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«Gilets jaunes»: un samedi tendu à Toulouse, plus calme ailleurs

EN IMAGES - Place Beauvau recensait quelque 31.000 «gilets jaunes» dans toute la France, ce samedi à 14 heures. À Toulouse, «capitale» d’un jour, la tension est montée en début d’après-midi.

Le 22e samedi des manifestations des «gilets jaunes» faisait figure de test avant les annonces attendues d’Emmanuel Macron en réponse à ce mouvement parti en novembre. Pour cette journée, des manifestations ont à nouveau été organisées à travers le pays. Le ministère de l’Intérieur a recensé 31.000 manifestants en France, dont 5000 à Paris. «L’acte XXI» avait rassemblé 22.300 personnes dans les rues, selon le ministère de l’Intérieur, soit le plus faible chiffre officiel depuis novembre.

Très vite, c’est à Toulouse que la situation est apparue la plus tendue. La ville avait été désignée comme point de ralliement national par le mouvement. La manifestation, non déclarée, avait été interdite d’accès à la place du Capitole, dans le centre historique. Moins d’une heure après le début du cortège, les quelque 4.500 «gilets jaunes» présents, selon la police, se sont heurtés à des barrages policiers sur la grande avenue point de départ du rassemblement menant au centre historique. Les forces de l’ordre ont avancé pour réduire le périmètre, en lançant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Des manifestants restaient sur place dans un face-à-face tendu, émaillé de tirs de projectiles vers les forces de l’ordre, d’autres se dispersant. En début d’après-midi, une remorque de chantier et une camionnette ont été incendiées.

Des policiers à Toulouse samedi 13 avril. PASCAL PAVANI/AFP

Sans parcours défini, les manifestants ont pendant plusieurs heures après les premiers incidents circulé en ville, resserrant régulièrement leurs rangs pour être alors dispersés par la police, qui a notamment fait usage de canons à eau. Des affrontements sporadiques ont aussi opposé les forces de l’ordre à des petits groupes isolés de fauteurs de trouble. À 18 heures, le calme était globalement revenu mais avec encore des groupes de manifestants refusant de quitter la rue, et des échauffourées sporadiques. La préfecture de Haute-Garonne dénombrait dans la soirée 14 blessés «en urgence relative», dont «un représentant des forces de l’ordre», 11 manifestants et deux passants. Par ailleurs, 37 personnes ont été interpellées dans le centre, notamment pour des jets de projectiles, dégradation ou port d’arme.

Plusieurs véhicules ont été incendiés samedi à Toulouse. PASCAL PAVANI/AFP

Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a exhalé dans un tweet son «ras-le-bol de voir une toute petite minorité qui impose sa loi à la majorité des citoyens». Tradition politique contestataire, croissance économique et pression démographique éloignant les moins aisés du centre, fortes inégalités régionales: Toulouse est l’une des places fortes du mouvement des «gilets jaunes» depuis son lancement le 17 novembre. Un record national de mobilisation y avait été enregistré à la mi-janvier, avec 10.000 manifestants officiellement recensés par la préfecture.

PASCAL PAVANI/AFP

Manifestations dans le reste de la France

Dans le reste de la France les «gilets jaunes» tentaient à nouveau de remobiliser leurs troupes.

À Paris, la manifestation s’est déroulée sans incidents majeurs. Le cortège a rejoint, Place de la République, la marche pour «la liberté de manifester», organisée par plusieurs associations (dont LDH, Amnesty, Attac, Unef, SOS Racisme...), contre ce dispositif, partiellement censuré par le Conseil constitutionnel et dont une cinquantaine d’organisations ont demandé l’abrogation. L’avenue des Champs-Elysées ainsi qu’un périmètre incluant la présidence de la République et l’Assemblée nationale leur était interdit d’accès. À 18h30, la préfecture annonçait 27 interpellations et 9473 contrôles préventifs dans la capitale, où des heurts ont éclaté en fin d’après-midi entre manifestants et forces de l’ordre sur la Place de la République (11e arrondissement).

À Marseille, environ 600 personnes ont manifesté sans incident sur le Vieux Port mais une centaine se sont ensuite heurtées aux forces de l’ordre devant un centre commercial dans le quartier de la Joliette. Plus d’un millier de «gilets jaunes» ont manifesté aussi à Lille. Quelque 1300 manifestants, selon une source proche du dossier, ont défilé sansheurts à Bordeaux, où de très nombreux axes menant au centre-ville, interdits par arrêté préfectoral, avaient été bloqués par les forces de l’ordre. À Lyon, pour la première fois, un arrêté préfectoral interdit les rassemblements dans une partie du centre-ville. Quatre personnes ont été interpellées et 42 verbalisées samedi lors d’une manifestation interdite dans le centre-ville de Nancy.

Ces rassemblements interviennent en tour de chauffe d’une nouvelle «grande journée» promise par les «gilets jaunes» le 20 avril, après les annonces d’Emmanuel Macron.

«Gilets jaunes»: un samedi tendu à Toulouse, plus calme ailleurs

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1697 commentaires
  • Larry Cover

    le

    Entre temps ND de Paris a brûlé. Évidemment la politique est passée au second plan.....
    Vraiment ? Pas tant que ça, le discours d'hier soir et ses petits sous-entendus soigneusement distillés sont là pour nous rappeler qu'après sa sincère émotion à chaud de la veille, finalement, dès le lendemain, sa nature à vite repris le dessus....
    Ne vous inquiétez pas, il se remet vite....et il continue a s'écouter....

  • fredot

    le

    je donnerais bien mon avis, mais on n'a pas le droit de dire la vérité, c'est mal perçu par le censeur !!!!

  • Le Goulay

    le

    bruno222956" Les révolutionnaires sont souvent des frustrés d'un système pour devenir les nantis d'un autre système." Tout est dit dans cette phrase.... bravo !!!!

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