Diana Rigg : «Dans Chapeau melon et bottes de cuir, je gagnais moins que le cameraman !»

Nous avons rencontré Diana Rigg, l’actrice de « Chapeau melon et bottes de cuir » et de « Game of Thrones », qui a ravi les festivaliers de Canneséries en revenant en public sur sa longue carrière.

 Cannes (Alpes-Maritimes), le 5 avril 2019. « Quand j’ai commencé ma carrière, les rôles de femmes à la télévision étaient des femmes au foyer un peu pâlottes », a expliqué Diana Rigg, 80 ans.
Cannes (Alpes-Maritimes), le 5 avril 2019. « Quand j’ai commencé ma carrière, les rôles de femmes à la télévision étaient des femmes au foyer un peu pâlottes », a expliqué Diana Rigg, 80 ans. AFP/Joël Saget

    Une icône. Elle a le pas lent mais les yeux toujours aussi pétillants qu'il y a plus de cinquante ans, quand le grand public l'a découverte en Emma Peel dans « Chapeau melon et bottes de cuir ». Invitée d'honneur du festival Canneséries, Diana Rigg, 80 ans, a foulé la Croisette pour la première fois de sa vie et reçu le Variety Icon Award, qui récompense chaque année une icône du petit écran. Et s'est excusée de ne pas s'exprimer dans notre langue : « Mon français est aussi rouillé que moi. » Échange avec une grande dame pleine d'humour.

    Le rôle d'Emma Peel détonnait vraiment dans le paysage audiovisuel des années 1960, non ?

    DIANA RIGG. Tellement ! Quand j'ai commencé ma carrière, les rôles de femmes à la télévision étaient des femmes au foyer un peu pâlottes. Aujourd'hui, les choses ont bien changé et c'est tant mieux.

    À l'époque, vous êtes devenue un vrai « sex symbol ». Comment l'avez-vous vécu ?

    Mal. Je me sentais rabaissée, parce que j'étais bien plus que cette simple image de femme sexy. D'ailleurs, la combinaison en cuir que je portais était très inconfortable, et me faisait transpirer beaucoup, ce n'était vraiment pas sexy, en vrai (rires) !

    Diana Rigg en Emma Peel dans « Chapeau melon et bottes de cuir »./Collection Christophel
    Diana Rigg en Emma Peel dans « Chapeau melon et bottes de cuir »./Collection Christophel AFP/Joël Saget

    Vous avez déclaré qu'être féministe pour vous, c'était uniquement défendre l'égalité des salaires. Pourquoi ?

    Parce qu'être au même niveau économique qu'un homme est l'unique moyen de gagner son respect.

    Étiez-vous payée autant que Patrick McNee dans « Chapeau melon et bottes de cuir » ?

    Pas du tout. Au début, je gagnais moins que le cameraman ! Quand je m'en suis rendu compte, je m'en suis plainte. À l'époque, on m'a qualifiée de mercenaire. Aucune autre femme de la profession ne m'a soutenue. Personne ne m'a soutenu en fait, pas même Patrick McNee, que j'aimais énormément, mais qui a fait l'autruche. Au final, j'ai obtenu ce que je demandais.

    Vous êtes, à ce jour, la seule femme à avoir incarné la femme de James Bond, en 1969 dans « Au service secret de Sa Majesté ». Quel souvenir en gardez-vous ?

    C'était un très beau rôle, avec de jolis costumes. Je n'étais pas vraiment fan du James Bond en question (NDLR : George Lazenby) qui avait un caractère très difficile, mais ça reste une très belle expérience. D'ailleurs, il serait temps que James Bond se marie à nouveau, non ? (Rires)

    Votre personnage dans « Game of thrones », Lady Olenna Tyrell, était très dur, mais très apprécié des fans…

    J'ai adoré la jouer. Je préfère les personnages mauvais plutôt que les gentils. Olenna était prête à tout pour protéger sa famille, et je pense que beaucoup de gens l'ont comprise.

    Allez-vous regarder la huitième saison qui démarre dimanche prochain ?

    Non, j'ai tourné la page.

    À 80 ans, pensez-vous à la retraite ?

    Non. Tant que le corps va et que la tête va, je continue. Là, je vais très bientôt faire un film d'Edgar Wright (NDLR : « Shaun of the Dead », « Scott Pilgrim »).

    Aujourd'hui, quels sont vos grands plaisirs ?

    Continuer de voyager. Je suis allée partout dans le monde, des Galapagos à l'Asie du Sud-Est. Même quand je regarde la télévision, je me tourne plutôt vers des documentaires, ça me permet de voyager sans les inconvénients des aéroports.

    Quel est votre pays préféré ?

    L'Inde, c'est là que j'ai grandi avant d'arriver en Angleterre à l'âge de 7 ans. J'y retourne souvent, c'est un pays magnifique.