ENQUÊTE Un chirurgien de Grenoble suspendu après 54 opérations "abusives"

L'Est Républicain - 11 avr. 2019 à 08:35 | mis à jour le 11 avr. 2019 à 08:48 - Temps de lecture :

Un chirurgien isérois, qui officiait au CHU Grenoble Alpes et dans une clinique d'Échirolles, dans la banlieue grenobloise, a été suspendu trois ans dont 18 mois avec sursis à compter du 1er mai par le Conseil national de l'ordre des médecins, rapporte ce jeudi Le Dauphiné Libéré. Il a également été condamné à rembourser 35 302 euros à la Caisse primaire d’assurance maladie pour des interventions chirurgicales qui n’étaient "pas nécessaires".

Le Conseil d'État a été saisi, précise l'avocat du médecin au quotidien régional.

Des opérations survenues entre 2013 et 2014

Ce spécialiste de la chirurgie orthopédique et de la traumatologie serait soupçonné d'avoir mené 54 opérations "abusives", selon l'Assurance maladie, qui a déposé plainte en 2016. La CPAM de l'Isère estime qu'en 2013 et 2014, "54 patients ont été opérés sans justification médicale, ce qui les a exposés à un risque injustifié".

Dans son rapport, l'Ordre indique également que "le médecin n’aurait pas respecté une technique opératoire conforme aux recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de santé sur la pertinence de la chirurgie des lombalgies". 

Je pense que ce médecin a bénéficié de beaucoup trop de mansuétude jusqu’à présent et qu’il devrait être définitivement radié.

Me Édouard Bourgin, avocat de cinq patients

"L'enquête n’a porté que sur deux années d’activité de ce chirurgien. Deux ans durant lesquels 54 des patients qui sont passés entre ses mains ont été victimes soit d’invalidité, soit de paraplégie, soit de conséquences indésirables. C’est énorme !", note Me Édouard Bourgin, avocat de cinq patients. Parmi eux, deux ont subi une amputation et deux sont en fauteuil roulant.

Quatre patients ont également déposé une plainte auprès du procureur de la République de Grenoble, dans l'espoir d'un procès pénal.

"On a l’impression d'avoir affaire à un véritable boucher. Il n'en est rien !"

"On a l’impression que les 54 dossiers concernent 54 actes chirurgicaux pratiqués par ce médecin et que l’on a donc affaire à un véritable boucher ! Il n’en est rien. La plainte a été déposée par la CPAM et non par 54 patients", défend Me Bernard Boulloud, l'avocat du praticien grenoblois. 

Il ajoute : "Par ailleurs, un certain nombre de griefs portent sur des défauts de conseils et d’information ou des imprudences mais pas sur 54 actes chirurgicaux qui auraient été loupés. Or, s’il s’agit d’un défaut d’information, encore faut-il démontrer qu’il y a un lien entre ce défaut d’informations et l’infirmité dont on se plaint."

L'avocat demande que la sanction de suspension visant le chirurgien ne soit pas effective avant la décision du Conseil d'État.