Récit

1922, la découverte du siècle : la tombe de Toutânkhamon

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C’était il y a 100 ans. Le 4 novembre 1922, dans la Vallée des Rois, Hussein Abdel-Rassoul, un jeune porteur d’eau, découvre la première marche d’un escalier qui s’enfonce dans le sol. L’archéologue Howard Carter est sur le point de faire une découverte qui le fera entrer dans l’Histoire ! Vingt jours plus tard, les fouilles reprennent : derrière la porte frappée de sceaux d’argile se tient le Graal qu’il cherchait depuis cinq ans. La tombe de Toutânkhamon !
Howard Carter travaillant sur le couvercle du deuxième cercueil, octobre 1925
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Howard Carter travaillant sur le couvercle du deuxième cercueil, octobre 1925

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© Bridgeman Images. Photo d'Harry Burton

La tension était à son comble. La matinée n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices : la petite assistance formée autour d’Howard Carter, de Lord Carnarvon accompagné de sa fille Lady Evelyn et de l’ingénieur anglais Arthur Callender, avait progressé lentement. Et Carter flairait une énième déception : « La tombe n’était pas totalement intacte, comme nous l’avions espéré. Des pilleurs y avaient pénétré, et ce à plusieurs reprises… » L’entêté aura eu raison de persévérer.

Howard Carter en 1924
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Howard Carter en 1924

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© DR

Pris de passion à l’adolescence pour les antiquités égyptiennes, chez les Amherst, qui possèdent à Didlington Hall (Norfolk) la plus grande collection de leur temps, Howard Carter s’était retrouvé jeune homme en Égypte avec mission d’exploiter ses talents de dessinateur en copiant les peintures funéraires sur les sites de Beni Hassan et de Deir el-Bersha, en Moyenne-Égypte. Il avait ensuite travaillé sur le site d’Amarna, la capitale du roi Akhenaton, rayée de l’histoire. Puis la Vallée des Rois… Passé avant lui, Theodore Davis, richissime américain, avait affirmé au tempétueux anglais de 48 ans qu’il n’y avait « plus rien dans la Vallée des Rois »… Convaincu du contraire, Carter n’avait cessé de creuser, et encore creuser, avec l’appui financier du fortuné Carnarvon, passionné lui aussi d’archéologie.

Cette saison, démarrée un mois plus tôt, était sa dernière chance : l’équipe de fouille s’était mis en tête d’explorer sous la tombe de Ramsès II, un travail jamais entrepris et très difficile. L’eau devait être transportée à dos d’âne dans des jarres pointues, ensuite stabilisées debout dans le sol friable, au creux de trous.

L’escalier menant à la tombe est enfin dégagé.
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L’escalier menant à la tombe est enfin dégagé.

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© akg-images

« Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la vallée. Une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts. L’avons refermée jusqu’à votre arrivée. Félicitations. »

Howard Carter

C’est là que la chance de l’archéologue anglais se mit à tourner. Le 4 novembre 1922, Hussein, un jeune porteur d’eau, creuse… Trop beau pour être vrai, à sa grande surprise, surgit ce qui ressemble clairement à une marche. Howard Carter se précipite, continue à creuser et découvre un escalier de seize marches, mesurant 1,68 mètre de large et s’enfonçant 4 mètres sous terre. Carter, fébrile, va donner l’ordre de reboucher le trou : il lui faut prévenir son mécène… Qui, bien au chaud dans son château de Highclere, dans le Hampshire, reçoit ce télégramme : « Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la vallée. Une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts. L’avons refermée jusqu’à votre arrivée. Félicitations. »

Reconstitution de la salle de l’antichambre de la tombe de Toutânkhamon
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Reconstitution de la salle de l’antichambre de la tombe de Toutânkhamon

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© akg-images

« À mesure que mes yeux s’accoutumaient à la faible luminosité, des formes se dessinèrent lentement dans l’obscurité de la pièce, d’étranges animaux, des statues et de l’or – partout le scintillement de l’or. »

Howard Carter

Une vingtaine de jours plus tard, nous les retrouvons en train de lire le nom de Toutânkhamon sur les sceaux poussiéreux. Carter allume une chandelle et jette un regard derrière le mur obstruant la deuxième entrée : « D’abord, écrira-t-il, je ne vis rien : l’air chaud s’échappant de la chambre faisait danser la flamme de la bougie. Puis, à mesure que mes yeux s’accoutumaient à la faible luminosité, des formes se dessinèrent lentement dans l’obscurité de la pièce, d’étranges animaux, des statues et de l’or – partout le scintillement de l’or. » Serré dans cette pièce (l’antichambre) où flotte un parfum d’onguent et d’huile, Carter contemple un merveilleux bric-à-brac de lits, de chars… Des statues de gardiens noirs devant un mur attirent son attention.

Harry Burton, La momie avec son masque d’or, telle qu’Howard Carter l’a découverte en ouvrant le troisième sarcophage
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Harry Burton, La momie avec son masque d’or, telle qu’Howard Carter l’a découverte en ouvrant le troisième sarcophage, 29–30 octobre 1925

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Photographie (colorisée) • Dans la tombe de Toutankhâmon • © Griffith Institute, University of Oxford, colorisée par Dynamichrome

D’un seul coup, l’âme d’un pharaon qui reposait depuis plus de trois mille ans allait être réveillée. Carter n’hésite pas, il descelle des blocs et se glisse par un étroit passage où il découvre une fabuleuse chapelle en bois dorée, qui en renferme d’autres. À l’intérieur, un sarcophage. Les sceaux sont inviolés ! L’archéologue est au firmament : « C’est le jour entre les jours le plus merveilleux qu’il m’ait été donné de vivre, et qui à mon sens restera inégalé. »

Trois jours plus tard, le 29 novembre 1922, KV62 est officiellement ouverte devant un parterre de spécialistes triés sur le volet. Il en faudra plus de dix pour déblayer les 5 398 objets. La sépulture voisine de Ramsès VI sert d’entrepôt de stockage et celui-ci se trouve réduit au rôle de gardien. Ironie du sort, ce sont les ouvriers ayant creusé sa tombe qui ont recouvert par accident l’entrée de KV62 ! Ce qui permit à Toutânkhamon de reposer en paix… jusqu’à ce mois de novembre 1922.

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