Au moins 22 civils, dont huit enfants, ont péri depuis mercredi dans des bombardements du régime sur des secteurs tenus par des insurgés dans le nord de la Syrie, a indiqué jeudi une ONG.

« Douze personnes sont mortes aujourd'hui, dont trois enfants, dans des frappes d'artillerie contre la localité de Kafranbel dans la province d'Idleb », a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane.

Il a fait également état de la mort d'un enfant dans la ville de Maaret al-Noomane.  

Ce bilan s'ajoute à « neuf civils, dont quatre enfants, tués mercredi soir dans des frappes sur plusieurs localités », notamment dans le nord de la province de Hama et l'ouest de la province d'Alep, a ajouté le directeur de l'OSDH.   

La province d'Idleb et des secteurs des provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié échappent toujours au contrôle de Damas.  

Ces régions, dominées par l'organisation djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), avaient fait l'objet en septembre dernier d'un accord entre la Turquie, qui appuie les rebelles, et Moscou, allié indéfectible du régime, ayant permis d'empêcher une offensive de l'armée syrienne.

L'accord visait à créer une « zone démilitarisée » séparant les secteurs insurgés des zones gouvernementales attenantes.

Mais l'accord n'a été que partiellement appliqué face au refus des djihadistes de se retirer de la future zone tampon.

Jeudi, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem a fait porter la responsabilité de ce « retard » à Ankara.  

« La Turquie est responsable du retard dans la mise en oeuvre » de l'accord, a affirmé M. Mouallem lors d'une conférence de presse à Damas avec son homologue vénézuélien Jorge Arreaza.  

« Honnêtement, nous attendons toujours que l'accord [...] soit mis en oeuvre, mais notre patience a des limites et nous devons libérer cette terre », a-t-il averti, avant d'ajouter : « Nous perdons patience ».  

Depuis la conclusion de l'accord russo-turc, le régime n'a pas cessé de mener des frappes contre Idleb et ses environs. D'abord sporadiques, ces bombardements se sont intensifiés à partir de février.  

Et pour la première fois depuis la conclusion de l'accord russo-turc, l'aviation russe avait frappé le 13 mars la ville d'Idleb, tuant au moins 13 civils, dont six enfants, selon l'OSDH.

L'ONG Amnistie internationale avait accusé fin mars le régime d'avoir frappé ces dernières semaines, avec la Russie, des installations médicales et une école dans la province d'Idleb.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a mis en garde jeudi contre les risques humanitaires de l'escalade militaire dans cette région.  

« Rien qu'en mars, 90 civils auraient été tués, dont près de la moitié étaient des enfants. Plus de 86 500 personnes ont été déplacées en février et mars, aggravant une situation humanitaire déjà précaire » dans cette région, a indiqué l'OCHA.  

Déclenché en mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 370 000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.