
AFFAIRE LEGAY - “On croit rêver...” Lundi 8 avril, Mediapart a révélé de nouveaux éléments troublants au sujet de l’enquête menée pour faire le jour sur les violences subies par Geneviève Legay, cette septuagénaire grièvement blessée après avoir été bousculée au cours d’un rassemblement interdit de gilets jaunes, samedi 23 mars à Nice.
Selon le site Internet, l’enquête serait effectivement menée par la compagne du commissaire qui a ordonné la charge contre les manifestants, provoquant ainsi la chute et les blessures de Geneviève Legay.
Ainsi, d’après Mediapart, c’est Hélène P., commissaire en chef de la sûreté départementale qui se serait vu confier l’enquête ouverte par le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre. Une fonctionnaire de police qui vit en concubinage avec Rabah Souchi, le commissaire chargé des opérations au moment des blessures de la septuagénaire, et dont l’attitude ce jour-là a été décriée.
Pourtant, le procureur assure qu’il ne “voit pas le problème” quant à ce possible conflit d’intérêts, alors même qu’il confirme à Mediapart avoir été “tout à fait au courant, au moment de l’ouverture de l’enquête préliminaire, des liens de concubinage” entre les deux policiers.
Un manque de curiosité criant de la part des enquêteurs
Or ce qui pose problème, ce sont les premières auditions menées par les policiers dirigés par Hélène P., des entretiens qui semblent dénoter d’un manque de curiosité surprenant. Alors que les policiers qui ont pris part aux opérations et qui ont été entendus à partir du 25 mars évoquent une charge réclamée par Rabah Souchi, les enquêteurs censés chercher à déterminer les causes des blessures de Geneviève Legay ne posent guère de question quant au déroulé de la charge ou aux manifestants bousculés. Ni d’ailleurs sur le fait que la militante d’Attac ait subi des traumatismes semblant dénoter, comme elle l’affirme, de coups de pied ou de matraque et pas simplement d’une bousculade.
Mediapart précise pourtant que la charge était loin de faire l’unanimité au sein des forces chargées du maintien de l’ordre à Nice le 23 mars. Des escadrons de gendarmes se seraient abstenus d’y prendre part, et l’un d’entre eux explique même qu’une “simple vague de refoulement aurait permis de les [les manifestants, ndlr] disperser sans les brutaliser”. Le militaire poursuit en évoquant un Rabah Souchi “fébrile”, d’une “extrême nervosité”.
Subornation de témoin?
Comme le rapporte encore le site Internet, l’avocat de Geneviève Legay a déposé une plainte concernant les violences subies par sa cliente, mais aussi pour “subornation de témoin”, assurant que les enquêteurs -toujours sous la responsabilité d’Hélène P.- ont cherché à faire dire à la septuagénaire qu’elle a été bousculée par un journaliste et pas par un policier.
Des révélations qui ont scandalisé au sein de la classe politique et militante. Ainsi, la députée insoumise Clémentine Autain, l’ancienne ministre socialiste Marie-Noëlle Lienemann ou la tête de liste du Parti communiste aux européennes Ian Brossat se sont insurgés contre les faits énoncés par Mediapart.
D’après l’article, l’enquête de police devrait désormais être confiée à un autre service, comme le demande d’ailleurs Attac, qui réclame depuis le début de l’affaire un dépaysement.
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