La Deutsche Bank, le Financial Times, STA Travel... plusieurs entreprises ont décidé de boycotter les hôtels du sultan de Brunei depuis la mise en place d'une nouvelle loi permettant de lapider et de fouetter à mort les homosexuels et les personnes adultères. Une réponse à l'appel au boycott de George Clooney soutenus par d'autres célébrités pour faire pression, économiquement, sur ce petit État pétrolier. 

C’est un boycott qui prend de l’ampleur. Le 28 mars, dans une tribune reprise sur le site Deadline George Clooney tirait la sonnette d’alarme. "À partir du 3 avril, la nation de Brunei commencera à lapider et à fouetter à mort tous ses citoyens qui se sont révélés homosexuels", écrivait-il en appelant au boycott des hôtels de luxe liés au Sultan de Brunei, Hassanal Bolkiah.
"Soyons clairs, chaque fois que nous réservons, organisons des réunions ou dînons dans l’un de ces neuf hôtels, nous versons l’argent directement dans les poches des hommes qui choisissent de marteler et de tuer à mort leurs propres citoyens parce qu’ils sont gays ou accusés d’adultère", ajoutait  l’acteur.
Une question de responsabilité d’entreprise
Si la vague de boycott a d’abord été soutenue par des célébrités comme Elton John ou l’animatrice Ellen DeGeneres, la deuxième s’est étendue aux entreprises. La Deutsche Bank a ainsi interdit à son personnel de séjourner dans les neufs hôtels de luxe de la Dorchester Collection, appartenant à l’Agence de placement Brunei (BIA). Parmi ces hôtels on compte notamment Le Meurice et l’Hôtel Plaza Athenee à Paris. "Les nouvelles lois introduites par le Brunei enfreignent les droits humains les plus élémentaires et nous avons le devoir, en tant qu’entreprise, de nous opposer aux violations des droits humains", a déclaré Stuart Lewis, membre du directoire de la banque dans un communiqué de presse.
Le journal britannique The Financial Times a annoncé qu’il annulerait un évènement prévu à l’hôtel Dorchester et qu’il n’enverrait plus aucun de ses employés dans ces hôtels. La STA Travel opérateur spécialiste du voyage étudiant a cessé de vendre des vols via la compagnie aérienne appartenant au gouvernement du Burnei. "Nous sommes fiers de notre culture ouverte et diversifiée et nous attendons de nos partenaires qu’ils fassent de même", a déclaré l’opérateur dans un communiqué, "nous avons adopté cette position pour ajouter notre voix aux appels lancés pour que le Brunei modifie la loi et soutienne les personnes LGBTQI du monde entier".
Le boycott, une arme économique
Face au tollé provoqué, le pays a réagi par la voix de son ministère des Affaires étrangères en expliquant que le nouveau Code pénal était davantage basé "sur la prévention que sur la punition". Son but serait de "dissuader, réhabiliter et éduquer". L’organisation des Nations Unies a qualifié de "cruelles et inhumaines" les nouvelles sanctions prévues dans la loi. 
Le boycott pour des raisons politiques est une arme de plus en plus utilisée à la fois par les investisseurs et les consommateurs. Le mouvement Boycott Désinvestissement Sanction (BDS) a ainsi appelé au boycott des produits israéliens pour protester contre la colonisation des territoires occupés. Récemment l’association IBoycott a lancé l’application Buy Or Not, qui propose aux consommateurs de connaître les pratiques éthiques de la marque et de lancer une campagne de boycott s’ils le souhaitent. Et l’association a déjà fait plier plusieurs grands noms. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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