Récap

Cinq affaires qui ont été révélées WikiLeaks

Brève histoire des coups d'éclat du site internet alors que son fondateur, Julian Assange, a été arrêté ce jeudi à Londres.
par Frédéric Autran, Lucie Lespinasse et Clémentine Rigot
publié le 11 avril 2019 à 20h02

Julian Assange, fondateur de la plateforme WikiLeaks, a été arrêté ce jeudi matin, alors qu'il était réfugié à l'ambassade d'Equateur depuis près de sept ans. Le «cyber-warrior» avait créé sa plateforme en 2006, dans le but de «libérer la presse» et de «démasquer les secrets et abus d'Etat». WikiLeaks, qui se définit comme une «organisation médiatique multinationale et une librairie associée», a publié, depuis sa création, plus de dix millions de documents et des centaines d'affaires, concernant des sujets militaires, diplomatiques, économiques et bien plus. Retour sur cinq d'entre elles.

«Les bipeurs du 11 septembre» - 2009

Le site s'est fait connaître en 2009 grâce à la diffusion de 570 000 messages de bipeurs interceptés le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Ils sont publiés chronologiquement et couvrent une période de vingt-quatre heures autour des attentats. Parmi les expéditeurs, on recense des citoyens américains mais aussi le Pentagone, le FBI, l'Agence fédérale des situations d'urgence ou encore la police de New York, ainsi que des messages d'ordinateurs provenant des banques à l'intérieur du World Trade Center. L'origine de l'enregistrement et la manière dont l'organisation se l'est procurée demeure inconnue.

«Les War Logs» - 2010

Entre le 5 avril et le 22 octobre 2010, plus de 500 000 documents classifiés de l'armée américaine concernant les guerres en Afghanistan et en Irak sont divulgués sur la plateforme de WikiLeaks. Bradley Manning (aujourd'hui Chelsea Manning), alors analyste de l'armée américaine, est à la source de cette fuite. Ces notes démontrent notamment de nombreuses bavures de l'armée de la coalition, qui ont entraîné la mort de civils, mais aussi d'actes de torture sur des prisonniers. Ces documents remettent donc en cause les chiffres officiels sur le nombre de civils tués. Suite à ces révélations, une enquête sur l'armée américaine est ouverte et plusieurs gouvernements étrangers dénoncent ces fuites estimant qu'elles mettent en danger les agents collaborant avec l'armée.

«Cablegate» - 2010

Le 28 novembre 2010, WikiLeaks publie 250 000 télégrammes diplomatiques récupérés auprès du département d'Etat à Washington. Ces documents, qui montrent notamment la contradiction entre les positions officielles de l'Etat américain et ce qui se dit en coulisse, ont également été envoyés à l'organisation par Bradley Manning, ce qui lui vaut une peine de 35 ans de prison pour espionnage (pour les War Logs et le Cablegate). La Maison Blanche condamne la publication «irresponsable et dangereuse» de ces documents, estimant qu'ils pourraient faire courir des risques mortels à des individus. Ces publications marquent le début des ennuis juridiques pour Julian Assange, poursuivi par les Etats-Unis et contraint de s'exiler, mais font la notoriété de la plateforme.

Les écoutes des présidents - 2015

Le 23 juin 2015, Libération et Mediapart publient en collaboration avec WikiLeaks des documents prouvant que la NSA (Agence nationale de sécurité) a espionné trois anciens présidents français : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Les enregistrements concernent les anciens chefs d'Etat mais aussi certains de leurs collaborateurs et ont été réalisés entre 2006 et le 22 mai 2012 (dernier enregistrement divulgué). Ces documents classés «top secret» étaient destinés à des responsables de la NSA et de la communauté américaine du renseignement. Deux jours après la publication de ces documents, François Hollande condamne ces pratiques, qu'il décrit comme des «agressions» mais assure que l'affaire est classée après avoir obtenu des engagements des Etats-Unis.

Les mails des démocrates - 2016

C'est sans doute l'épisode qui a nui le plus à l'image de WikiLeaks et de son fondateur. Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle américaine de 2016, qui oppose la démocrate Hillary Clinton au républicain Donald Trump, le site internet publie des dizaines de milliers de mails piratés provenant du Parti démocrate et de l'équipe de l'ancienne secrétaire d'Etat, dont son directeur de campagne John Podesta. Diffusés à des moments clés (juste avant la convention démocrate en juillet, juste après la diffusion d'une vidéo contenant des propos sexistes de Trump en octobre), ces messages visent à discréditer la candidate démocrate. Pour les services de renseignement américains comme pour le procureur spécial Robert Mueller, cela ne fait aucun doute : les mails en question ont été piratés par des agents russes avant d'être transmis à WikiLeaks. «J'adore WikiLeaks», déclarait Donald Trump lors d'un meeting en Pennsylvanie, à trois semaines du scrutin.

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