En cette journée mondiale de l’autisme, l’heure est au bilan. Le 6 avril 2018, le gouvernement annonçait la mise en place d’un plan pour l’autisme axée sur 5 points majeurs pour améliorer la qualité de vie des personnes autistes.  Réduire le délai de diagnostic, mieux soutenir les familles, assurer le financement des soins : toutes ces promesses ont été faites. Un an après, les choses ont-elles réellement changé ?  La réponse de SOS Autisme France est sans appel : non, absolument pas. L’association tire la sonnette d’alarme et alerte sur le développement d’un « business de l’autisme »

Des consultations téléphoniques à des prix exorbitants

La présidente de l’association, Olivia Cattan, a réalisé une vidéo qui montre les difficultés rencontrées par les parents d’enfants autistes. Elle s’est filmée en train d’appeler une dizaine de structures de prise en charge de l’autisme, dans le but d’obtenir un diagnostic pour son enfant. Les réponses qu’elle a obtenues sont édifiantes. Premier appel : on lui dit qu’il faut attendre deux ans pour obtenir un diagnostic. Après avoir souligné que ce délai peut aller jusqu’à quatre ans, Olivia Cattan pointe du doigt le manque d’infrastructures adaptées pour les personnes autistes, qui pousse des parents désespérés à se tourner vers des personnes souvent peu scrupuleuses. Exemple avec un appel passé à une hypnotiseuse. Cette dernière lui propose de calmer les crises de son enfant au cours de séances qui coûtent 110 euros. Vient alors un troisième appel absolument hallucinant. Olivia Cattan donne un coup de fil à une personne qui a été radiée de l’Ordre des médecins. Cette dernière lui propose malgré tout d’examiner le cas de son fils au cours d’une consultation téléphonique. Prix de ce service ? 160 euros… Et l’on tombe encore plus des nues quand le médecin lui demande d’effectuer le paiement par virement bancaire, probablement pour ne pas laisser de traces. 

« L’autisme est devenu en quelques années un business lucratif qui s’est développé en appauvrissant les familles qui vont d’illusion en désillusion », écrit ainsi Olivia Cattan dans un article publié sur le site du « Huffington Post ». Ce « business » prend plusieurs formes : des professionnels en libéral proposant des tarifs extrêmement coûteux aux arnaques en tout genre (hypno-autisme, traitements biomédicaux non validés…).

Un combat qui ne s’arrête jamais

Ce n’est pas la première fois que SOS Autisme France interpelle les pouvoirs publics. A l’occasion d’une interview réalisée en 2014, Olivia Cattan, dont le fils est autiste, nous avait parlé de son combat. « Il y a un manque de projet politique. L’autisme est le parent pauvre de la grande famille du handicap. Il existe toujours une guerre entre les psychanalystes et les méthodes comportementales en France », dénonçait-elle déjà à l’époque. Sept ans plus tard, le combat continue pour alerter les pouvoirs publics sur le quotidien des personnes autistes. A quand un engagement qui changera vraiment la donne ?