La France appelle le Japon à respecter les droits de Carlos Ghosn

L’ancien PDG de Renault-Nissan a de nouveau été placé en garde à vue jeudi au Japon. Et cela jusqu’au 14 avril au moins pour répondre à de nouveaux soupçons de malversations financières.

 Carlos Ghosn quitte le cabinet de son avocat, à Tokyo, le 3 avril 2019.
Carlos Ghosn quitte le cabinet de son avocat, à Tokyo, le 3 avril 2019. AFP/Kazuhiro NOGI

    Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a appelé samedi le Japon à respecter les droits et la présomption d'innocence de Carlos Ghosn lors d'un entretien avec son homologue nippon.

    Arrêté un mois après sa remise en liberté, Carlos Ghosn, l'ancien PDG de Renault-Nissan, a été une nouvelle fois placé en garde à vue jeudi au Japon jusqu'au 14 avril au moins pour répondre à de nouveaux soupçons de malversations financières. Il est « extrêmement rare » d'être arrêté après une remise en liberté sous caution, d'après les médias japonais.

    « Notre attachement au respect de la présomption d'innocence »

    « J'ai évidemment évoqué le cas de M. Carlos Ghosn avec mon collègue Taro Kono », a déclaré samedi M. Le Drian à l'issue d'une rencontre avec son homologue japonais en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (G7) à Dinard, dans le nord-ouest de la France.

    « Je lui ai dit deux choses : d'abord, que la France respectait totalement la souveraineté et l'indépendance de la justice japonaise. Et j'ai rappelé aussi notre attachement au respect de la présomption d'innocence et la pleine application de la protection consulaire », a-t-il ajouté.

    Ghosn dénonce un « acharnement »

    Carlos Ghosn est déjà sous le coup de trois inculpations : deux pour déclarations inexactes de revenus sur les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et une pour abus de confiance. Il est accusé d'avoir tenté de faire couvrir par le constructeur japonais des pertes sur des investissements personnels lors de la crise économique de 2008.

    Mais ces nouvelles charges concernant Oman apparaissent « plus graves », selon Stephen Givens, un avocat américain exerçant au Japon depuis 1987. « Si c'est vrai, il a volé la compagnie, détourné des fonds, c'est terrible », a-t-il souligné, ajoutant que « c'est très différent des précédentes accusations qui pouvaient sembler mineures et techniques ».

    Le tribunal de Tokyo a approuvé vendredi la requête du parquet, qui invoque un « risque d'altération des preuves » pour justifier le maintien en détention de l'ancien patron. Avant de retourner en prison, M. Ghosn, « combatif », a dénoncé « un acharnement » et fait « appel au gouvernement français », dans une interview aux chaînes françaises TF1/LCI.