« Aux urgences, on crève la bouche ouverte »

Trois urgentistes de Paris tirent la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail et se mettent en grève illimitée.

Trois urgentistes de Paris tirent la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail et se mettent en grève illimitée. JULIEN BOUISSET

Témoignage  VIDEO. Inès, Nicolas et Candice sont aide-soignants dans des services d’urgences de l’AP-HP. En grève depuis lundi, ils alertent sur leurs conditions de travail.

« Le système de santé est toujours mis en avant, pourtant, sur le terrain, on crève la bouche ouverte ». Ces mots sont ceux de Candice, aide-soignante aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine, dans le 12e arrondissement de Paris. Dans l’arrondissement voisin, à l’hôpital Tenon, même constat : «  Certains collègues se cachent pour pleurer, d’autres partent en burn-out » lance, dépité, Nicolas. Ces témoignages, à retrouver en intégralité dans la vidéo ci-dessous, sont ceux de salariés de l’hôpital public français.

Face au manque de moyens et d’effectif, l’afflux de malades est devenu trop important. Le temps d’attente des patients s’allongent. Les tensions entre soignants et soignés s’intensifient.

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La fronde s’organise

En mars dernier, après une série d’agressions contre ses urgentistes, le personnel de l’hôpital Saint-Antoine a commencé un mouvement de grève. Ils ont été rejoints cette semaine par d’autres hôpitaux. Huit syndicats de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont déposé un préavis de grève entre le 18 et le 20 avril. Trois jours plus tard, un collectif de paramédicaux était créé pour fédérer des actions communes. Avant que douze services d’urgence de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ne fassent front commun, en grève illimitée. Parmi eux : Lariboisière, Pitié Salpêtrière, Cochin ou encore Robert Debré.

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Alors, certes, les urgences continuent de fonctionner. Le personnel étant obligé d’assurer une continuité dans leur service. Mais sur leur blouse blanche trône désormais un brassard « en grève ». Prochaine étape ? La propagation de ce mouvement social à l’ensemble des services d’urgence de France.

Pour tenter d’endiguer ce vent de révolte, la ministre de la Santé Agnès Buzyn l’a assuré mardi dernier : « Aucune fermeture d’hôpital » jusqu’à la fin du quinquennat ne sera organisée. Mais ce personnel de l’ombre malmené depuis des années n’y croit plus. Parce que ces propos ont été maintes fois tenus. Et n’ont pas empêché des fermetures de services hospitaliers, en particulier de maternités. Pour Inès, infirmière gréviste aux urgences de l’hôpital Lariboisière, il faut plus « de moyens et plus de personnel » :

« En amont, il nous faut plus de médecins généralistes, plus de maisons médicales, de centres de soins afin d’accueillir les patients plus rapidement et désengorger les urgences. En aval, il nous faut plus de lits. Il faut arrêter les fermetures car on va craquer. Il faut aussi plus de matériels et prévoir une revalorisation de la spécificité du travail dans ce service. »

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J.B.

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