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On sait enfin pourquoi des téléphones Garfield s'échouent sur des plages bretonnes

Les téléphones Garfield échoués sur les plages du Finistère. FRED TANNEAU/AFP

Depuis plus de 30 ans, des téléphones à l'effigie du chat Garfield s'échouent régulièrement sur les plages du Finistère. Finalement, le mystère vient d'être élucidé...

Depuis plus de trente ans, des téléphones en plastique orange à l'effigie du chat Garfield s'échouent sur des plages du Finistère. Le mystère vient d'être levé: ils proviennent d'un conteneur échoué au fond d'une faille sous-marine, une découverte qui illustre la pollution des océans par le plastique, comme l'a révélé jeudi une enquête de Franceinfo. «On a trouvé cette faille incroyable qui fait dans les 30 mètres de profondeur et tout au fond il y a les restes d'un conteneur», explique Claire Simonin, présidente de l'association Ar Viltansoù qui œuvre pour la propreté des plages du Finistère, où s'échouent les téléphones.

Régulièrement depuis plus de trente ans, des téléphones à l'effigie du célèbre félin orange crée par l'Américain Jim Davis en 1978, s'échouaient sur les plages bretonnes sans que personne ne comprenne leur provenance. «Notre association existe depuis 18 ans et depuis qu'elle existe, on trouve des morceaux de téléphone Garfield quasiment à chaque nettoyage», explique Claire Simonin, qui raconte avoir tout récemment recueilli le témoignage d'un habitant de la région disant avoir découvert au début des années 1980, alors qu'il était âgé d'une vingtaine d'années, un conteneur éventré rempli de téléphones Garfield.

«Il nous a indiqué l'endroit, on a attendu qu'il y ait un très gros coefficient de marée car c'est un endroit vraiment très, très dangereux», poursuit Claire Simonin, à propos de l'expédition réalisée le 22 mars dans cette grotte la plupart du temps immergée située sur la commune de Plouarzel, au nord du Conquet. «Sous les blocs de rochers qui sont devant l'entrée de la faille on a trouvé 23 combinés complets avec l'électronique et les fils, il y en avait partout», témoigne-t-elle. Reste que le mystère n'est pas entièrement levé. «On n'a aucune idée de ce qui s'est passé à l'époque, on ne sait pas d'où ça vient, de quel bateau, on ne sait pas si ce sont plusieurs conteneurs qui sont tombés à l'eau ou un seul», souligne Fabien Boileau, directeur du Parc naturel marin d'Iroise, qui s'est également rendu dans la grotte.

Aucun écosystème épargné

Cette découverte est en tout état de cause une nouvelle illustration de la pollution des océans par le plastique. «Voir ces téléphones en plastique sur la plage, si longtemps après (le naufrage du conteneur), prouve de façon frappante la persistance du problème des déchets plastique dans l'océan», déclare Jo Ruxton, cofondateur de l'ONG Plastic Oceans Foundation. «Le plastique a été conçu pour ne pas se casser et que de tels objets soient à peine altérés après 30-40 ans est une illustration très claire», ajoute-t-elle. Plus de 300 millions de tonnes de plastique sont produites annuellement dans le monde, et il y a au moins cinq mille milliards de morceaux de plastique qui flottent dans nos océans, selon des estimations scientifiques.

Les pires scenari prévoient qu'il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans d'ici 2050. Selon le World Shipping Council (WSC), l'association qui regroupe les armateurs de porte-conteneurs dans le monde, 1390 conteneurs sont tombés à la mer en 2017, une estimation vraisemblablement inférieure à la réalité du fait de dissimulations ou sous-déclarations d'accidents. Mais ils ne représentent qu'une faible partie de la pollution, essentiellement due à l'industrie de l'emballage plastique. «Les téléphones ne finissent généralement pas dans la mer. Mais les emballages plastiques, eux, sont envahissants. Sur chaque plage, vous trouverez une bouteille de shampoing, un paquet de chips, une bouteille de soda...», souligne Jocelyn Bleriot, de la Fondation britannique Ellen MacArthur.

Aucun écosystème marin n'est épargné par la pollution au plastique: des chercheurs ont découvert pour la première fois des microplastiques dans les entrailles de mini-crustacés vivant à près de 11 km de profondeur, selon une étude publiée en février dans la revue Royal Society Open Science. La prise de conscience de cette pollution commence à faire son chemin. Cette semaine, le Parlement européen a entériné à une large majorité la fin dans l'Union européenne, à partir de 2021, de ces produits en plastique à usage unique qui polluent les océans.

On sait enfin pourquoi des téléphones Garfield s'échouent sur des plages bretonnes

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120 commentaires
  • Paul Meirion

    le

    Heureusement que ces objets ne sont pas biodégradables.

  • Paul Meirion

    le

    L'ennemi principal n'est ici pas le plastique, mais l'abandon de conteneurs.
    Heurter des conteneurs abandonnés est la hantise des navigateurs sur le Pacifique.
    C'est dire à quel point le problème est massif.
    Il faudrait pourchasser et sanctionner sans pitié les porte-conteneurs qui abandonnent du chargement.

  • Robert Raifort

    le

    Et les dauphins qui viennent mourir sur les plages de La Rochelle. Ils ont tous la nageoire dorsale coupée. Ils se prennent dans les filets des pêcheurs qui les dégagent en leur coupant la nageoire ce qui a pour effet de les achever.

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