Masih Alinejad dénoue ses cheveux, et ses bouclettes tombent en cascade sur ses épaules. Cela paraît invraisemblable, mais ce n’est pas la beauté de la chevelure de Masih qui présente de l’intérêt, c’est sa portée politique. Masih est une militante iranienne qui a passé sa vie à se battre pour les droits des femmes dans son pays avec une seule revendication : l’abolition de la loi qui oblige les femmes à porter un voile, ou hidjab, par-dessus leurs cheveux quand elles sont en public.

Depuis son adolescence Masih est une épine dans le pied des ayatollahs qui dirigent l’Iran. Elle s’est plainte, elle a protesté, elle a prononcé des harangues et défié de manière virulente tous ceux qui approuvent le port obligatoire du hidjab. À 19 ans, elle a été arrêtée pour activité antigouvernementale par la police religieuse, détenue sans jugement puis traduite devant un juge qui lui a annoncé qu’il détenait suffisamment de preuves contre elle pour la faire exécuter. Le magistrat a fini par la libérer, mais on ne peut s’empêcher de penser que s’il avait jeté un coup d’œil dans sa boule de cristal, il n’aurait peut-être pas été aussi clément.

Enfance dans un petit village miséreux au nord de l’Iran

Car Masih est un cauchemar vivant pour les autorités iraniennes. Dans son livre The Wind in my Hair (“Le vent dans mes cheveux”, non traduit), elle explique que dans son pays on apprend aux fillettes à “baisser la tête, à être les plus humbles et discrètes possible” ; or Masih est tout le contraire. Si elle avait grandi au sein d’une famille iranienne éduquée appartenant à l’élite, son cas serait déjà exceptionnel, mais qu’elle ait grandi dans le petit village miséreux de Ghomikola, dans le nord de l’Iran, fait d’elle un authentique phénomène. Son père était vendeur ambulant, sa mère – qui ne sait ni lire ni écrire – a élevé six enfants dans la maison d’une seule pièce dans laquelle la famille vivait, mangeait et dormait.

Dans son livre, Masih raconte comment elle devait sortir la nuit et affronter l’obscurité pour se rendre aux toilettes, qui n’étaient guère plus qu’un trou dans le sol au fond de la cour. Ces sorties nocturnes devinrent la pierre angulaire de son éducation. “J’ai compris que la situation des droits humains en Iran ressemblait à la cour de la maison où j’ai passé mon enfance : l’obscurité y règne, et les femmes doivent ouvrir leurs yeux aussi grands qu’elles le peuvent, car c’est la seule façon de dis