[Mise à jour le 26 mars] Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars, il va falloir repousser vos montres d’une heure. Une habitude qui dure depuis plus de 40 ans mais qui va bientôt relever du passé. Le Parlement européen s’est prononcé pour la suppression du changement d’heure dès 2021. Charge à chaque pays de décider s’il reste à l’heure d’hiver ou d’été. D’un point de vue environnemental, les derniers travaux de l’Ademe montrent qu’il existe encore un gain énergétique en passant à l’heure d’été y compris en se projetant en 2030. Mais celui-ci est modeste.

[Mise à jour le 26 mars] Vous êtes 84 % à souhaiter la fin du changement d’heure et 59 % à préférer l’heure d’été. C’est le résultat de la consultation en ligne lancée début février par la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale. Elle a mobilisé deux millions de Français, signe que le sujet intéresse et fait réagir.
Ce sondage éclair fait écho à la nouvelle directive proposée par la Commission européenne pour mettre fin aux changements d’heure saisonniers dans l’Union européenne. Le Parlement européen s’est prononcé en faveur de cette suppression le 26 mars dernier, à quelques jours du passage à l’heure d’été. Chaque État membre doit décider de rester à l’heure d’été ou d’hiver d’ici la fin du mois d’avril. Et l’entrée en vigueur ne se ferait pas avant 2021, le temps pour les États de se coordonner.
Des gains d’énergie modestes mais réels
Un peu d’Histoire… La France a décrété le changement d’heure en 1976, essentiellement pour réaliser des économies d’énergie en faisant correspondre les heures d’activité avec les heures de soleil. Mais ce système est de plus en plus contesté par les citoyens et les États. Tant pis pour la planète ?
Oui et non. L’Ademe a réalisé plusieurs travaux sur le sujet (1). Elle a conclu sur le fait que “le changement d’heure permet des économies en énergie et CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en œuvre“. En 2009, ces gains ont représenté de l’ordre de 440 gigawattheures (GWh), soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages. 44 000 tonnes de CO2 ont été évitées.
Pour ou contre le changement d heure quelle est la meilleure option pour la planète
Ce gain tend à diminuer avec l’introduction de lampes basse consommation et un éclairage public calé sur la nuit solaire. Néanmoins, à l’horizon 2030, les économies d’énergie engendrées par le régime d’heure d’été devraient encore être de 340 GWh, selon l’Ademe. Des gains additionnels de 130 GWh pourraient être atteints sur les usages thermiques (chauffage et climatisation) “à condition que des systèmes de régulation automatique soient installés pour respecter des consignes de température“. De quoi éviter l’émission de 70 000 à 100 000 tonnes de CO2.
Le changement d’heure permet par ailleurs un gain en puissance notable car les pointes de consommation d’avril, même si elles n’atteignent pas les niveaux du plein hiver, sont un enjeu important pour le système électrique. En 2009, le changement d’heure a permis une diminution de 3,5 GW de la puissance appelée à 19h. En 2030, cet avantage resterait en moyenne de l’ordre de 2 GW.
Impacts sur la santé, les accidents de la route … et les apéros
Si c’est l’heure d’été qui est retenue, le soleil se lèvera une heure plus tard en hiver et nous aurons un décalage de deux heures avec les horaires “naturels”, de quoi fatiguer nos organismes selon certains spécialistes. Plusieurs études montrent que le nombre d’accidents cardiaques augmenterait le lundi suivant le passage à l’heure d’été : + 5 % d’infarctus, + 25 % de crises cardiaques. En revanche, les grands gagnants seraient les adeptes de l’apéro avec des journées rallongées, et par extension les bars, brasseries et restaurants.
A contrario, l’heure d’hiver toute l’année raccourcirait nos longues soirées d’été : un avantage pour les parents car ce n’est jamais facile de coucher ses enfants quand il fait encore jour dehors. Cela vaut aussi pour les personnes âgées qui dînent tôt. En revanche, côté sécurité routière, c’est l’hécatombe au mois de novembre. Ces cinq dernières années, le nombre d’accidents corporels de piétons en novembre est supérieur de 3,1 % au mois d’octobre. Pour la seule tranche horaire 17 h-19 h, cette augmentation est de 40 %.
En attendant que ces questions soient tranchées, n’oubliez pas le passage à l’heure d’été. Il faudra avancer vos montres d’une heure dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars. À 2h du matin, il sera 3h.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le dernier rapport de l’Ademe (2010).

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