L’immense majorité des députés ne comptent pas leurs heures, affirme Nicolas Quénel, membre de l’observatoire des parlementaires Projet Arcadie, qui signe un rapport sur l’activité réelle de nos élus. Revenu de son immersion dans les couloirs du palais Bourbon avec la conviction que la plupart de ses occupants ne méritent pas les violentes critiques qu’ils subissent, il admet toutefois qu’une dizaine de “glandeurs” siègent à l’Assemblée nationale. Entretien.

Capital : Vous avez identifié une dizaine de députés “glandeurs”. C’est quoi, un député qui ne fait pas son travail ?

Nicolas Quénel : Un député glandeur, c’est quelqu’un qu’on voit très peu dans l’hémicycle et dans les réunions de commission. En circonscription, les médias locaux le connaissent mal, voire pas du tout. C’est un député fantôme. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que certains de ceux que nous avons identifiés l’assument. L’un d’entre eux, qui exerce aussi des responsabilités de premier plan dans un grand parti, nous as dit “texto” : “J’en ai rien à foutre !”

La suite sous cette publicité
Publicité
La suite sous cette publicité
Publicité

Vous parlez d’authentiques procrastinateurs, qui déploient des stratégies pour en faire le moins possible…

Souvent, on note qu’ils s’arrangent pour intégrer la commission de la défense, la moins exigeante des huit en terme d’heures de travail. Il y a des astuces pour éviter les retenues sur salaire (ndlr : en cas d’absences répétées et non-justifiées en réunion de commission, notamment) : parfois, la feuille de présence à signer se retrouve miraculeusement en dehors de la salle de réunion. Certains députés entrent en commission, puis repartent après avoir signé…

Malgré ces dérives, vous êtes loin de souscrire à l’anti-parlementarisme qui culmine depuis le début du mouvement des Gilets jaunes…

Et pour cause, les députés qui posent problème représentent une infime minorité des membres de l’Assemblée nationale. Nous en avons identifiés une dizaine sur 577 élus. Comme dans tous les corps de métiers, il y a des moutons noirs. Mais à l’Assemblée nationale, la proportion de ceux qui abusent est finalement plutôt faible. L’immense majorité des élus bossent dur : les témoignages que nous avons recueillis font état d’un temps de travail moyen allant de 50 à 100 heures par semaine. Député, ça n’est pas un mandat de tout repos.

⋙ À lire aussi - Absentéisme : les ruses de certains députés pour échapper aux amendes