Un cabinet d’architectes dijonnais imagine une toiture vitrée pour faire renaître Notre-Dame

Dans le projet, un plancher de verre installé à la croisée du transept s’ouvrirait sur l’église en contrebas.

Dans le projet, un plancher de verre installé à la croisée du transept s’ouvrirait sur l’église en contrebas. GODART + ROUSSEL ARCHITECTES

L’équipe d’architectes a conçu une version plus contemporaine de la cathédrale après l’incendie, et envisage de la présenter au concours lancé par le Premier ministre.

Après l’incendie qui a ravagé le toit de Notre-Dame de Paris lundi 15 avril, une question agite l’opinion publique : la cathédrale doit-elle être reconstruite à l’identique ? Un atelier d’architecture a partagé jeudi sa vision moderne du futur édifice, surmonté d’une toiture vitrée.

La fumée est redescendue au-dessus de Notre-Dame, les pompiers s’affairent pour sécuriser le bâtiment, et déjà il faut penser à reconstruire. Mardi 16 avril, marqué par les images de ces huit cents ans d’histoire emportés par les flammes, Godart + Roussel Architectes, un atelier d’architectes dijonnais, a imaginé ce à quoi pourrait ressembler la nouvelle Notre-Dame. Jeudi 18 avril, ils ont partagé le résultat de leur travail sur leur page Facebook.

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Sur leurs images, se dresse une cathédrale surmontée d’une toiture faite de panneaux vitrés et de tuiles de cuivre. À la croisée du transept, en lieu et place de l’ancienne flèche, le plancher, vitré lui aussi, s’ouvre sur l’intérieur de l’église en contrebas.

Les esquisses sont accompagnées d’un texte plaidant pour une reconstruction moderne du toit et de la flèche de la cathédrale. Selon les architectes, reconstruire à l’identique n’est pas la solution : « Quel autre plaisir y retrouverions-nous à part celui de nous conforter dans la certitude que tout est éternel ? écrivent-ils. Il nous semble que cette démarche serait réconfortante mais catastrophique d’un point de vue intellectuel. »

Interrogé par « l’Obs », Pierre Roussel, architecte DPLG associé, raconte que cette idée, imaginée en un après-midi, pourra être peaufinée afin d’être présentée au concours national d’architecture annoncé mercredi par le Premier ministre Edouard Philippe. « On se réjouit que cet évènement malheureux puisse mener à la constitution d’un nouveau patrimoine », assure Pierre Roussel.

La reconstruction à l’identique serait un « anachronisme architectural »

L’architecte et son équipe ne conçoivent pas que Notre-Dame puisse être reconstruite à l’identique : « En dehors du délai, ce qui nous tracasse c’est qu’un tel projet mettrait en œuvre des procédés très spécialisés pour lesquels il n’existe pas beaucoup de Compagnons habilités. Ce serait un anachronisme architectural total. On ne va pas, au XXIe siècle, reconstruire une charpente avec des centaines de vieux chênes. Reproduire à l’identique serait comme un pastiche au-dessus de Notre-Dame. »

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Les architectes ne comptent cependant pas faire table rase de l’Histoire. La forme de cette toiture reprendrait le gabarit de l’ancienne, comme « la trace d’un fantôme ». A l’intérieur de cette toiture, accessible au public et qui offrirait un large panorama sur Paris, ils imaginent la présence d’un musée : « S’il reste des bouts de charpente ou des pierres noircies, ce serait bien de les garder, afin de raconter l’histoire de cet incendie, et celui de la cathédrale. »

Sur sa publication Facebook, l’atelier le reconnaît : ce projet « ne se fera probablement jamais ». Ses membres souhaitent cependant que leur vision interroge sur comment nous voulons « faire le deuil de Notre-Dame ». Ils concluent :

« Laissons-nous une chance de lui rendre hommage en inscrivant sa reconstruction dans notre époque afin qu’on sache qu’elle fut un jour battue par les flammes, mais qu’elle ne sombra pas. »

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Nul doute que leur idée fera réagir. Flèche en verre, charpente en métal, comme eux, de nombreux architectes et penseurs ont déjà donné leur avis sur le caractère de la reconstruction. Déjà, les idées affluent, au grand dam des conservateurs.

Quel que soit le projet choisi, son financement est déjà presque assuré. Depuis mardi, près de 900 millions d’euros de promesses de dons ont été réunis pour reconstruire Notre-Dame.

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