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Le sexe éco-friendly se glisse dans vos lits

Vibromasseurs bio, préservatifs sans substances animales, lubrifiants naturels… le marché a de plus en plus d’adeptes, jusqu’à devenir très lucratif.

Publié le 03 avril 2019 à 16h54, modifié le 03 avril 2019 à 17h27 Temps de Lecture 3 min.

« Je refuse que mon vagin soit associé à l’huile de palme ! » Dans la série Netflix « Grace et Frankie », Frankie, une septuagénaire bohème, tente désespérément de commercialiser son lubrifiant naturel sans pour autant renier ses valeurs. Si le personnage incarné à l’écran par Lily Tomlin peut paraître extrême avec ses incantations, son inflexibilité bioéthique et ses « do it yourself » continuels, le sexe écolo séduit de plus en plus d’adeptes. Jusqu’à devenir un marché lucratif.

En janvier 2019, la marque américaine Package Free a lancé « Gaia Eco », présenté comme le « premier vibromasseur biodégradable au monde ». Le jouet, conçu par Blush Novelties, a vite été épuisé. L’enseigne promet un effet comparable aux vibromasseurs classiques, mais plus respectueux de l’environnement. Créé avec du bioplastique à base d’amidon, il était disponible en bleu, vert ou corail pour un peu plus de 17 euros. La fondatrice de Package Free, Lauren Singer, a confié sa surprise au Guardian face à cet engouement : « Les gens étaient dingues de ce produit. Les écologistes sont très excités en ce moment », sourit-elle.

Des préservatifs sans gluten

Passés maîtres dans l’art de fabriquer eux-mêmes leur dentifrice maison, les militants de la cause environnementale entendent bien prolonger leur engagement jusque sous la couette. Pour leur offrir un moment de bien-être garanti sans culpabilité, les marques innovent. Sustain Natural, aux Etats-Unis, propose ainsi des préservatifs dont le latex provient de cultures durables et du commerce équitable.

Un enjeu loin d’être anodin, des milliards de préservatifs étant produits chaque année, d’après le Fonds des Nations unies pour la population. Fabriqués avec du pétrole, ces petits morceaux de latex mettent des centaines d’années à se dégrader. Il convient donc d’éviter de les jeter dans les toilettes (ils ne se désagrègent pas et finissent parfois dans l’océan), mais certaines marques vont plus loin et proposent d’en réduire l’empreinte écologique.

S’il est impossible de faire sans leur emballage plastique, pour des raisons sanitaires évidentes, les préservatifs de Sustain Natural sont garantis végans. Car la plupart de ces contraceptifs présents sur le marché contiennent de la caséine – un composant du lait – qui améliore la texture du latex.

Green Condom, une firme Suisse, propose aussi des contraceptifs végans, et même sans gluten, pour celles et ceux qui y sont intolérants. Les nostalgiques des temps anciens (contrairement aux végétaliens) seront séduits par les préservatifs Naturalamb, qui utilisent, comme nos ancêtres, des boyaux de moutons. Attention cependant, la matière est plus poreuse que le latex et ne protège que des grossesses indésirées, pas des maladies sexuellement transmissibles (MST).

Perturbateurs endocriniens

Les préservatifs classiques sont plébiscités pour la protection qu’ils offrent contre des MST potentiellement mortelles. Un sujet malheureusement toujours d’actualité. D’après Sida info service, près d’un million de personnes sont mortes dans le monde de maladies liées au sida en 2017. Pourtant, si les préservatifs inquiètent aujourd’hui certains consommateurs vigilants, c’est précisément pour leurs effets – certes moins dramatiques – sur la santé.

L’impact des produits [classiques] sur la fertilité soulève des inquiétudes

La plupart d’entre eux contiennent en effet des phtalates, des produits chimiques accusés de perturber le système endocrinien et d’affaiblir la fertilité humaine. Ils contiennent souvent aussi du bisphénol A, classé comme « extrêmement préoccupant » par l’Agence européenne des produits chimiques, du parabène, des nonylphénols… La liste des perturbateurs endocriniens dans les préservatifs est longue, comme le montre l’enquête conduite en 2017 par le site Le lanceur. Compte tenu de leur usage intime, l’impact de ces produits sur la fertilité soulève des inquiétudes. Et si ces suspicions s’avèrent exactes, les alternatives contraceptives écologiques ont de l’avenir.

Pour éviter de s’exposer à des produits chimiques, de nombreuses personnalités prônent un retour à la nature plus radical encore. En 2016, l’actrice américaine Gwyneth Paltrow conseillait déjà d’utiliser de l’huile de coco comme lubrifiant. Les huiles naturelles ne peuvent cependant être utilisées qu’avec un partenaire régulier car elles ont tendance à dégrader le latex. Certains de ces lubrifiants disponibles en magasin ne compromettent cependant pas l’efficacité des préservatifs. La boutique française Passage du désir a ainsi remplumé ses étals de lubrifiants biologiques et à base d’eau depuis juillet 2018.

Lire : Article réservé à nos abonnés Pourquoi, et par quoi, remplacer un pénis ?

Du côté des jouets sexuels, il est possible d’en acheter en bois sur le site de l’Italienne Silvia Picari. Sculptés à la main, ces sex-toys chamarrés et presque artistiques peuvent être exposés plutôt que dissimulés dans le tiroir de la table de nuit. Enfin, pour faire des économies tout en épargnant la planète, de nombreux tutoriels sont disponibles en ligne pour confectionner soi-même un sex-toy à partir de produits déjà disponibles dans les placards. Une alternative intéressante pour les amoureux de la planète, l’offre étant encore limitée dans le domaine du sexe écolo.

Diane Regny

Le Monde

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