Les moustiques pourraient apporter des maladies tropicales en Europe

La hausse des températures pourrait avoir une influence sur le comportement de certains moustiques porteurs de maladies tropicales.
Les moustiques pourraient apporter des maladies tropicales en Europe

La hausse des températures due au réchauffement climatique pourrait avoir une influence sur le comportement de certains moustiques porteurs de la dengue, du chikungunya et du virus Zika, révèle une étude de la revue scientifique PLOS One parue le 28 mars.

Ce n’est pas nouveau, le réchauffement climatique est aussi une source de périls sanitaires. On connaît déjà le risque présenté par le dégel de glaces renfermant des bactéries et des maladies contre lesquelles nous ne sommes probablement pas ou plus immunisés. On craint aussi que les vagues de chaleur ne rendent certaines régions du monde tout simplement inhabitables. Mais d’après une étude parue dans la revue scientifique PLOS One, la hausse des températures pourrait également modifier le comportement de certains moustiques de la famille Aedes, et en particulier Aedes aegypti et Aedes albopictus ( le fameux « moustique tigre »), vecteur principal de maladies tropicales comme la dengue, le virus Zika et le chikungunya.

Dans le scénario extrême d’une augmentation des températures de 4°C d’ici 2080 (c’est-à-dire dans le cas où l’humanité doublerait sa consommation d’énergies fossiles), ces insectes pourraient menacer près d’un milliard d’individus supplémentaires d’ici la fin du siècle. Rappelons qu’avec un million de personnes tuées chaque année à cause des virus qu’ils transmettent à l’homme, les moustiques sont les plus grands « tueurs » de la planète.

Déplacement des virus

Respectivement originaires d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, et présents dans de nombreuses régions tropicales, Aedes aegypti et Aedes albopictus pourraient s’étendre bien plus au nord, jusqu’en Alaska et au nord du cercle Arctique. Ils ne sévissent pour l’heure au sud de l’Europe et des États-Unis que de façon saisonnière. 

Carte des pays touchés par le virus du chikungunya, transmis par le moustique

Le Vieux Continent pourrait être particulièrement touché par ces virus, préviennent les chercheurs, qui estiment que le nombre d’Européens exposés aux virus transmis par ces moustiques pourrait doubler au cours du siècle. « À l’inverse, on s’attend à une baisse significative des transmissions de maladies par Aedes albopictus, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique de l’Ouest  », car il fera tout simplement trop chaud pour que les moutiques puissent « porter » le virus. Aedes aegypti, en revanche, est plus tolérant à la chaleur qu’Aedes albopictus. Son potentiel de transmission est donc susceptible de s’étendre également en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne.

Éradiquer le réchauffement… ou les moustiques

Des « déplacements » des zones d’exposition à ces virus sont donc à prévoir, y compris dans des scénarios plus modérés d’augmentation des températures. À vrai dire, la menace portée par Aedes albopictus est, selon l’étude publiée dans la revue PLOS One, serait particulièrement sensible dans les scénarios intermédiaires de réchauffement climatique, autrement dit même en cas de hausse modérée des températures. « Une atténuation totale du changement climatique par rapport aux niveaux préindustriels pourrait protéger près d’un milliard de personnes de ces arbovirus [transmis par des moustiques, NDLR]. En revanche, une atténuation partielle du réchauffement climatique pourrait entraîner une expansion encore plus importante de la transmission de ces virus par Aedes albopictus  », s’inquiètent les chercheurs.

L’enjeu prend alors une tournure économique, voire politique : « Dans tous les scénarios, atténuer le réchauffement climatique pourrait faire basculer le fardeau de la dengue et du chikungunya (et potentiellement d’autres virus transmis par l’Aedes) des régions à revenus élevés vers les régions tropicales, où la transmission de ces virus pourrait au contraire décliner en cas d’augmentation nette des températures  ».

Convaincue que « le changement climatique est l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur la santé mondiale », Sadie Ryan, co-autrice de cette étude, espère que ces résultats inciteront les organismes de santé à se préparer à ces bouleversements. Certains scientifiques planchent d’ailleurs depuis quelques années sur la modification génétique de ces moustiques porteurs de virus. Fondée en 2002, l’entreprise britannique Oxitec a déjà largué dans la nature des dizaines de milliers de moustiques génétiquement modifiés pour stériliser leur progéniture, dans le but d’éradiquer les populations d’Aedes aegypti

 

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Photo à la Une : Moustique tigre / Wikilmages sur Pixabay.