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NIGER

Boko Haram attaque des civils au Niger : "Nous ne pouvons pas compter sur les forces de sécurité"

Boko Haram a attaqué le village de N'Guigmi, dans le sud-est du Niger, le 26 mars. Photo prise par Lawan Boukar, un journaliste basé dans la région de Diffa.
Boko Haram a attaqué le village de N'Guigmi, dans le sud-est du Niger, le 26 mars. Photo prise par Lawan Boukar, un journaliste basé dans la région de Diffa.
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Les attaques de Boko Haram visant les civils se sont multipliées récemment au Niger. Fin mars, l'une d'entre elles a fait au moins dix morts à N’Guigmi, dans la région de Diffa, dans le sud-est du pays. Notre Observateur habite sur place : il nous raconte ce qu’il a vu.

Les Nations unies ont déclaré que 88 civils avaient été tués en mars dans la région de Diffa, située près de la frontière avec le Nigeria et le Tchad (où 107 personnes avaient déjà perdu la vie en 2018). Les autorités ont indiqué que 21 attaques avaient eu lieu dans la zone, causées par une intensification des activités de Boko Haram, et que 18 500 personnes avaient été déplacées.

Le 26 mars, au moins dix civils ont ainsi été tués lors d’une attaque-suicide de Boko Haram dans le village de N’Guigmi, au nord de la région. Deux femmes kamikazes ont fait exploser leurs bombes devant les quartiers de la police et des hommes armés ont ensuite ouvert le feu sur des civils, comme l'a indiqué à l'AFP le maire de la ville, Abba Kaya Issa.

"Nous avons des gardes et des officiers ici, mais personne n’a rien fait"

Notre Observateur Sinni Hisseine, un commerçant qui habite à N’Guigmi, raconte avoir entendu deux explosions près de sa maison aux environs de 22 h.

J’étais à la maison avec mes amis, et nous avons décidé de rester à l’intérieur : c’était plus sûr, les militaires ne risquaient pas de nous tirer dessus.

Le groupe terroriste était en train de tirer et nous avons vu des éclairs de lumière. Ça a continué jusqu’à 2 h du matin.

Le lendemain, je suis sorti pour voir ce qu’il s’était passé. Il y avait des corps partout, entre 12 et 14. Nous avons des gardes et des officiers ici, mais personne n’a rien fait au cours de la nuit : peut-être qu’ils ont eu peur de Boko Haram, qu’il y ait un autre kamikaze. Je me suis senti découragé. Nous attendons des forces de sécurité qu’elles réagissent, mais nous avons l’impression que nous ne pouvons pas compter sur elles.

Ensuite, je suis allé à l’hôpital, où un ami m’a laissé entrer. J’ai pu prendre quelques photos des blessés.

La rédaction des Observateurs de France 24 a décidé de ne pas publier ces images, compte tenu de leur caractère violent.

L’augmentation du nombre d’attaques visant des civils, les incendies de maisons et l’utilisation de kamikazes indiqueraient, selon des experts, un possible changement de stratégie de Boko Haram.

Moussa Tchangari, responsable de l’ONG nigérienne Espace citoyens, juge "préoccupante" cette hausse du nombre d’attaques visant les civils dans la région.

Boko Haram est à nouveau en train de viser la population civile, tout comme ils le faisaient au début de la crise. Ils brûlent des maisons, tuent des civils et les forcent à fuir.

Ils se sont organisés récemment et maintenant que la rivière Komadougou commence à s’assécher [le niveau de cette rivière, qui sépare le Niger du Nigeria, baisse entre janvier et juin, NDLR], c’est plus facile pour eux de traverser et d’attaquer.

Chaque faction a sa propre stratégie. Nous pensons que l’une d’elles vise essentiellement les forces de sécurité, et qu’une autre vise à la fois les forces de sécurité et les civils.

L’attaque de N’Guigmi est préoccupante. Ils n’ont pas pour habitude de lancer une attaque comme ça. Il y avait notamment deux femmes kamikazes. C’est une méthode qu’ils n’ont pas utilisée depuis longtemps, depuis peut-être un an.

Cet article a été écrit par Jenny Che.

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