Appuyez sur ESC pour fermer

Yaël David 1

Grâce à Rendr, les touristes font un saut dans le passé en réalité virtuelle

Cofondée par deux ingénieurs spécialisés en imagerie de synthèse, la jeune pousse Rendr est experte en reconstitution de patrimoine en réalité virtuelle. Elle a notamment percé grâce à son application mobile VRLib, qui permet aux touristes de faire un saut dans le passé en découvrant ce à quoi ressemblait une ville dans les années 30, par exemple. Afin d’en savoir plus sur le concept de VRLib et sur les intentions de Rendr, TOM est allé à la rencontre du Président de la startup, Laurent Lefebvre.

Pourquoi avoir créé Rendr ?

Laurent Lefebvre, Président de Rendr

Laurent Lefebvre : Nicolas Mondange (CTO de Rendr, ndlr) et moi-même avons créé Rendr afin d’améliorer l’expérience des touristes. Nous avions déjà les connaissances en termes de reconstitution en réalité virtuelle et en images de synthèse, il ne nous manquait plus qu’à développer un service pour faire un pas dans le Tourisme.

Aujourd’hui, l’équipe de Rendr compte en moyenne une dizaine d’employés, dont des profils d’ingénieurs, de spécialistes de la médiation culturelle et touristiques, de directeurs artistiques et d’historiens. Mais nous travaillons généralement avec des freelances proches ou originaires des territoires sur lesquels nous opérons. Nous pensons qu’il est plus pertinent de collaborer avec des historiens ou artistes locaux qui connaissent bien leurs villes. Par ailleurs, nous travaillons en collaboration avec Orange dont les commerciaux nous permettent de vendre notre service. L’entreprise nous fournit également des balises de géolocalisation ainsi que son Cloud pour assurer les calculs intensifs.

Avec quelles ressources arrivez-vous à reconstituer les villes en réalité virtuelle ?

Pour créer les reconstitutions, nous avons accès aux monuments ou lieux historiques. Nous avons, par exemple, pu nous rendre au phare du Touquet ou au tribunal du commerce d’Alençon pour prendre des prises de vue. Pour les sites fermés aux publics, nous travaillons avec des équipes locales, les offices du tourisme, les archives municipales ou encore des historiens et des archéologues pertinents dans leur domaine. En amont, nous passons par une grande phase de recherches historiques pour récolter un maximum de connaissances et faire une reconstitution en images de synthèse la plus fidèle possible. Le processus de création prend donc entre 3 et 6 mois. Nous utilisons les mêmes techniques que les films d’animation.
En général, nous reconstituons des lieux qui ont complètement changé au fils des années, tels que la ville du Touquet par exemple. Nous avons reconstitué cet endroit en images de synthèse en 1930, en partie à l’aide de photos en noir et blanc fournies par les habitants.

Quel est l’objectif de votre application mobile, VRLib ?

VRLib agit comme un guide touristique. Elle permet aux touristes de découvrir les environs à leur rythme, à l’aide de leur smartphone. L’application prévoit une balade d’environ une heure et demie dans les villes et permet de « rentrer » dans des lieux interdits d’accès au public. D’ailleurs, 70 % des monuments historiques en France sont fermés au public. Un constat dramatique pour l’expérience touristique du pays. Notre mission est donc d’utiliser les nouvelles technologies pour mettre en valeur l’histoire et les monuments de la ville. Nos retours statistiques nous indiquent d’ailleurs qu’en général, les gens restent même trois ou quatre heures sur place. L’application génère en moyenne 40 % d’attractivité en plus dans une ville.

Les touristes peuvent-ils profiter de VRLib sans être sur le lieu reconstitué ?

L’expérience VRLib se fait sur le site. Les touristes doivent donc se rendre dans l’un des lieux pour pouvoir profiter de l’application. Par exemple, pour voir à quoi ressemblait le Château de Richard Cœur-de-Lion, aujourd’hui en ruines, en 1189, il faut se rendre à l’office du tourisme des Andelys qui proposera au touriste de télécharger l’application. Lancer la balade coûte 22 euros : le prix comprend l’entrée dans le donjon du château et l’achat du casque de réalité virtuelle, conçu en carton recyclé et aux couleurs de la ville. Le touriste peut ensuite garder l’application, sur laquelle nous avons prévu une expérience-souvenir en réalité virtuelle. Elle permet de revoir du contenu une fois rentré chez soi.

En quoi consiste les balades proposées ?

Nous avons voulu faire de VRLib un compagnon de visite grâce auquel on peut découvrir un lieu avec les reconstitutions en réalité virtuelle, des images, du texte explicatif, des photos et vidéos, un maximum d’anecdotes et même de l’audio-guidage pour ceux qui aiment la narration auditive. Nous venons par ailleurs de lancer un concept de mini-jeux permettant de guider un public plus jeune à travers le Château de Martainville de manière ludique. La visite se passe donc sous forme d’ « adventure game ».  Nous personnalisons l’application pour chaque ville. Le développement du parcours et du contenu se fait donc exclusivement en co-création.

Techniquement, comment la balade se déroule-t-elle ?

L’application VRLib repose sur un système de navigation développé par Orange. Nous utilisons des beacons Bluetooth disposés dans la ville à chaque point d’expérience. La balise est détectée par le téléphone (le Bluetooth doit être activé, ndlr) et le contenu s’affiche automatiquement sur l’écran. Ce système de géolocalisation permet ainsi une expérience très précise. L’avantage du Bluetooth, par ailleurs, et qu’il consomme peu de batterie.

Le fait de télécharger une application avec tout ce contenu n’est-il pas une contrainte pour les utilisateurs ?

Au téléchargement, l’application ne fait qu’une quinzaine de mégaoctets. Les contenus de VRLib, quant à eux, sont chargés au lancement de la balade à l’aide de la connexion Wi-Fi de leur lieu de départ. L’autre point, c’est que, comme tout le contenu est préchargé dans le téléphone, l’expérience proposée fonctionne dans toutes les conditions de connectivité. Ainsi, un touriste étranger sans réseau mobile peut quand même visiter la ville avec VRLib et bénéficier de toutes les informations à chaque étape.

Pourquoi avoir développé une application à télécharger plutôt qu’une borne, par exemple ?

La raison est simple. Pour faire du développement touristique dans une ville, nos clients souhaitent que les visiteurs restent le plus longtemps possible. Or, une borne ne retient l’utilisateur que pendant quelques minutes, elle ne participe pas au prolongement du temps de visite de la ville. Par ailleurs, lorsque 20 personnes arrivent pour utiliser la borne, nous doutons qu’ils patientent longtemps pour pouvoir l’utiliser. Ce raisonnement est valable pour les bornes, mais aussi pour les grandes tables tactiles. Un service tel que le nôtre peut servir 200 personnes en même temps, à leur rythme. Le dernier point est au niveau de l’hygiène. Je ne serais personnellement pas prêt à apposer ma tête sur une borne dans la rue, utilisée des dizaines, voire des centaines de fois par jour.

Pensez-vous à créer d’autres services que VRLib ?

Nous avons un deuxième produit qui s’adresse aux administrés. Nous nous occupons de reconstituer la ville 10 à 15 ans dans le futur. Nous postons des casques en ‘cardboard’ dans les boîtes aux lettres de tous les habitants pour qu’ils puissent voir à quoi ressemblera leur commune plus tard. Ce service permet donc aux administrations d’apporter de la compréhension sur leur stratégie de développement urbain. Nous avons d’autres projets en tête pour le Tourisme, mais cela reste encore secret…

À lire également : 

Photo d’ouverture : © Rendr

Un commentaire

Laisser un commentaire

X