Brexit: Macron exaspère ses homologues dans les couloirs de Bruxelles
Emmanuel Macron aurait exaspéré ses homologues européens sur la question du Brexit. Les 27 dirigeants européens, divisés entre les partisans d'un court report - menés par la France - et les défenseurs d'un délai plus long, ont mis plusieurs heures mercredi pour forger une proposition aux Britanniques à propos du Brexit.
Vers 01h30, ils ont annoncé à la Première ministre Theresa May que la sortie du Royaume-Uni pouvait être retardée jusqu'au 31 octobre, dans six mois, et ont ainsi provisoirement écarté le spectre d'une séparation brutale.
Le report convenu dans la nuit de mercredi à jeudi "est aussi flexible que je m'y attendais, et un peu plus court que je ne l'espérais", a déclaré Donald Tusk, président du conseil européen.
Une majorité pour un report plus long
Des diplomates européens ont déclaré que plusieurs pays avaient critiqué l'intransigeance de la France, hostile au report de neuf à 12 mois pour lequel plaidaient une majorité de pays. "Il y a eu des sensibilités différentes", a reconnu Emmanuel Macron mercredi soir.
D'après les calculs de The Telegraph, 17 chefs d'État souhaitaient un report long, trois se disaient "ouverts d'esprit", quatre désiraient un report court mais comptaient s'aligner sur la majorité, seule la France présentait une position inflexible: un délai court, ou pas d'accord.
Emmanuel Macron "est dans une situation un peu schizophrénique - son public national exige qu'il soit dur envers la Grande-Bretagne", déclare un diplomate au Telegraph, "mais la France fait partie des pays les plus durement touchés par le Brexit. Il faudra des heures avant que nous le tirions de son arbre."
La date du 31 octobre logique
Les pays favorables au report court - comme la Belgique, soutien de la position française - s'inquiètent de la capacité de nuisance que pourrait avoir un Royaume-Uni qui garderait un pied dans l'UE et l'autre dehors pendant une durée indéterminée.
A la sortie de la réunion extraordinaire du Conseil européen sur le Brexit, le président français a été interrogé sur la position isolée de la France dans les débats: "C'est vrai que la position majoritaire était de donner une extension très longue, mais à mes yeux ça n'était pas logique et ce n'était ni bon pour nous, ni bon pour les Britanniques".
Selon lui, la date du 31 octobre est logique, car, quand la prochaine Commission européenne prendra ses fonctions le 1er novembre, la question du Brexit sera alors réglée.
"Très exaspérés"
Mais ces arguments n'ont pas convaincu tous les acteurs de l'Union européenne, qui ont surtout retenu la rigidité française. "Nous ne résolvons plus que les problèmes domestiques français", a lancé Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, d'après le journal britannique The Guardian. Les représentants allemands ont, eux, déclaré être "très exaspérés" par l'attitude d'Emmanuel Macron.
Le président américain Donald Trump a déploré mercredi sur Twitter que l'UE soit "si dure" avec le Royaume-Uni. Il ajoute ensuite que "l'UE est également un partenaire commercial brutal avec les États-Unis, ce qui va changer".