« J’ai demandé à ce que l’enquête soit reprise et poursuivie. » Dans un communiqué, le directeur de l’information de France Télévisions a annoncé, vendredi 5 avril, qu’il comptait reprendre les investigations sur des cas de harcèlement sexuel au sein de la rédaction numérique de Franceinfo. Car si une première enquête interne, qui a duré plusieurs semaines, a d’ores et déjà abouti à des sanctions, de nouvelles révélations, publiées dans la presse vendredi, soulèvent de nouvelles questions.
Cette enquête interne a été lancée en février à la suite de rumeurs dont la direction a été informée. Elle a conduit à une procédure disciplinaire à l’égard de trois collaborateurs : un journaliste du site, employé par le groupe, a été licencié pour « comportements inappropriés » envers des journalistes femmes, a fait savoir la direction jeudi.
Deux responsables de la rédaction de Franceinfo.fr, qui n’ont pas réagi au moment des faits, ont par ailleurs été mis à pied pour « manquement dans la réaction hiérarchique », a précisé Célia Mériguet, directrice de Franceinfo.fr numérique, côté France Télévisions.
« Petites meufs »
Mais vendredi, Libération publiait une enquête révélant, sur la base d’une vingtaine de témoignages, une ambiance sexiste installée dans la rédaction, entretenue et permise par certains cadres : fouille de la vie privée, blagues à connotation sexuelle à répétition, GIF à caractère pornographique envoyés à des jeunes femmes stagiaires ou apprenties surnommées collectivement des « petites meufs »… « De nombreux témoins interrogés dépeignent aussi une rédaction où, sous couvert de l’humour, les blagues racistes sont tolérées », rapporte également Libération, complétant d’autres révélations publiées au même moment par L’Express.
« Le journal Libération apporte […] des éléments qui n’ont pas été portés à notre connaissance, c’est pourquoi j’ai demandé à ce que l’enquête soit reprise et poursuivie », a déclaré dans un communiqué vendredi soir le directeur de l’information à France Télévisions, Yannick Letranchant. « Je suis conscient du profond trouble que cette affaire provoque au sein de la rédaction. Je rappelle que France Télévisions est engagée dans une politique d’exemplarité et de zéro tolérance envers le harcèlement », ajoute-t-il.
Selon Célia Mériguet, ces agissements n’ont toutefois rien à voir avec la Ligue du LOL, du nom de ce groupe Facebook composé d’une trentaine de membres, travaillant dans les médias et la publicité, qui sont accusés de s’être livrés à du cyber-harcèlement depuis 2009, en particulier sur Twitter.
Depuis les révélations sur cette Ligue, à la mi-février, des médias dans lesquels travaillaient des journalistes mis en cause ont pris des sanctions. L’hebdomadaire Les Inrockuptibles a licencié deux anciens membres de la Ligue du LOL. Ils ont été remplacés par deux femmes, respectivement Marie Kirschen, spécialiste des questions féministes et LGBT + (lesbiennes, gays, bi et trans), et Fanny Marlier.
A la suite d’une enquête interne, Libération a pris des mesures similaires à l’encontre du chef de service adjoint du site Web et d’un collaborateur du journal, fondateur du groupe de la Ligue du LOL, et avait expliqué, dans un message d’excuses publié sur Twitter, avoir « créé un monstre qui [lui] a totalement échappé ».
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