Partager
Politique

Paris propose à Rome une femme comme ambassadrice au Vatican

EXCLUSIF - Emmanuel Macron a choisi de nommer une femme, la diplomate Elisabeth Beton Delègue, pour le poste prestigieux d’ambassadeur de France près le Saint-Siège. Une première historique qui serait en passe d'être validée par le pape François.

réagir
Le pape François adresse ses voeux au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 7 janvier 2019 au Vatican

Emmanuel Macron nomme une femme ambassadeur au Vatican. Ici le pape François devant la représentation diplomatique. 

POOL/AFP - Ettore FERRARI

Une des dernières chasses gardées masculines de l’administration civile française devrait connaître sa première titulaire féminine dans les prochaines semaines. Paris a en effet proposé le nom de la diplomate Elisabeth Beton Delègue pour occuper le poste d’ambassadeur de France près le Saint-Siège. Emmanuel Macron, qui a approuvé la candidate proposée par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, compte ainsi rompre une longue série de représentants masculins à Rome, qui prend sa source au Moyen-Age. Une constance qui est liée au caractère exclusivement masculin des interlocuteurs dans l’administration pontificale, issus du clergé. Les femmes en sont toujours exclues car l’ordination sacerdotale reste, selon le droit canon catholique, réservée aux hommes.

Catholique

Disruptif, le choix a été officialisé en conseil des ministres fin mars et Paris attend désormais l’agrément officiel de l’administration vaticane pour publier le décret de nomination. « Un choix original qui peut effectivement surprendre, voire provoquer un émoi à la curie, mais qui ne devrait pas rencontrer de difficultés auprès du pape François », estime un diplomate français. Le Vatican aurait déjà fait savoir aux autorités françaises que la nomination serait prochainement validée.

Une issue positive est attendue car la personnalité de la prochaine locataire de la Villa Bonaparte est, en dehors de son sexe, en parfaite ligne avec le profil du poste, réservé aux diplomates catholiques en fin de carrière. Elisabeth Beton Delègue, 64 ans, a gravi tous les échelons de la carrière diplomatique. Elle a été promue en 2016 au grade de ministre plénipotentiaire hors classe, le plus haut de la hiérarchie du corps diplomatique avant l’élévation à la dignité d’ambassadeur de France. Enarque, Elisabeth Beton Delègue a été conseillère au cabinet de Michel Barnier au Quai d'Orsay, avant d’être nommée ambassadrice au Chili, directrice des Amériques et des Caraïbes, puis à nouveau ambassadrice au Mexique et ensuite à Haïti jusqu’en septembre dernier. Elle était depuis en attente d’affectation en tant que chargée de mission à la direction générale de l’administration.

Catholique, mariée à Yves Beton, Elisabeth Beton Delègue est surtout en « situation régulière », selon les termes de la règle diplomatique non écrite qui exige que les ambassadeurs près du Saint-Siège ne soient pas divorcés, pacsés, ou militants de la cause homosexuelle. Une règle qui avait bloqué en 2007 les nominations de l'écrivain Denis Tillinac, divorcé et remarié, et du diplomate Jean-Loup Kuhn-Delforge, pacsé avec son compagnon. Elle avait aussi empêché en 2015 l’ancien chef du protocole de la présidence de la République, Laurent Stefanini, qui assumait son homosexualité, de pouvoir remettre ses lettres de créances au pape, ce dernier refusant de répondre à la proposition de nomination française. S’en était suivi quinze mois de blocage pendant lesquels François Hollande, qui venait de faire adopter après de rudes débats la loi légalisant le mariage de personnes de même sexe, refusait de faire une nouvelle proposition à Rome.

Purgé l'affaire Barbarin

A Paris, on estime que la secrétairerie d'État au Vatican devrait être encline, avec pareil historique, à accepter la proposition d’ambassadrice française et éviter une nouvelle situation de blocage avec le gouvernement de la « Fille aînée de l’Eglise ». Paris compte aussi tirer parti d’un timing millimétré. Car le poste d’ambassadeur de France près le Saint Siège est vacant depuis un an : le précédent titulaire, Philippe Zeller, a quitté ses fonctions le 4 juillet dernier, atteint par la limite d’âge. L’intérim est depuis assuré par le chargé d’affaires français, Yves Teyssier d'Orfeuil.

Paris a par ailleurs attendu pour adresser sa proposition au Vatican que s’achève le procès, très médiatisé, du cardinal Philippe Barbarin. Ce dernier a été condamné le 7 mars dernier à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation des crimes pédophiles d’un prêtre de son diocèse, mais sa démission a été refusée par le pape François dans l'attente du résultat de son procès en appel. Une manière pour le gouvernement français de marquer son souci de séparer les deux dossiers et sa volonté de rechercher un apaisement dans les relations bilatérales avec le Vatican. D'autant que celui-ci est sous la pression de la récente mise en cause de Mgr Luigi Ventura, le nonce apostolique en France, visé par plusieurs enquêtes pour agression sexuelle.  

Contacté, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères n’était pas disponible dans l’immédiat pour faire un commentaire.

 

 

 

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications