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Au Venezuela, la situation humanitaire s'est aggravée ces dernières semaines (ONU)

Une migrante vénézuélienne en Colombie en avril 2019.
@UNHCR/Vincent Tremeau
Une migrante vénézuélienne en Colombie en avril 2019.

Au Venezuela, la situation humanitaire s'est aggravée ces dernières semaines (ONU)

Aide humanitaire

Deux hauts responsables des Nations Unies ont appelé mercredi le Conseil de sécurité et la communauté internationale à faire davantage pour aider les millions de Vénézuéliens vulnérables à l’intérieur et à l’extérieur de leur pays.

« Il y a un problème humanitaire bien réel au Venezuela », a déclaré Mark Lowcock, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires lors d’une réunion du Conseil de sécurité à laquelle participait le Vice-Président des Etats-Unis, Mike Pence.

Selon M. Lowcock, qui est également Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, « la situation humanitaire s'est aggravée » ces six dernières semaines au Venezuela.

Des coupures d'électricité touchent l'ensemble du pays, affectant le fonctionnement vital des hôpitaux. De nombreux réseaux d’eaux et d’assainissement sont hors service. Plus d'un million d'enfants sont déscolarisés. La crise économique et la baisse du pouvoir d'achat des gens ordinaires rendent inabordable la nourriture pour de nombreuses familles.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), sept millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire au Venezuela, soit environ 25% de la population.

La malnutrition a fortement augmenté au Venezuela, en particulier dans les régions où les taux de pauvreté sont les plus élevés. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 3,7 millions de personnes souffraient de sous-alimentation en 2018, cette dernière ayant presque triplé en cinq ans.

Le chef de l’humanitaire de l’ONU a sollicité l’appui du Conseil de sécurité pour faire respecter les principes humanitaires « de neutralité et d’impartialité » au Venezuela, permettre un accès « durable et régulier » des organisations humanitaires aux personnes dans le besoin et pour obtenir davantage de fonds afin de financer l’aide humanitaire. « Votre soutien continu est essentiel. Mais nous avons besoin de beaucoup plus », a souligné M. Lowcock.

Des centaines de Vénézueliens attendent à la frontière de l'Equateur avec la Colombie de pouvoir continuer leur périple.
UNICEF/Santiago Arcos
Des centaines de Vénézueliens attendent à la frontière de l'Equateur avec la Colombie de pouvoir continuer leur périple.

3,7 millions de Vénézuéliens à l'extérieur de leur pays

La crise qui touche le Venezuela a entraîné un « exode de population dont l'ampleur est sans précédent dans l'histoire moderne de la région », a pour sa part souligné Eduardo Stein, l’envoyé de l’ONU pour les réfugiés et migrants vénézuéliens.

« À l'heure actuelle, nous estimons à 3,7 millions le nombre de Vénézuéliens se trouvant à l'extérieur de leur pays », a-t-il ajouté, précisant que 80% d’entre eux sont partis depuis 2015.

L'année dernière, plus de 5.000 Vénézuéliens quittaient leur pays chaque jour et ils continuent de le faire malgré les récentes fermetures des frontières du côté vénézuélien. « Si les tendances se poursuivent en 2019, nous estimons que le nombre total de Vénézuéliens à l'extérieur du pays sera de plus de 5 millions d'ici la fin de l'année », a dit M. Stein, Représentant spécial conjoint de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Plusieurs témoignages et réactions des Vénézuéliens ayant quitté leur pays permettent de comprendre les raisons de leur exode : l’insécurité et les violences ; le manque d'accès à la nourriture, aux médicaments, à l'eau et à l'assainissement ; la perte de revenus et l'absence de protection nationale.

Aujourd’hui, de nombreuses familles vénézuéliennes ayant fui à l’étranger sont séparées. La fermeture des frontières a contraint une majorité de personnes à quitter le Venezuela dans des conditions irrégulières et dangereuses au risque de tomber dans les mains de passeurs, d’organisations criminelles impliquées dans la traite d’êtres humains et de groupes armés non-étatiques.

« Les Vénézuéliens restent sans papiers, invisibles et sans accès aux droits fondamentaux, et exposés à des situations de violence, d'exploitation ou d'abus », a alerté M. Stein. Il a appelé le Conseil de sécurité et les Etats membres de l’ONU à soutenir les pays et les communautés qui accueillent les réfugiés et migrants vénézuéliens ainsi que les acteurs humanitaires qui doivent gérer « une crise humanitaire sans précédent ».