(Paris) La sélection des films en compétition au Festival de Cannes, annoncée jeudi, est la plus féminine de l’histoire, à égalité avec celle de 2011, mais avec quatre femmes sur 21 réalisateurs, elles restent très minoritaires.

« Le cinéma ouvre de plus en plus grand ses portes aux réalisatrices », s’est réjoui Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.

Pour le moment, la sélection officielle – qui comprend d’autres sections que la compétition et à laquelle de nouveaux films pourraient se rajouter avant l’ouverture – compte au total 13 réalisatrices sur 51. Sept sont présentes dans la section Un certain regard et 2 en séances spéciales. L’année dernière, elles étaient 11 sur 62.

Voici un tour d’horizon de la présence féminine dans l’histoire de la sélection officielle.

Palmarès

Sur les 272 cinéastes ayant vu leur film récompensé par une des plus hautes distinctions du festival (Palme d’or, Grand prix et Prix du jury ces dernières années), 12 étaient des femmes, soit 4,4 %, selon un décompte de l’AFP.

Seule une femme a décroché la Palme d’or : Jane Campion pour La leçon de piano (1993).

La dernière lauréate du Grand Prix est l’Italienne Alice Rohrwacher, en 2014 pour Les merveilles. La Libanaise Nadine Labaki a remporté le Prix du jury l’année dernière pour Capharnaüm.

L’Iranienne Samira Makhmalbaf est la seule à avoir obtenu deux Prix du jury, en 2000 (Le tableau noir) et 2003 (À cinq heures de l’après-midi).

Du côté du prix de la mise en scène et du prix du scénario, cinq femmes ont été récompensées sur 113 lauréats, soit 4,4 %. Trois de ces récompenses ont été remportées ces deux dernières années.

Nominations

Si les femmes sont aussi peu représentées au palmarès, c’est déjà parce qu’elles sont peu nombreuses dans la sélection officielle.

Parmi les 1812 cinéastes qui ont vu leur film sélectionné depuis 1946, on retrouve 89 réalisatrices, soit 4,9 %.

Des sélections relativement récentes, comme 2012 ou 2010, ne comptaient aucun film réalisé par des femmes.

Sur les cinq dernières sélections, la proportion monte à 14,6 %, soit en moyenne une femme sur sept réalisateurs.

Mais il n’y a jamais eu plus de quatre femmes en lice pour la Palme d’or.

Le festival souligne régulièrement que la sélection officielle ne fait que refléter la faible représentation des femmes dans le milieu de la réalisation cinématographique. Même en France, où la part des réalisatrices est plus élevée qu’ailleurs en Europe, seuls 24,7 % des films d’initiatives françaises ont été réalisés ou co-réalisés par des femmes, selon le centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

Jury

La parité est davantage respectée au sein du jury.

De 1946 à 2018, sur 747 membres du jury, 172 étaient des femmes, soit près d’une personne sur quatre. Mais une quasi parité est respectée depuis 2013, avec, à chaque fois, quatre ou cinq femmes, sur neuf membres.

Trois fois, les femmes ont été plus nombreuses que les hommes (2009, 2014 et 2018) et, deux fois, elles ont été absentes des débats (1947 et 1954).

Sur les 71 jurys qui se sont succédé, 12 ont été présidés par une femme, le dernier en 2018 par l’actrice australienne Cate Blanchett. La première présidente du jury était l’actrice américaine Olivia de Havilland, en 1965.

Cette année, le réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu présidera le jury, dont on ne connaît pas encore la composition.

Sources: Site officiel du Festival de Cannes, décompte de l’AFP