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Sur les trottoirs de Paris, 1 630 panneaux publicitaires supplémentaires

Malgré l’opposition d’une partie de sa majorité, la mairie a fait valider le contrat négocié avec Clear Channel, qui rapportera 170 millions d’euros en cinq ans.

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Publié le 02 avril 2019 à 16h12, modifié le 02 avril 2019 à 16h18

Temps de Lecture 3 min.

Avec le printemps, 1 630 panneaux de publicité et d’information vont refleurir ces prochains mois sur les trottoirs de la capitale. Malgré l’opposition d’une partie de sa majorité, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait valider par les élus, lundi 1er avril, un important contrat négocié en ce sens avec l’américain Clear Channel, l’un des grands noms de l’affichage. C’est le retour des fameuses « sucettes » JC Decaux après plus d’un an d’absence, mais avec un nouveau prestataire.

Le projet a bien failli échouer. Au cours des derniers jours, de nombreuses interrogations sont apparues au sujet de ce contrat et de sa solidité juridique. Si bien que la relance des « sucettes » s’est retrouvée contestée à gauche comme à droite. Durant le week-end et la journée de lundi, l’équipe d’Anne Hidalgo a multiplié réunions et conciliabules pour déminer le terrain.

« En coulisses, le sujet a donné lieu à une vraie bataille de lobbying entre les deux concurrents », une élue

Lundi soir, à l’heure du vote, le soutien annoncé des seuls socialistes laissait néanmoins anticiper un rejet. L’équipe municipale a alors suspendu la séance, le temps d’un quart d’heure supplémentaire de discussions dans les couloirs. Des palabres efficaces : les élus du parti Les Républicains (LR), qui avaient menacé de voter contre la délibération, n’ont en définitive pas pris part au scrutin. Ce revirement a permis au projet d’être adopté par 61 voix pour, 22 contre et 32 abstentions. « En coulisses, le sujet a donné lieu à une vraie bataille de lobbying entre les deux concurrents pour ce marché, confie une élue. Personnellement, Clear Channel m’a approchée, mais j’ai refusé de parler à ses représentants. »

Hostilité des écologistes

L’enjeu était lourd. Il s’agissait non seulement de faire entrer dans les caisses de la ville quelque 170 millions d’euros en cinq ans, mais aussi de mettre fin à des années de cafouillage. Depuis 2016, les contrats passés pour ce type de mobilier urbain ont valu quatre revers judiciaires successifs à la Mairie. Les accords ont d’abord été remis en cause parce qu’ils prévoyaient la mise en place d’écrans numériques connectés, contrairement au règlement local de publicité. Puis le contrat a été jugé illégal car signé sans appel d’offres. Résultat : JC Decaux a fini par démonter ses 1 630 « sucettes », supports d’informations municipales et de publicités à la fois. Il n’y en a plus une seule depuis la fin 2018.

Faut-il en replanter ? Au sein de la majorité parisienne, la question a fait apparaître un clivage. D’un côté, les écologistes, hostiles par principe à la publicité qu’ils accusent de polluer le paysage, de dégrader l’environnement, et de vouloir façonner les comportements. De l’autre, les socialistes aux manettes de la ville, qui voient mal comment se passer des millions d’euros en cause.

Le groupe américain s’est engagé à verser 34 millions d’euros par an

Décision a été prise de lancer un nouvel appel d’offres, remporté cette fois-ci par Clear Channel, au grand dam de JC Decaux. Sur le plan technique, tous les panneaux ont été estimés équivalents. Mais le groupe américain s’est engagé à verser 34 millions d’euros par an, contre 32 millions pour son rival. Il a en outre proposé un complément élevé si le chiffre d’affaires lié aux nouvelles « sucettes » se révèle supérieur à celui prévu.

La victoire de Clear Channel n’a pas mis fin à la discussion. Ces derniers jours, les élus se sont émus de possibles faiblesses de cette concession de service public. Certains se sont inquiétés des garanties trop limitées apportées par Clear Channel. D’autres, des difficultés de sa maison mère, iHeartMedia. D’autres encore, de la publicité numérique qui serait encore prévue dans le contrat, alors même que le règlement local de publicité n’a pas été modifié de façon à l’autoriser.

Après les revers subis sur Vélib’et Autolib’, « l’exécutif a fait preuve une nouvelle fois d’impréparation », s’est alarmé Jean-Baptiste de Froment, pour Les Républicains. Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, s’est montré suffisamment rassurant pour que le projet passe malgré tout. En espérant que la justice, qui pourrait être saisie, ne trouvera pas à y redire.

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