Le professeur Nabokov : épisode • 4/4 du podcast Vladimir Nabokov

Vladimir Nabokov marchant près d'une bibliothèque ©Getty - Photo by Carl Mydans/The LIFE Picture Collection/Getty Images
Vladimir Nabokov marchant près d'une bibliothèque ©Getty - Photo by Carl Mydans/The LIFE Picture Collection/Getty Images
Vladimir Nabokov marchant près d'une bibliothèque ©Getty - Photo by Carl Mydans/The LIFE Picture Collection/Getty Images
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Comme certains de ses personnages, Nabokov a été professeur : nous nous intéressons dans cette émission aux cours de littérature qu'il a donnés dans des universités tout au long de sa carrière.

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Ceux qui ont eu la chance d'être les élèves de Vladimir Nabokov ont pu l'entendre parler, avec virtuosité, de nombre d'écrivains : de Cervantès à Proust en passant par Flaubert et Joyce. C'est cet aspect de Nabokov que nous abordons dans la dernière émission de la semaine, avec Cécile Guilbert, romancière, essayiste, critique littéraire. Elle a écrit une préface pour la réédition des cours de Nabokov, sous le titre Littératures, dans la collection "Bouquins" chez Robert Laffont en 2010. 

Entre 1941 et 1958, alors qu'il vit aux Etats-Unis, Nabokov enseigne la littérature européenne dans plusieurs universités américaines - trait commun avec son personnage, Humbert Humbert, mais surtout avec Pnine, le héros de son roman, professeur distrait et fantasque. Nabokov ne souhaitait pas faire publier ses cours, mais sa femme Véra fit paraître une sélection après sa mort. Ces cours magistraux nous plongent dans des amphithéâtres d'universités américaines dans les années 1950, et nous montrent que Nabokov était avait une conception exclusive de la lecture, qui est pour lui une question de bon goût, par opposition au mauvais goût des "philistins". Il enseigne donc à ses élèves l'art de lire et interpréter les textes, pour eux-mêmes, détachés de toutes considérations biographiques, symboliques ou psychanalytiques. Plus que les idées, c'est le langage qui l'intéresse. 

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Nabokov est un professeur solipsiste, en miroir face à ses auteurs. - Cécile Guilbert

Qu'est-ce qui fait un bon roman, selon Nabokov ? D'abord, l'envie de le relire toute sa vie. Ensuite, le fait que tout bon roman soit un "conte de fées" grâce auquel le réel gagne en intensité - et non une simple peinture de la réalité. Ses leçons sont consacrées aux plus grands romans de la littérature européenne : Don Quichotte de Cervantès, Ulysse de Joyce, ou encore Madame Bovary de Flaubert. Ce dernier écrivait une centaine d'années avant Nabokov, et l'a inspiré dans sa propre entreprise d'écrivain. L'idée flaubertienne d' "un livre qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style", d'un livre dans lequel l'auteur serait "présent partout, mais visible nul part", se retrouve dans l'oeuvre de Nabokov. Nous pouvons d'ailleurs nous faire une idée de l'enseignant qu'il était, du lien qui l'unissait à ses élèves, en pensant à celui qui unit le narrateur au lecteur dans ses romans. 

A 15h30 : la chronique de Nathalie Froloff, professeure en classes préparatoires au lycée Louis le Grand à Paris, qui nous parle du roman Feu pâle de Nabokov. 

A 15h55 : Jacques Bonnaffé achève son parcours poétique autour du recueil Comme un bal de Fantômes d'Eric Poindron. 

A noter : la Société française Vladimir Nabokov organise le colloque international "Vladimir Nabokov : histoire et géographie", du 6 au 8 juin 2019.

MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)

MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)

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