Jeune femme assise par terre dans un musée avec un casque de réalité virtuelle.

La réalité virtuelle s'incruste au Palais de Tokyo et entre enfin dans la cour des grands

© Palais de Tokyo

Mercredi 3 avril 2019, le Palais de Tokyo et le magazine Fisheye ont inauguré le Palais virtuel. Cet espace est dédié aux œuvres en réalité virtuelle. C’est la première fois en France qu’un musée consacre un lieu permanent à cette technologie.

Vous souvenez-vous de Mary Poppins sautant à pieds joints dans un tableau ?  Les œuvres en réalité virtuelle provoquent un peu le même effet. On peut découvrir (ou redécouvrir) cette sensation au Palais de Tokyo. Le musée parisien et le magazine Fisheye ont inauguré mercredi 3 avril le Palais virtuel : un espace permanent dédié à la réalité virtuelle. Une première en France.

Ce n'est toutefois pas la première fois que réalité virtuelle et art sont associés. Des événements comme le VR Arles Festival et Recto VRso à Laval sont entièrement consacrés aux artistes et cinéastes spécialistes de la réalité immersive. Hors Hexagone, les artistes en réalité virtuelle ont déjà trouvé des lieux pérennes pour installer leurs œuvres. La galerie Transfer à Brooklyn et le Digital Art museum à Berlin, entre autres. Mais « les artistes restent peu soutenus », explique Kelani Nichole, fondatrice de la galerie Transfer au magazine Fisheye. 

Le Palais de Tokyo va donc un cran plus loin en offrant à ce medium un lieu dédié et permanent. Comme la sculpture et l’art pictural, la réalité virtuelle aura désormais sa propre salle. La classe. Et surtout la preuve que la VR gagne ses lettres de noblesse dans le monde de l’art contemporain français.

Que peut-on voir au Palais Virtuel ?

La taille de la galerie du Palais Virtuel est pour le moment relativement modeste. On peut y voir trois œuvres, en place jusqu’au 12 mai. À l’automne 2019, le musée y présentera de nouveaux artistes.

La première œuvre présentée, « Gigamaku » du Parisien Antwan Horfee, nous plonge dans un monde psychédélique. Des formes oppressantes rouge sombre virent aux couleurs vives. Au sol, des trognons de pommes, des champignons étranges, des boulons vert fluo. On lève la tête : un rouage mécanique ou un gouvernail. On ne sait plus très bien. Les formes changent au fur et à mesure de l’expérience. Un paysage façon Alice au Pays des Merveilles qui aurait abusé des gâteaux "Mange-moi". L’artiste utilise la réalité virtuelle comme une porte d’entrée vers un nouveau monde. Pour construire son paysage féerique (ou cauchemardesque ? ), Antwon Aerf a d’abord conçu un décor en plâtre et pâte à modeler. Grâce à des scans successifs, il a reproduit cette maquette en images 3D.

Un briquet, une pièce et un pop-corn en suspension 

La salle adjacente accueille l’œuvre "7 alchimies" en réalité virtuelle de l’Argentin Julio Le Parc, l’un des précurseurs de l’art cinétique. Son œuvre, qui était également exposée au festival Laval Virtual fin mars, entoure le visiteur d’une nuée de points colorés en forme de spirale ou de tube. C'est un prolongement de ses peintures réalisées à partir de 14 teintes.

Dans une autre salle où sont installées différentes sculptures du Français Julien Creuzet, un casque de réalité virtuelle est posé sur un fauteuil tournant. Le visiteur est invité à enfiler un casque, à s’asseoir et à tourner. Ici on a l’impression de pénétrer dans un collage abstrait. Un briquet, une pièce de monnaie et un gros pop-corn sont en suspension. Au sol des épis de maïs, un personnage à la tête de pipe. Dans nos oreilles, une voix chante : « Maïs chaud Marlboro » (c’est aussi le nom de l’œuvre - référence aux vendeurs à la sauvette de Barbès). L’œuvre s’accorde parfaitement avec les sculptures (bien réelles, elles) qui sont installées autour. Quand il retire son casque, le visiteur se retrouve entouré d’installations aux matériaux hétéroclites. L’impression d’être plongé dans un monde virtuel persiste.

La mise en place coupe le visiteur de l'expérience 

Pour accéder à chacune de ces œuvres, il faut attendre son tour, enfiler un masque en tissu avant de mettre le casque de réalité virtuelle, puis l'ajuster à la bonne taille. Un processus pas si long mais qui a l'inconvénient d'isoler des autres visiteurs.

Dans le monde industriel, certaines technologies de réalité virtuelle permettent d’interagir à plusieurs autour d'un même objet, le design d’une voiture par exemple. On pourrait imaginer qu’il soit bientôt possible de proposer le même type d'expérience autours d'une œuvre d’art. De quoi redonner un aspect plus collectif à la visite de ce musée virtuel.

POUR ALLER PLUS LOIN :

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> Où en est-on de la création en réalité virtuelle en France ?

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Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
commentaires

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  1. Avatar Jocelyne dit :

    Quelle imagination !!
    Grandiose en effet l'Atelier des Lumières ! Magique même...

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