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La Belgique présente ses excuses aux métis arrachés à leur mère en Afrique

Pendant la colonisation, entre 14 000 et 20 000 enfants sont nés de liaisons entre des hommes belges et des femmes « indigènes » au Congo, au Rwanda et au Burundi.

Le Monde avec AFP

Publié le 05 avril 2019 à 11h27, modifié le 05 avril 2019 à 11h27

Temps de Lecture 7 min.

Le premier ministre belge, Charles Michel, devant la Chambre des représentants, à Bruxelles, le 4 avril 2019.

La Belgique a officiellement présenté ses excuses, jeudi 4 avril, pour les « injustices » subies par les milliers d’enfants métis nés en Afrique de père belge pendant la période coloniale et arrachés à leurs mères, congolaises, rwandaises et burundaises, pour être placés à l’écart de la population.

« Au nom du gouvernement fédéral belge, je présente nos excuses aux métis issus de la colonisation belge et à leurs familles pour les injustices et les souffrances qu’ils ont subies », a déclaré le premier ministre, Charles Michel, devant la Chambre des représentants. « Je souhaite aussi exprimer notre compassion envers les mamans africaines, dont les enfants leur ont été arrachés », a ajouté le dirigeant libéral francophone, disant souhaiter que « ce moment solennel soit une étape supplémentaire vers une prise de conscience de cette partie de notre histoire nationale ».

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Le discours de Charles Michel a été longuement applaudi par des membres de l’association Métis de Belgique venus sur place l’écouter. Pour François d’Adesky, cofondateur de l’association, né en 1946 d’un père belge employé d’une société minière et d’une mère rwandaise, ces excuses de l’Etat belge sont « un événement historique ».

« Ségrégation ciblée »

La Belgique a été la puissance coloniale du Congo (aujourd’hui République démocratique du Congo, ex-Zaïre) et du Ruanda-Urundi, jusqu’aux indépendances acquises en 1960 pour le premier pays et en 1962 pour le Rwanda et le Burundi. Selon M. d’Adesky, entre 14 000 et 20 000 enfants métis sont nés dans ces trois pays de liaisons entre des colons et des femmes « indigènes ». La plupart n’étaient pas reconnus par leur père et ne devaient se mêler ni aux Blancs ni aux Africains, ce que Charles Michel a qualifié de « ségrégation ciblée ». Ils se retrouvaient placés à l’écart de la population, dans des orphelinats et des pensionnats.

Entre 1959 et 1962, un millier d’entre eux ont été rapatriés en Belgique dans des conditions controversées, séparés de leur mère, mais aussi de leurs frères et sœurs. « La répartition des enfants métis sur l’ensemble du territoire de la Belgique s’est effectuée en séparant les fratries et a entraîné des pertes d’identité dues aux différents changements de prénoms, de noms, de dates de naissance », a dit le premier ministre. Déplorant « une politique d’enlèvements forcés », il a évoqué leur « extrême difficulté » à reconstruire ensuite leur vie en Belgique et à être reconnus comme citoyens belges, faute de reconnaissance par le père.

Seuls 10 % de ces enfants métis étaient reconnus par leur père, selon M. d’Adesky. Lui-même dit avoir eu la chance d’être dans ce cas et de compter parmi les premiers revenus en Belgique, dans les années 1950. « Mais ma mère a dû rester au pied de l’avion, je ne l’ai revue que vingt-trois ans après », a-t-il raconté à l’AFP.

Le Monde avec AFP

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