POLITIQUE - Rude semaine pour la parole présidentielle malmenée par une série de déconvenues. En quelques jours, Emmanuel Macron a ainsi vu ses prises de position fortement contrariées, d’une fâcheuse erreur d’appréciation à une flagrante contradiction, en passant par l’administration d’une bonne leçon.
Après l’annonce de la famille d’une septuagénaire, grièvement blessée à la tête lors d’une manifestation de Gilets jaunes le samedi 23 mars à Nice, d’un dépôt de plainte pour “violence en réunion avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique contre personne vulnérable”, Emmanuel Macron s’est empressé, dans le sillage de Christian Estrosi et du procureur de Nice, de disculper les forces de l’ordre chargées de disperser une poignée de manifestants rassemblés dans un secteur non autorisé.
“Cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre”, faisait savoir le chef de l’État, dans les colonnes de Nice Matin ce lundi 25 mars. Pourtant le procureur de la ville a finalement admis ce vendredi 29 mars qu’“un fonctionnaire de police a écarté du bras vers sa droite madame Legay” lors de la dispersion “provoquant ainsi sa chute”. En s’exprimant trop tôt, la parole présidentielle paraît avoir manqué de prudence et peut-être même “d’une forme de sagesse”.
Promoteur de la transparence absolue sur les réseaux sociaux et initiateur d’une loi anti “fake news”, le président de la République se fend régulièrement de grandes déclarations réclamant que l’on sache “d’où les gens parlent et qui ils sont” sur la toile. Mais ses exigences ont pris du plomb dans l’aile cette semaine. Ismaël Emelien qui travaillait jusqu’à ce lundi 25 mars à l’Élysée, s’est fait prendre les deux mains dans le sac des fausses nouvelles propagées sur internet... depuis son bureau élyséen via des comptes Twitter anonymes.
Afin de soutenir Alexandre Benalla, la cellule riposte mise en place par l’ex-conseiller très spécial avait fait diffuser mi-juillet 2018 un montage trompeur censé défendre le “garde du corps” présidentiel, mélangeant des images de vidéosurveillance obtenues illégalement et des images d’une autre scène de violence. De son côté, Sibeth Ndiaye, responsable du service de presse d’Emmanuel Macron, encourageait des journalistes à consulter ces images non sourcées, révèle une enquête du Monde.
“Je continuerai à ouvrir l’ensemble des postes, en particulier de l’administration de la haute fonction publique, à des gens de talent et de mérite venant d’autres horizons parce que c’est une bonne chose”, assurait Emmanuel Macron après la nomination en août 2018 de Philippe Besson, réputé proche du couple présidentiel, comme consul général à Los Angeles grâce un décret modifiant les règles de recrutement. Mais le Conseil d’État vient de doucher les envies élyséennes de s’affranchir des pratiques en vigueur au quai d’Orsay en annulant le fameux décret. La plus haute autorité administrative a en effet tranché en faveur de la CFDT Affaires étrangères qui l’avait saisie pour abus de pouvoir, estimant que seuls les diplomates de carrière peuvent occuper ce type de poste. France Inter, qui a dévoilé ce mercredi la décision de l’autorité administrative, estime que “l’annulation de ce décret est un véritable camouflet pour le président”. Un de plus dans une semaine déjà bien chargée, comme le montre notre montage vidéo.
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