De nouvelles images, recueillies lors de l'enquête, permettent à Jean-Michel Prêtre, le procureur de la République de Nice, de conclure que "les blessures de Madame Legay résultent de l'action d'un fonctionnaire de police dont il convient d'apprécier maintenant le caractère volontaire ou involontaire."
Jean-Michel Prêtre a annoncé, dans la foulée, l'ouverture d'une information judiciaire pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique". Il a encore indiqué qu'elle avait été "confiée à plusieurs juges d'instruction".
Le policier a "rectifié son témoignage"
"Les résultats finalisés hier (jeudi, NDLR) dans la soirée de l'exploitation affinée de très nombreuses autres images, issues notamment de la vidéosurveillance de la ville de Nice, et la mise en cohérence de l'ensemble de ces éléments de preuve, m'ont conduit avec les enquêteurs à constater qu'avant l'arrivée du cordon de ses collègues au niveau où se trouvait Mme Legay, un fonctionnaire de police isolé et dépourvu de bouclier avait écarté du bras, vers sa droite, Madame Legay, provoquant ainsi la chute de cette dernière", a expliqué Jean-Michel Prêtre dans un communiqué distribué en marge d'une conférence de presse organisé en fin d'après-midi.
"Ce policier, qui avait déjà été entendu en début de semaine dans le cadre de l'enquête, a rectifié ce (vendredi) matin son témoignage en admettant que la personne qu'il avait écartée de son chemin n'était pas un homme, comme il l'avait déclaré initialement."
Le fonctionnaire de police incriminé "risque une peine pouvant aller jusqu'à 7 ans d'emprisonnement", a encore précisé le procureur.
Lors d'une conférence de presse en début de semaine, le procureur de la République de Nice avait indiqué que les images alors disponibles ne permettaient pas d'aboutir à une telle conclusion mais avait ordonné la poursuite des investigations.
Etat de santé "préoccupant"
La militante d'Attac 06, âgée de 73 ans, est toujours hospitalisée depuis sa grave blessure, subie samedi dernier, à l'occasion d'une charge de police. Venue braver l'interdiction de manifester à Nice, la septuagénaire avait lourdement chuté sur la tête. Même si ses jours ne sont plus en danger, la famille de la victime avait indiqué mardi que son état de santé restait "préoccupant".
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Au lendemain des faits, le président de la République avait réagi dans nos colonnes, estimant que "quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. Cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre. Elle s’est mise en situation d’aller dans un endroit interdit, de manière explicite, et donc d’être prise dans un phénomène de panique. Je le regrette profondément, mais nous devons, partout, faire respecter l’ordre public. Je lui souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse." Des propos qui avaient attisé la polémique naissante.
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Lundi, les enfants de Geneviève Legay avaient déposé plainte et leur avocate avait accusé la police d'exercer sur la victime des "pressions": "Madame Legay a reçu à l'hôpital la visite de policiers pour lui faire dire qu'elle n'avait pas été blessée par la charge des policiers mais dans d'autres circonstances", avait alors affirmé Me Damiano, "relais à Nice de [l'avocat parisien] Arié Alimi".
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