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Pollution

Des particules de micro-plastiques trouvées jusque dans les glaciers alpins

Une équipe de chercheurs italiens a mis pour la première fois en évidence la présence de fines particules de plastiques dans la glace multimillénaire des montagnes des Alpes.

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Plus de 75 particules de plastique ont été détectées dans un seul kilo de sédiment.

© ROBERTO MOIOLA/ROBERT HARDING PREMIUM/AFP

Fin février 2019, on apprenait que des micro-plastiques avaient été trouvés dans les entrailles de mini-crustacés vivant à près de 11 km de profondeur dans la fosse des Mariannes, la plus profonde connue à ce jour. Cette fois, on découvre que ces petites particules de plastique sont arrivées jusque dans les glaciers alpins. En l’occurrence, dans le glacier Forni, le plus grand des Alpes italiennes. C’est la première fois que des traces de plastique sont découvertes dans un glacier de montagne, d’autres ayant déjà été localisées dans la banquise arctique.

"Les glaciers ne sont pas si immaculés que l’on pourrait le penser", regrette Roberto Sergio Azzoni, professeur au Département des sciences et des politiques de l'environnement de l’Université de Milan et responsable de l’étude présentée début avril à la Conférence de l’union européenne des géosciences, à Vienne, en Autriche. Après avoir extrait et analysé 4 kg de débris supraglaciaires (du sédiment, et non de la glace à proprement parlé), lui et son équipe y ont comptabilisé près de 300 particules de plastique d’environ 5 millimètres de longueur en moyenne. 65 % de ces particules s’apparentaient à des fibres de plastique, quand le reste prenait la forme de micro-fragments. Si cet échantillon est représentatif, cela signifierait que plus de 162 millions de particules sont venues se loger sur l’ensemble du glacier.

Des fibres venues directement des vêtements de haute-montagne

Mais comment sont-elles arrivées jusque-là, lorsque l’on sait que la formation des glaciers alpins remonte au minimum à plusieurs dizaines de milliers d’années ? "Leur provenance est locale (…). Les fibres que nous avons trouvé en plus grand nombre sont des fibres de polyester et de polyamide", détaille Sergio Azzoni. Autrement dit, ces particules proviendraient directement des équipements portés par les visiteurs venus se frotter au glacier au cours des dernières décennies. Il faut dire que celui-ci est l’un des plus fréquentés du pays, autant par les alpinistes que par les randonneurs. Il n’est pas non plus exclu que le vent ait transporté une partie de ces microfibres en altitude directement depuis les villes alentour.

C’est pourquoi l’équipe de chercheurs a dû prendre ses précautions, au risque de contaminer avec ses vêtements ses propres échantillons : "Éviter de polluer la zone de recherche a été notre plus grand challenge. Nous avons dû remplacer les équipements techniques par des vêtements de coton et des chaussures en bois, ce qui n’était pas franchement confortable dans une zone glaciaire", explique le scientifique.

Du plastique figé pour très longtemps

Si la présence de micro-plastiques ne représente pas une menace imminente pour la santé de la population locale – l’eau de la fonte du glacier n’étant utilisée que pour produire de l’électricité –, elle en est évidemment une pour l’environnement. "Les glaciers sont considérés comme des endroits idéaux pour les persistances à long terme. Ils risquent de devenir des zones d’accumulation de micro-plastiques, et d’être relâchés plus tard ailleurs dans la nature", alerte Sergio Azzoni.

À ce jour, ce dernier et ses collègues admettent qu’aucune solution immédiate n’existe pour stopper la contamination. Tout au plus, une sensibilisation du public sur les conséquences de leur escapade en altitude. De là à inciter les touristes à porter des sabots de bois ? Probablement pas.

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