L'inflation s'envole en Argentine : le prix de l'austérité ?

L'nflation atteint une moyenne de 55% sur un an en Argentine ©AFP - Juan MABROMATA
L'nflation atteint une moyenne de 55% sur un an en Argentine ©AFP - Juan MABROMATA
L'nflation atteint une moyenne de 55% sur un an en Argentine ©AFP - Juan MABROMATA
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Le président argentin Mauricio Macri annule une tournée en Europe pour se consacrer à la crise de l'inflation qui menace sa réélection. En Ukraine, à 4 jours du second tour de la présidentielle, l'humoriste Volodymyr Zelensky semble promis à une écrasante victoire... sans avoir mené campagne.

L'inflation s'envole en Argentine, et ça oblige le président Mauricio Macri à modifier son agenda. 

"Mauricio Macri renonce à sa tournée européenne", c'est l'information qui domine ce matin la presse argentine : le président devait passer cinq jours la semaine prochaine entre Bruxelles, Paris et Zurich, mais il explique à La Nacion qu'il veut "rester auprès de son pays" en ces temps délicats.  

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Il faut dire, avec cette enquête du tabloïd Perfil dans les rayons des supermarchés de Buénos Aires, que l'inflation n'avait pas atteint de tels hausses en Argentine depuis le début des années 2000 : en un an le prix de la farine a augmenté de 164%,  les produits laitiers coûtent 70% plus cher, et plus globalement, cette inflation généralisée atteint une moyenne de +55% par rapport à mars 2018. 

Les produits alimentaires sont les plus touchés, ça dit bien le poids de cette hausse des prix sur la population au quotidien ; ça dit aussi, selon Igniacio Ortelli du quotidien Clarin, l'importance politique de cette crise, et ça Mauricio Macri l'a bien compris : à six mois d'une élection présidentielle où il remettra son mandat en jeu, l'inflation galopante est devenu son pire ennemi, la sanction cinglante et ressentie par tous de son bilan économique. 

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Macri, président libéral élu il y a un peu plus de 3 ans, est donc lancé, toujours selon Clarin, dans une "dramatique course contre la montre"... et contre la calculatrice. Ce mercredi matin, il doit annoncer un paquet de mesures pour tenter d'inverser l'inflation et de relancer la consommation des ménages : des prix encadrés à la baisse, sur des dizaines de produits de première nécessité ; une atténuation des hausses massives qui étaient prévues surs les tarifs de l'eau, de l'électricité et du gaz ; enfin, des contrôles renforcés sur la grande distribution. Rien de bien original, donc, mais un arsenal anti-inflation qui devrait donner des résultats à court terme.

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Mais pour le magazine américain  de gauche Jacobin, il en faudra bien plus pour faire oublier le bilan économique du premier mandat de Mauricio Macri. L'homme d'affaires devenu président (c'est l'universitaire Luciana Zorzoli qui l'écrit), récolte les fruits gâtés de sa politique d'austérité imposée par le FMI, dont l'Argentine est redevenue le vassal depuis 2015. 

Sous Macri, ce sont "les secteurs de l'économie argentine tournés vers l'étranger qui se sont taillée la part du lion : la finance, l'agro-business, l'énergie et les mines" : c'est bon pour le PIB, mais ça s'est fait au détriment de l'immense majorité de la population.  L'inflation galopante ne serait donc qu'un rappel de ce que coûtent les politiques austéritaires à cette même population. C'est surtout un cruel rappel historique pour l'Argentine qui a déjà plusieurs fois subi les cures du FMI, et a mis des décennies à s'en relever.

En Ukraine le second tour de la présidentielle se tiendra dimanche et il n'y a plus beaucoup de suspense sur son issue.

Souvenez-vous : au sortir du premier tour il y a un peu plus de deux semaines, le président sortant Petro Porochenko était en ballotage très défavorable, face au comédien totalement novice en politique, Volodymyr Zelensky. Eh bien selon les derniers sondages publiés par l'hebdo Korrespondent, mieux vaut toujours être novice et insignifiant que sortant et donc critiquable sur son bilan : Zelensky est donné vainqueur dimanche avec plus de 70% des voix !

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Autant dire que Porochenko a désormais bien peu de chance d'inverser la tendance, et qu'il le sait, même son entourage affirme à Ukrainskaya Pravda qu'il "ne croit pas à la sociologie politique" et compte toujours sur le débat officiel de vendredi soir pour reconquérir les voix une à une.  

Sur ce fameux débat, qui occupe tous les esprits de l'entre-deux tours, parce que Zelensky voudrait qu'il se déroule dans le stade olympique de Kiev devant des dizaines de milliers d'Ukrainiens, je vous épargne les dernières péripéties, mais bien malin qui peut affirmer avec certitude aujourd'hui que le fameux débat prévu par la loi électorale ukraibnienne aura bien lieu dans deux jours. 

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Et difficile de ne pas y voir un stratégie d'évitement permanent de la part de l'humoriste-candidat : en fait, Volodymyr Zelensky s'apprête à remporter haut la main cette présidentielle... sans avoir fait campagne. C'est ce que constate le Financial Times : le candidat n'a fait aucun meeting, seulement des concerts-spectacles gratuits ; il a réussi, depuis le premier tour, à esquiver toute confrontation en direct à la télé avec Petro Porochenko. On ne sait pas ce qu'il pense, ou alors ce n'est pas lui qui le dit mais ses conseillers, souvent avec des positions qui se contredisent parfois  d'un jour sur l'autre.

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Et Même quand il est interviewé, de manière franchement bienveillante (et même pas en direct) sur la chaîne 1+1 qui appartient à son discret mécène l'oligarque Igor Kolomoysky,  même là il est impossible de ne pas voir les "lacunes politiques" (c'est l'euphémisme utilisé par le Financial Times) de celui qui va, sauf énorme surprise, devenir le prochain président de l'Ukraine. 

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Hier, pas moins de 20 médias ukrainiens ont fait paraître une lettre, reprise par Al Jazeera, où ils demandent justement à pouvoir interviewer Zelensky, à avoir accès... au favori de la présidentielle... pour savoir enfin ce qu'il compte faire, concrètement, face aux problèmes urgents du pays en guerre. 

Mais finalement... tout ça a l'air d'importer assez peu aux électeurs ukrainiens... et ça désole Roman Romaniuk dans Ukrainskaya Pravda :  tout ce qui semble guider le vote pro-Zelensky, c'est la détestation absolue de la classe politique, de l'oligarchie, de la corruption ... et du président sortant qui incarne les trois à lui tout seul.  Mais une fois que Porochenko aura cédé le poste, prédit Roman Romaniuk, c'est sur Zelensy et sur lui seul... que retombera cette même haine populaire. Car les études d'opinion qui le donnent large vainqueur... montrent aussi que ses électeurs en attendent plus de lui qu'il ne pourra leur donner : baisse des factures de gaz et d'électricité, suppression de l'immunité parlementaire, éradication de la corruption, et reprise des négociations avec la Russie.  Autant de décisions... qui  ne relèvent pas des seules compétences du président: la désillusion s'annonce cruelle... et il paraît que ça donne déjà des cauchemars... à l'équipe de Volodymyr Zelensky.

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