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Soupçons d’ingérences russes dans la campagne présidentielle à Madagascar

Un reportage de la BBC revient sur la présence de proches du Kremlin qui auraient cherché à influencer les résultats du scrutin de 2018, remporté par Andry Rajoelina.

Par Augustine Passilly

Publié le 10 avril 2019 à 17h46, modifié le 10 avril 2019 à 22h44

Temps de Lecture 29 min.

Après les soupçons d’ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine, les doutes se portent sur Madagascar, où Andry Rajoelina a été élu avec 55,66 % des suffrages lors du second tour de la présidentielle, le 19 décembre 2018. Une victoire immédiatement contestée par son rival, Marc Ravalomanana, et par une partie de la population, descendue dans les rues pour réclamer « la vérité des urnes ». Réalisé par la journaliste indépendante Gaelle Borgia et diffusé lundi 8 avril par la BBC, un reportage de près de trente minutes montre comment des proches du Kremlin auraient cherché à influencer les résultats du scrutin.

Une douzaine d’émissaires russes, arrivés sur l’île huit mois avant l’élection, auraient remis de l’argent à au moins six des 36 candidats en lice. Parmi eux, le pasteur André Mailhol, qui explique que ces hommes, qui se présentaient comme des touristes, lui ont entre autres payé sa « caution présidentielle » en lui donnant l’équivalent de plusieurs dizaines de milliers d’euros en liquide. « Ils m’ont proposé de signer un document. Ils m’ont dit qu’on était huit ou neuf candidats qu’ils soutenaient, donc que si l’un de nous arrivait en premier, on devait le soutenir », témoigne-t-il dans le reportage publié par la BBC. Le pasteur a accepté, alors persuadé d’arriver en première position.

L’ex-candidat et ancien premier ministre Jean-Omer Beriziky a également été approché par ces mystérieux touristes russes. « Ils m’ont demandé si j’étais prêt à ouvrir la diplomatie malgache vers d’autres horizons. Je leur ai répondu : “Bien évidemment.” Ils m’ont dit : “On va vous aider” », se souvient celui à qui les Russes ont promis quelque 2 millions de dollars (près de 1,8 million d’euros). Sceptique, sa directrice de campagne résume : « Il me semble qu’ils avaient décidé de notre rôle et nous, nous devions simplement nous exécuter. J’avais l’impression que nous étions de simples fournisseurs de services plutôt qu’une vraie équipe de campagne. »

Un garde du corps russe

MM. Mailhol et Beriziky ont tous deux fini par perdre cet appui financier après avoir refusé de retirer leur candidature pour soutenir Andry Rajoelina. Certains de leurs interlocuteurs russes sont identifiés dans ce reportage, comme Andrei Kramar, décrit comme très introduit dans les milieux politiques, l’homme d’affaires Roman Pozdnyakov, Vladimir Boyarishev, proche des circuits diamantaires, ou encore Maksim Shugaley, directeur de campagnes politiques.

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Leurs actions auraient été coordonnées par Yevgeny Prigozhin, bras financier de techniciens russes dans plusieurs pays d’Afrique. Ce proche du président Vladimir Poutine figure sur la liste des sanctions américaines à la suite de l’enquête sur les interférences russes dans la campagne présidentielle. Il est en effet à la tête de l’Internet Research Agency, surnommée « l’usine à trolls », un outil de propagande qui répand de fausses informations sur les réseaux sociaux.

A Madagascar, l’absence de limite concernant les dépenses de campagne et les financements étrangers aurait facilité cette ingérence. Interrogé par la journaliste Gaelle Borgia, Andry Rajoelina dément ces soupçons : « Je ne suis pas le candidat d’un pays, je suis le candidat de tout le monde, je suis le candidat du peuple malgache. » Des déclarations sur lesquelles la journaliste émet de sérieux doutes : l’ancien garde du corps russe du pasteur Mailhol aurait, selon ce dernier, rejoint M. Rajoelina pendant la campagne électorale.

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