Lundi 8 avril, le gouvernement présentera les conclusions du grand débat national. Si le contenu est encore flou, une multitude de sujets devraient être abordés. Les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), largement mobilisés ces dernières semaines, espèrent compter parmi les voies du changement.

C’est un acteur discret, diffus, mais actif. Le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), revigoré avec le lancement de French Impact en début d’année dernière, a multiplié ces dernières semaines les débats, les contributions, les tribunes et les plateformes. Il a ainsi pris toute sa part dans le Grand débat national organisé par le gouvernement pour répondre à la crise des Gilets jaunes.
"L’ESS démontre au quotidien qu’il existe une autre façon d’entreprendre, qui apporte des réponses concrètes aux besoins du territoire en y associant les citoyens et en créant des emplois non délocalisables. En ce sens, nous sommes un atout et une réponse à la crise", explique Hugues Vidor, président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), qui rassemble 60 000 entreprises.
Le Premier ministre connaît bien l’ESS
L’Udes a ainsi largement mobilisé ses adhérents et ses délégations territoriales pour contribuer au Grand débat. Plusieurs milliers de réunions ont été organisées en région grâce à la mobilisation du mouvement associatif et dans les Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) des Hauts-de-France, de Bretagne ou de Nouvelle-Aquitaine "afin de se faire l’écho de ces personnes qu’on qualifie d’invisibles" précise Hugues Vidor.
L’UDES a également été partie prenante des conférences thématiques organisées par les garants du Grand débat et a été reçu par l’Élysée et par le Premier ministre à cinq reprises. "C’est satisfaisant d’avoir pu exprimer nos idées au plus haut niveau, se réjouit le président de l’Udes. Le Premier ministre connaît d’ailleurs très bien le secteur…"
Parmi les propositions mises en avant par l’organisation, la sanctuarisation des dépenses liées aux politiques sociales, la création d’un guichet unique des aides, la baisse de la TVA pour les produits issus de l’économie circulaire, la mise en place d’un crédit d’impôt à l’innovation sociale et le fléchage de 15 % des commandes publiques vers les entreprises de l’ESS dans dès 25 000 euros, contre 6 % actuellement pour les marchés supérieurs à 90 000 euros.
Gagner la bataille des idées
"C’est ici que l’ESS doit mener et peut gagner la bataille des idées, lance de son côté Hugues Sibille, le président du think tank Le Labo de l’ESS. Partir des problèmes à traiter, montrer que des solutions inventées sur le terrain concret de l’ESS existent, en dégager un récit mobilisateur, capable d’entraîner positivement nos concitoyens y compris les plus modestes et fragiles. Nous ne sommes pas des diseux ! Nous sommes des faiseux qui échangent et argumentent. Nous entreprenons nos idées." 
Dans une tribune publiée mi-mars dans Le Monde avec Cécile Duflot (Oxfam), Laurent Berger (CFDT) ou encore Émery Jacquilla (Camif), Hugues Sibille appelle ainsi les entreprises à changer de modèle et le gouvernement à soutenir cette transition vers une répartition plus juste des richesses, un développement des emplois inclusifs, un partage des décisions et des responsabilités, un meilleur impact social et une réduction de l’empreinte écologique.
Une dernière réunion doit se tenir dans les prochains jours entre les partenaires sociaux et le Premier ministre pour partager les scénarios de sortie. "Nous mesurerons la réussite de notre participation à l’aune des propositions retenues", conclut Hugues Vidor. Un signal positif peut-être : selon une information du JDD, le haut-commissaire à l’ESS, Christophe Itier, essaie de rassembler dans un même portefeuille ministériel l’économie sociale et solidaire, la responsabilité sociétale des entreprises et le mécénat.      
Concepcion Alvarez, @conce1 

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