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En Iran, « lorsqu’un avocat défend un manifestant, il est arrêté à son tour »

L’avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix en 2003, dénonce la condamnation de sa consœur et amie, Nasrin Sotoudeh, à douze ans de prison à Téhéran.

Propos recueillis par 

Publié le 11 avril 2019 à 19h18, modifié le 12 avril 2019 à 14h31

Temps de Lecture 3 min.

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Nasrin Sotoudeh, à Téhéran, en 2013, à sa libération, après trois ans d’emprisonnement.

L’avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix en 2003 et exilée hors de son pays depuis 2009, était au barreau de Paris, jeudi 11 avril, pour défendre sa consœur et amie Nasrin Sotoudeh. Emprisonnée depuis juin 2018 à Téhéran, cette militante des droits humains a été condamnée en mars par un tribunal révolutionnaire à une série de peines qui, cumulées, représentent trente-huit ans d’emprisonnement et 148 coups de fouet. Dans les faits, Mme Sotoudeh devra passer au moins douze ans derrière les barreaux.

Pourquoi Nasrin Sotoudeh a-t-elle été condamnée à une peine si sévère ?

Ce gouvernement exerce une pression maximale sur les avocats indépendants : c’est une dictature qui ne tolère pas la liberté d’expression. La raison profonde d’une telle sévérité contre Mme Sotoudeh est l’absence d’indépendance des tribunaux et l’influence directe qu’ils subissent du ministère du renseignement.

Pourquoi la justice lui reproche-t-elle d’avoir défendu deux femmes qui s’étaient dévoilées en public ?

D’après la loi instaurée au lendemain de la révolution islamique de 1979, toute femme se déplaçant en Iran, qu’elle soit musulmane ou non, est tenue de porter le voile islamique. Les femmes se sont exprimées contre cela dès la révolution, de bien des manières. En 2018, plusieurs jeunes filles, de leur propre initiative, ont retiré leur voile et l’ont érigé au bout d’un bâton en signe de protestation, silencieuse et pacifique. Il y a eu des représailles très violentes : l’une d’elles a fait l’objet d’une peine de vingt ans de prison.

Nasrin Sotoudeh a accepté de défendre deux d’entre elles, affirmant qu’elles n’avaient commis aucun délit, mais seulement exprimé une opinion. Elle a été condamnée à douze ans de prison pour avoir accepté ces dossiers : sa défense a été assimilée à une promotion de la « débauche ». Le régime craignait qu’elle n’incite d’autres femmes, plus nombreuses, à se dévoiler.

Quel regard portez-vous sur la répression qui frappe depuis un an les militants des droits humains ?

Quatre autres avocats sont aujourd’hui sous les verrous et une soixantaine font l’objet de poursuites, qui peuvent un jour ou l’autre les conduire en prison. Jour après jour, les attaques du régime s’intensifient, par des arrestations et le vote de lois de plus en restrictives. Dernier exemple en date, dans la phase d’instruction d’atteintes supposées à la sûreté de l’Etat, les accusés ne peuvent désormais avoir recours qu’à des avocats approuvés par le pouvoir judiciaire. Ils sont dix-huit à Téhéran. Les avocats indépendants n’ont pas le droit de les défendre, et ceux qui ont protesté devant le Parlement contre cette loi ont été arrêtés.

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