[1er avril]Déréglés par un pesticide, 450.000 passereaux s’abattent sur les cultures

Perturbés par l’emploi d’un nouveau pesticide, 450 000 passereaux se rassemblent et dévorent les semis de printemps à travers tout le nord de la France. Les services de l’État sont aussi désemparés que les agriculteurs.

Rédigé par Julien Hoffmann, le 1 Apr 2019, à 8 h 00 min
[1er avril]Déréglés par un pesticide, 450.000 passereaux s’abattent sur les cultures
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La mise sur le marché récente d’un nouveau pesticide pour enrober les graines a déréglé le comportement de plus d’une dizaine d’espèces de passereaux qui se sont rassemblés en sept vols différents pour s’abattre sur les cultures du nord de la France.

Un pesticide à l’origine de la catastrophe

Mis sur le marché en fin d’année dernière, ce pesticide nommé Enrob24, avait pour but de limiter l’impact des insectes sur les graines de nombreuses céréales. Ce pesticide, directement appliqué sur les graines commercialisées, a eu tout l’effet inverse en ce qui concerne de nombreuses espèces de passereaux.

Nuée de passereaux au dessus d’un champ vidé de ses graines © Menno Schaefer

Un comportement déréglé

Les passereaux qui se nourrissent de ces graines ont en effet radicalement changé leur comportement naturel. Une fois les premières graines consommées, ils ne peuvent s’empêcher d’en consommer d’autres sans même forcément avoir faim.

Il en a résulté un comportement inédit et jamais observé dans la nature, des passereaux de différentes espèces se sont réunis en vols coordonnés afin de chercher toujours plus de graines, se déplaçant au gré des champs disponibles comme le feraient les criquets africains.

Une double catastrophe désormais annoncée

La première catastrophe concerne tous ces passereaux qui, non contents d’avoir (temporairement ?) perdu leur instinct naturel, semblent également manger toutes les graines jusqu’à en mourir. Des dizaines de milliers de spécimens ont déjà été retrouvé morts notamment sur le plus grand nuage d’oiseaux qui se situe, pour l’instant, au nord de Paris.

La deuxième catastrophe est pour les agriculteurs qui perdent de fait leur récolte de printemps sans que les assurances ne prennent en charge la chose. En effet, l’autorisation de mise sur le marché ayant été donné par les services de l’État, les assureurs de tous bords préviennent déjà que ce sera vers eux que devront se tourner les agriculteurs.

« C’était une scène hitchcockienne » raconte un grand céréalier qui a perdu 300 de ses 320 hectares de semis, « cela n’a duré qu’une demi-heure, le bruit était assourdissant mais surtout, c’était effrayant ! Mes enfants m’ont demandé si c’était la fin du monde et s’il était trop tard pour sauver la planète » explique-t-il aussi les yeux humides.

« On n’aurait jamais du laisser faire des grands groupes comme Bayer ou Monsanto qui nous ont joué du pipeau durant des décennies, on a été trop bêtes de pas passer au Bio il y a vingt ans quand on a commencé à comprendre qu’on prenait des risques » finit-il amère.

Nuée d’oiseaux © giulio napolitano Shutterstock

Les services de l’État désemparés

L’ONCFS (Office National de la Chasse et de la faune Sauvage) n’a tout simplement pas les moyens ni humains, ni techniques, ni financiers de faire quoi que ce soit de solide face au problème. Avec un budget annuel d’à peine 115 millions d’euros qui vient d’être diminué de 21 millions d’euros avec le dernier cadeau fait aux chasseurs, l’institution a encore moins de moyens que jamais(1).

À l’heure où les citoyens bougent, où les jeunes se mobilisent, où tout le monde n’a jamais été aussi conscient de la problématique environnementale qu’elle soit climatique ou non, nos hommes politiques démissionnent ou agissent les yeux fermés.

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Illustration bannière : Nuée de passereaux © Ilca Laurentiu Daniel
Références :
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3 commentaires Donnez votre avis
  1. Poisson d’avril ou pas , le problème de l’agression phénoménale des oiseaux (entre autres) par les pesticides reste MAJEURE.
    En cette époque folle où on réagit surtout à l’émotion à partir de ce qu’on voit, on réagit peu à la réflexion sur ce qui ne se voit pas et qui fait bien plus de dégats.
    En zone rurale (où je vis) la cause majeure de l’effondrement de la population des passereaux est l’utilisation effarante des pesticides…mais surtout depuis le passage à la pulvérisation haute pression.

    Depuis plus de 20 ans on est passé de la pulvé basse pression (qui “pissait” sur le champ mais pas sur le reste) à la haute pression. Très fin brouillard, la soit-disant panacée car traitement sur-et-sous les feuilles avec 4 fois moins de produit…sauf que cette nébulisation contamine tout au moindre vent sur des Ha à la ronde à doses infimes et redoutables car moins brutales et moins immédiatement mortelles pour tout ce qui vit.
    Les insectes touchés ne meurent pas tout de suite, les oiseaux les attrapent d’autant plus facilement et ramènent çà au nid pour nourrir leurs petits.
    Exemple de l’année dernière:
    Un de mes voisins surveillait des couvées d’hirondelles pleines de petits dans une de ses granges;
    Un matin le fermier du coin vient traiter le champ d’à côté…Le soir même tous les petits étaient morts.
    2 explications possibles :
    -une partie du fin brouillard est rentré dans la grange avec la brise (mais je ne pense pas qu’ils seraient morts de suite, par inhalation c’est moins rapide)
    -les petits ont été gavés d’une multitude d’insectes empoisonnés pris dans la journée, faciles à prendre car affaiblis… et la digestion (rapide cette fois-ci) de ce poison les a exécutés sans sommation.
    Il n’y a aucune raison pour que cette navrante expérience ne se soit pas reproduite dans une foultitude de nids sauvages environnants sur des centaines de mètres à la ronde…
    Et ces nébulisations portent sur des Km à dose infime mais suffisante.

    Multipliez ces épandages sur des centaines de milliers d’hectares : les insectes meurent ou survivent empoisonnés,les oiseaux adultes meurent lentement mais surtout ils empoisonnent leurs petits directement par ingestion. Plus de renouvellement de générations : çà mène très vite à l’extinction…
    Quand je vois la vitesse de progression de l’hécatombe j’appréhende vraiment l’avenir de ces espèces , de nos enfants…
    quant à nos petits-enfants…………..

  2. ou alors c’est un poisson d’avril^^

  3. Bonjour avez-vous la/les source(s) qui vous ont permis d’écrire cet article ?

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