Le Vietnam interdit le glyphosate, les Etats-Unis contre-attaquent

Désherbant le plus utilisé au monde, il est classé « cancérigène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’OMS.

Bayer vient de subir deux défaites judiciaires de taille aux Etats-Unis, condamnant la firme à verser des dizaines de millions de dollars à deux personnes atteintes d’un cancer qu’elles attribuent au Roundup.

Bayer vient de subir deux défaites judiciaires de taille aux Etats-Unis, condamnant la firme à verser des dizaines de millions de dollars à deux personnes atteintes d’un cancer qu’elles attribuent au Roundup. JOSH EDELSON / AFP

Invoquant la « toxicité » des produits contenant du glyphosate et leur impact sur l’environnement et la santé, le ministère vietnamien de l’Agriculture a officiellement annoncé mercredi 10 avril leur retrait des listes de produits approuvés dans le pays.

Le ministre américain de l’Agriculture, Sonny Perdue, est monté en première ligne jeudi pour défendre ce pesticide controversé, dans un communiqué :

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« Nous sommes déçus par la décision du Vietnam d’interdire le glyphosate, une démarche qui va avoir des effets dévastateurs sur la production agricole mondiale. Comme je l’ai souvent dit, si nous voulons nourrir 10 milliards de personnes en 2050, les agriculteurs du monde entier doivent avoir accès à tous les outils et technologies disponibles. »

Le glyphosate est commercialisé sous diverses marques mais la plus connue reste le Roundup du groupe américain Monsanto, filiale depuis l’an dernier du géant allemand de la chimie Bayer.

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Monsanto attaqué de toutes parts

Désherbant le plus utilisé au monde, il est classé « cancérigène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Bayer affirme pour sa part que « la science confirme que les désherbants au glyphosate ne causent pas le cancer » – une assertion défendue par les autorités américaines, comme le rappelle Sonny Perdue dans son communiqué :

« A de nombreuses reprises, le ministère américain de l’Agriculture a partagé [avec les autorités vietnamiennes] des études scientifiques de l’Agence américaine de protection de l’environnement et d’autres organisations internationalement reconnues concluant que le glyphosate ne posait probablement pas de risques cancérigènes pour les humains. »

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Le ministre américain affirme par ailleurs que le Vietnam n’a pas respecté l’obligation de notifier ce changement réglementaire à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), suggérant ainsi un possible recours devant l’institution.

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Monsanto est actuellement attaqué de toutes parts pour ses pesticides. Aux Etats-Unis, la filiale de Bayer vient de subir deux défaites judiciaires de taille, la condamnant à verser des dizaines de millions de dollars à deux personnes atteintes d’un cancer qu’elles attribuent au Roundup, et fait face à des milliers d’autres procédures similaires.

En France, un agriculteur a remporté jeudi à Lyon une nouvelle bataille judiciaire dans le combat qu’il mène face à la société américaine depuis son intoxication en 2004 par le désherbant Lasso, désormais interdit.

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L’utilisation du glyphosate a, pour sa part, été limitée par une poignée de pays, le Sri Lanka décidant par exemple de l’interdire totalement en 2015 avant de revenir partiellement sur cette décision en 2018. Le gouvernement français a promis que le glyphosate serait interdit d’ici fin 2020 pour les principaux usages quand des alternatives existent et d’ici fin 2022 pour l’ensemble des usages.

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