Le fil vert

En Sicile, les abeilles noires porteuses d'espoir

Le documentaire «Miel de Sicile, le nectar des abeilles noires» raconte comment la réintroduction d’une espèce autochtone permet de sauvegarder les pollinisatrices à petite et grande échelle.
par Margaux Lacroux
publié le 2 avril 2019 à 8h20

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Quand on parle d'abeilles, c'est d'habitude pour annoncer de mauvaises nouvelles. Pas cette fois-ci. Un documentaire d'Arte, disponible en replay jusqu'à fin avril, raconte le retour des abeilles noires en Sicile. Ce petit miracle tient en partie à la tactique d'un homme, Carlo Amodeo. Celui-ci s'est entiché de la belle noire il y a trente ans en découvrant qu'il n'en restait plus que trois colonies sur son île. Cette espèce endémique peu connue a la réputation d'être la moins agressive du monde, elle est très productive et particulièrement robuste. Contrairement à sa cousine l'abeille domestique européenne, la plus élevée au monde mais aussi celle dont la population s'effondre, elle résiste à l'un des nuisibles les plus craints : l'acarien Varoa destructor.

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Jeune, Carlo était plutôt branché littérature et philosophie. Puis, il y a trente ans, il est devenu apiculteur, ou plutôt éleveur d'abeilles. Il a commencé par sélectionner les abeilles, puis a déployé son plan pour sauver l'espèce autochtone sicilienne et redonner un coup de boost à la biodiversité. Le documentaire le suit dans ses expérimentations, d'abord sur de petites îles isolées où il chouchoute ses reines et aide les colonies à se multiplier, puis il les achemine dans différents milieux pour tester leur adaptabilité. Il évalue soigneusement les rendements, la résistance au stress ou encore la reproduction de ses protégées. Lui aussi doit composer avec échecs, coups durs financiers et aléas climatiques.

Malgré tout, ses ruches s'étendent en Sicile, des champs d'orangers aux chaînes montagneuses. Des apiculteurs d'autres pays européens où les pollinisatrices sont mal en point lui ont même commandé des reines. En favorisant une diversité d'espèces, on éloigne le risque d'extinction des abeilles dans le monde. Le journaliste Frank Helbert dresse ainsi le portrait d'un homme qui disserte avec poésie sur la cohabitation des espèces dans la nature. Il montre qu'un combat local peut être une partie de la solution à plus grande échelle.

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