estime que c’est à l’État de payer, très bien, mais êtes-vous prêts à payer des impôts ? Si on estime que c’est au fournisseur d’énergie de payer, très bien, mais êtes-vous prêts à payer plus cher l’électricité, dans un contexte où ne veut plus du nucléaire ? Le principal problème de la transition énergétique, c’est son financement : parce qu’à part les 23 % de climatosceptiques, globalement, les gens sont prêts.  »

À la Marche du Siècle à Paris, le 16 mars / © Romane Mugnier pour Usbek & Rica

Malgré cet obstacle majeur que constitue le financement de la transition, Nicolas Moulin garde espoir : « Je pense qu’il faut arrêter de dire qu’on ne peut rien faire : ce sont des propos alarmistes et pessimistes, parfois politiques ou complètement détournés. Bien sûr qu’on peut encore changer nos modes de consommation !  »

Quant à la question du climatoscepticisme chez les jeunes, s’il trouve le chiffre d’Opinion Way « incroyable », cela ne l’empêche pas de penser qu’« en réalité, des changements vont s’opérer pour des questions de générations : la nouvelle génération consommera moins et aura des comportements plus écologiques  ». Les résultats tirés d’une autre étude réalisée par Diplomeo début mars auprès de 1678 jeunes Français âgés de 18 à 23 ans vont effectivement dans ce sens : 94 % des jeunes se disent inquiets face à la situation environnementale actuelle, et 83 % considèrent qu’ils font des efforts pour limiter leur impact sur l’environnement.

 

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Illustration à la Une : Militant écolo déguisé en ours blanc / Jacob Gedetsis sur Twitter.

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