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Billet de blog 7 avril 2019

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Les Iraniens aux prises avec deux cataclysmes : les inondations et les mollahs

L’Iran sous les eaux, emporté par des inondations d’une violence inouïe. Cette catastrophe naturelle est le fruit empoisonné d’une politique systématique de terre brûlée conçue et exécutée par le fascisme religieux au pouvoir depuis 40 ans.

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Illustration 1
les inondations en Iran

Le régime iranien se prépare à de nouvelles inondations massives, peut-on lire dans la presse en France et à l’étranger. Or le gouvernement iranien n’a pas levé le petit doigt pour secourir la population sinistrée de 26 provinces sur les 31 que compte le pays.

L’Iran est frappé par un cataclysme naturel de grande ampleur qui aurait pu être largement évité et dont toute la responsabilité incombe uniquement au pouvoir en place. Un régime qui représente à lui seul un cataclysme encore plus tragique pour la population, car les mollahs et les pasdaran (gardiens de la révolution) se sont livré durant 40 ans à un pillage en règle des ressources naturelles et à une destruction systématique de l’environnement.

Il faut aller sur les réseaux sociaux pour voir l’ampleur de la catastrophe et l’abandon total dans lequel est laissée la population. Pas une grue, pas un hélicoptère, pas une barque, ni un quelconque bateau de secours pour évacuer les sinistrés des inondations.

Le nombre de victimes dépassent de très loin les 200, si on prend en compte les 120 morts à Chiraz le premier jour, et les 90 morts en une nuit au Lorestan dans cette première semaine d’avril.

Des villages entiers ont été engloutis par les eaux, avec leurs habitants et leur cheptel, ou ont disparu sous les éboulements de terrain de ce pays montagneux. Des routes de grandes circulation se sont effondrées dans les torrents impétueux avec des véhicules remplis de passagers. Des villes ont disparu sous les flots, des ponts ont été arrachés comme des fétus de paille et des milliers de maisons se sont écroulées comme des châteaux de carte.

Illustration 2
les inondations en Iran

Pour donner une idée des dégâts, le député de la ville de Poldokhtar frappée par les inondations au Lorestan a déclaré à l’agence Fars que 30.000 habitants étaient sans abri et qu’ils n’avaient pour tout bien que les vêtements qu’ils portaient, beaucoup n’ayant même pas de chaussures. La moitié de la ville est détruite, 10 villages des alentours ont disparu. Une soixantaine d’autres villages sont coupés du monde. Les morts dans cette ville emportée par un torrent furieux sont innombrables, et beaucoup de corps sont encore enfouis dans le mètre de boue que les eaux ont laissé en se retirant.

Aucun moyen de l’armée ni des pasdaran n’a été mis à la disposition de la population. Au Khouzistan dans le sud-ouest, les paysans ont formé des digues avec leur propre corps pour empêcher les eaux de détruire leurs cultures. Les régions sinistrées n’ont reçu ni eau potable, ni vivres, ni médicaments, et n’ont pas vu l’ombre d’une autorité, ni du croissant rouge. Les responsables ne se sont présentés aux portes des agglomérations touchées que pour prendre un selfie ou un film de propagande. Ils ont tous été abreuvés d’injures et plus d’un a été chassé à coups de pierre et de fusil par les habitants furieux devant autant d’indifférence et de cruauté.

Le régime des mollahs a reculé le plus possible l’entrée des secours internationaux, et rien de garantit que cette aide sera distribuée. Il cherche avant tout à cacher l’ampleur réelle des dégâts car il serait immédiatement accusé de crime contre l’humanité.

Illustration 3
les inondations en Iran

Les Iraniens désemparés comptent désormais sur eux-mêmes pour tenter de survivre. La résistance iranienne et ses réseaux sont à pied d’œuvre et se dépensent sans compter pour organiser des secours intérieurs et distribuer des vivres, des médicaments et des biens de première nécessité.

Rarement on aura assisté à une telle entreprise criminelle d’un régime contre son peuple. Déforestation anarchique pour la vente du bois, construction de barrages n’importe où et n’importe comment, occupation des berges et des lits de cours d’eau pour des profits immobiliers, déviations de rivières, disparition des marais, des lacs, des canaux, des fleuves, des nappes phréatiques. La désertification avancée du pays a causé des nuages de poussière et de sel que les vents chauds poussent au-dessus des villes où l’air, mêlé à une grave pollution industrielle, est devenu irrespirable. Et voilà que des pluies diluviennes s’abattent et balaient le pays à la façon d’un immense tsunami.

Comme le dit si justement Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, cette catastrophe a levé le voile sur 40 ans de ravages et de terre brûlée des mollahs dans un pays qu’ils ont envahi. A l’époque, l’invasion mongole avait fait des milliers et des milliers de morts. Mais les mollahs envahisseurs ont détruit tout signe de vie : les habitants, les villes, la faune, la flore, jusqu’aux réserves d’eau.

Illustration 4
les inondations en Iran

Il est nécessaire que la communauté internationale agisse en condamnant le régime iranien qui refuse de porter secours à la population sinistrée. Elle doit faire pression pour que la Croix-Rouge puisse intervenir, et pour que les autres ONG de secours puissent agir auprès de la population.

Tout cela démontre qu’un changement de régime est une nécessité vitale pour le peuple iranien et pour le pays lui-même. C’est pour cela qu’il faut au plus vite reconnaitre le droit du peuple iranien à résister et le soutenir dans son désir urgent de liberté et de démocratie, car il lui faut reconstruire son pays.

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